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Critique de Gamayun


Je pensais me contenter d'approuver une des nombreuses critiques qui ne devaient pas manquer d'exister sur un livre de ce célèbre écrivain. A mon grand étonnement, il n'y en a qu'une. J'y ajoute dès lors la mienne, même si je rejoins largement BazaR.

Seule la grande musique prend aux tripes la baronne von Meck. Peu affectueuse, pas sensuelle pour un sou (ce qui ne l'a pas empêchée de pondre 11 enfants) et de surcroit déjà quinquagénaire quand elle le découvre, la richissime veuve n'a aucun mal a rester dans les clous et à se contenter de communier de loin et par l'esprit avec son idole, de 20 ans son cadet. Elle peine à imaginer qu'il en aille autrement pour son protégé et refuse longtemps de prêter l'oreille aux rumeurs qui veulent que le musicien s'intéresse de trop près aux jeunes gens de son sexe.
Son mécénat ayant trop bien porté ses fruits, elle se trouve tiraillée entre le plaisir d'avoir participé à l'avènement de son poulain et le déplaisir d'avoir à partager le grand homme avec d'autres admirateurs.
Tchaïkovski n'était-il mû que par le besoin d'argent ou cette correspondance lui importa-t-elle également ? Il accepta sans broncher les deniers de sa généreuse donatrice, allant parfois jusqu'à en quémander plus, mais il s'épanchait aussi largement dans ses courriers dont la fréquence porte à croire qu'il lui était également agréable d'échanger de hautes considérations et des analyses musicales avec elle. Chaque lecteur se fera sa propre idée.

Troyat est meilleur en littérature qu'en calcul : la baronne a 60 ans et non 50 quand elle se félicite face à son miroir d'éviter de rencontrer son protégé, et c'est au bout de 13 ans et non 30 qu'elle arrête de lui verser une pension. A moins qu'il ne triche avec les chiffres pour mieux servir sa prose, de la même façon qu'il impose quelques zig-zags à la ligne du temps.

J'ai beaucoup aimé cette lecture qui dévoile la vie des nantis de l'ex-empire russe à la fin du XIXème siècle. Ces pauvres oisifs ne savaient que faire pour dépenser leur argent. Quand ils en avaient assez de faire le tour de leurs diverses propriétés, ils traversaient l'Europe en wagon privé pour aller se distraire dans les capitales à la mode ou fuir les rigueurs de l'hiver. Les oligarques d'aujourd'hui ont de qui tenir ! Si la haute société tremblait d'indignation face aux tentatives d'assassinats dont le tsar Alexandre II faisait l'objet, lui qu'il avait pourtant aboli le servage, elle ne s'inquiétait encore que peu pour elle-même, semble-t-il. A tort…
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