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Critique de afriqueah


La couverture, j'ai quand même collé un coeur rose sur la tête de mort. C'est d'ailleurs le conseil que donne Aidan Truhen, pseudonyme d'un écrivain anglais connu : « le mieux, c'est de le glisser dans un autre livre, avec des fleurs sur la couverture. Comme ça, quand vous rirez personne ne se fera une piètre opinion de l'état de votre âme. »

Nous sommes aimablement prévenus, ce n'est pas un polar pour grand mères, pour mamies en colère qui vous en font baver si un chien est estropié, elles qui n'ont littéralement rien d'autre à foutre.

Moralement répréhensible, et très drôle par l'emploi d'un vocabulaire à la Giordano pour parler de crimes et de drogue. Un certain ton ingénu constate par exemple que « en cette époque éclairée, nous n'avons pas tout à fait réglé la question du racisme dans le monde et les policiers blancs aiment encore souvent avoir l'occasion de faire chier les personnes noires ou basanées. »

Répréhensible, et apparemment innocent : il n'est plus question de bien et de mal, le héros, Jack Price, bon, anti héros si vous préférez, enfin le narrateur est un dealer de cocaïne à haut niveau. Une autre association vient contrarier ses plans, il tue ou veut tuer toute la bande. En réalité, l'histoire importe peu, ce qui est drôle ce sont les commentaires, style je cherche un accord entre nos deux intérêts, car il en va de mon évolution de carrière, bing, je tue.

Avant de tirer il se fait tirer dessus par des professionnels qui se sont introduits « par erreur »chez lui. Bien sûr il désapprouve et essaie de faire partager sa désapprobation générale. Car, lui, il a beau être un dealeur de cocaïne, ce n'est pas son tao les manières précipitées, voire grossières des tueurs. Pas du tout, car il préfère la négociation, en homme raisonnable il se satisfait de la justice réparatrice …mais pas toujours facile. le déplorable dans l'affaire, c'est le manque de communication. « C'est comme si ils ne voyaient pas que j'ai un point de vue légitime et que celui-ci doit être pris en compte dans nos discussions pour que nous puissions passer outre ce mauvais moment et avancer ensemble dans une harmonie nouvelle ».
Il est réglo, le Jack, il donne le choix à son adversaire, pour qu'il n'y ait pas de désaccords éphémères mais regrettables. Mais, bing.

Il deale et a ses propres moyens, basés sur le non intérêt que tout le monde a sur le monde qui l'entoure. Si tu paies, le portier ne demande pas ce qu'il y a dans le lourd carton, et le pourboire signifie vas te faire foutre. Qu'est ce qu'il y a dans le carton ? Rien à branler.
Basé aussi sur le cryptage des données, le brouillage de ses téléphones, le secret de ses investissements ( pas de cash, pas de bitcoin, pas de kugerrand non plus. Pas d'argent, en fait)

Tout à fait non-recommandable, immoral, se moquant de choses aussi nobles que l'honneur, l'amitié, le mouvement hippie, le développement personnel, vraiment iconoclaste, et à la fois, par la manière de raconter, complètement candide et apparemment dans son bon droit, celui de continuer à vivre parmi d'autres hyènes que lui, et d'essayer grâce à son extrême intelligence de non seulement gagner, mais de les exterminer(gentiment, hein, la violence, c'est pas son truc, il l'a déjà dit) Jack nous balade dans une histoire sans grande finalité, sauf ses commentaires.

Un autre dealer a été condamné pour, en plus, avoir couché avec une groupie qui n'a en fait que dix sept ans. « Je suis choqué, dit Jack, je vous le dis choqué de découvrir que des gamines de dix sept ans se tapent des musiciens de rock. Nous devons mettre un terme à cette folie ou notre société disparaitra dans un feu nucléaire car comme nous le savons c'est à ça que mène inévitablement l'orgasme féminin adolescent.»

Et puis, il y a les riches, quand on dit riches, oh, ceux qui s'ennuient, quel pays vais je acheter se demandent-ils ? et qui se heurtent à des complotistes écolos antiaméricains , qui ont le culot de s'opposer à ce qu'une de leurs compagnies d'énergie fossile brûle quelques villages perdus au fond du Venezuela.

Le monde, selon Jack, ce sont les lanceurs d'alerte qui se cachent des sociétés, les sociétés qui se cachent des impôts, les politiciens qui se cachent de la presse et les journalistes qui se cachent des dictateurs et des flics, pas les bouffeurs de donuts à la papa, ceux qui comptent passer aux infos le soir.
Bref, ce n'est vraiment pas un polar pour votre grand-mère mais pour moi qui suis grand-mère, oui, grande lecture.
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