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Critique de scarlett12



Lu et relu avec chaque fois le même émerveillement.

Jacques Sorbier est rédacteur en chef dans un journal pour garçonnets "Le Rataplan". C'est un être plutôt médiocre et qui s'en satisfait.
Un jour, il reçoit un faire-part du décès d'un ancien condisciple lycéen : Georges Galard qui était lui, au contraire de Jacques, un être doué d'une magnifique intelligence. Parti présenter ses condoléances à sa veuve, Suzanne, Jacques ne tarde pas à en tomber amoureux et réciproquement : Ils se marient 2 ans après la mort de Georges.

Assez rapidement, Suzanne confie à Jacques un manuscrit écrit par Georges et lui suggère de le publier sous son nom Jacques Sorbier.
Assez faible de caractère, Jacques accepte et envoie le livre à un éditeur parisien. Les choses s'enchaînent alors assez vite, non seulement l'éditeur publie son livre, lequel se retrouve vite un best-seller avant de gagner, en prime, le prix Maupassant.

Des photos de Jacques et son manuscrit se retrouvent partout. le succès monte vite à la tête des deux époux, elle comme épouse d'écrivain célèbre dépense un argent fou en toilettes et lui se rengorge comme un paon devant les marques de respect des journalistes et du monde littéraire.

Mais où Suzanne n'éprouve nul remords, Jacques lui en est envahi, d'autant plus qu'une jeune femme se présente à son domicile et lui demande pourquoi il a raconté l'histoire de sa vie. Ebaudi, Jacques prend la tangente et Nicole ne lui cherche pas d'ennuis.

L'éditeur, qui a compris qu'il avait mis la main sur une pépite, attend avec impatience le second roman de Jacques Sorbier. Celui-ci se met à la tâche sans conviction et à juste titre puisque son roman est déclaré impubliable.

Rongé par l'humiliation, la honte, la peur, la rage, Jacques, qui est à la fois parcouru de remords quant à son plagiat et le désir insatiable de continuer à paraître et à être reconnu de tous, sombre peu à peu dans la dépression et sent vaciller sa raison. Il invoque alors le mort afin qu'il écrive sous sa dictée, allant jusqu'à se recueillir sur la tombe de Georges, à revêtir ses vêtements, il prie le mort de l'investir de son talent mais à ce petit jeu, tel est pris qui croyait prendre car Jacques se sent de plus en plus se flétrir et disparaître car progressivement "le mort saisit le vif". Son couple bat sérieusement de l'aile car Suzanne le méprise de n'être qu'un plagiaire alors que c'est elle qui l'y avait instigué. Ils en viennent à se haïr, ce qui n'est pas fait pour arranger le moral de Jacques.

Ce livre est un joyau car comme très souvent, Henri Troyat sonde la psychologie de son personnage principal comme un véritable lecteur de l'âme humaine. Il sait faire apparaître chez la même personne différentes facettes de personnalité et nous rendre attachants des personnages qui au début n'étaient pas sympathiques. Il y a récurrence d'hommes veules chez Henri Troyat mais aussi d'hésitations, de doutes qui font qu'en fait on a affaire à des êtres humains plus vrais que nature. de plus, son écriture est remarquable.

Je ne saurais trop vous le recommander : lisez ce livre, lisez du Troyat, c'est un des meilleurs auteurs de la littérature française.
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