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Critique de Psocus


Voici un livre passionnant, étrange et déroutant. Un livre dont le héros est un champignon, ce n'est pas banal. de plus un héros plutôt ambigu. D'un côté il aide les arbres à pousser sur des sols plutôt hostiles, recréant un milieu de vie là où tout semblait irrémédiablement compromis. D'un autre il accompagne la surexploitation en ne prospérant que dans les forêts ravagées par la surexploitation, ou profondément dégradées par une activité humaine plus traditionnelle, mais elle aussi facteur de perte de biodiversité. Donc, certainement pas un bon élève pour les conservateurs de la Nature, ce champignon.
Autre étrangeté, s'il touche à l'écologie des interactions ce livre est écrit par une anthropologue, le deuxième personnage est donc l'humain, sous-espèce Homo oeconomicus. Encore un personnage ambigu puisque par sa cupidité illimitée il détruit les forêts à l'échelle planétaire, les réduisant à des paysages désolés, cependant que grâce à son activité d'agro-paysannerie il favorise la pousse de notre héros (super-champignon) qui lui n'aime pas les terres trop riches. L'autrice ne cache d'ailleurs par son empathie pour les différentes catégories d'humains qui regardent pousser, cueillent, vendent, achètent le champignon. Des créatures s'efforçant de vivre ou survivre, tantôt coopérant, tantôt purs prédateurs, comme le font tous les autres êtres vivants avec qui elles partagent des coins de planètes. Un plaidoyer pour un retour à la coopération avec la nature. de très belles pages d'écologie sensitive !
Deux personnages ce n'est pas beaucoup pour un livre qui touche à autant de grandes questions : la globalisation, l'épuisement des ressources naturelles, la marchandisation du monde, la captation des ressources par le capitalisme, les politiques de protection de l'environnement, la gestion des forêts, l'organisation des circuits économiques, les migrations humaines, etc. Toutes ces intrigues sont donc tissées autour d'une symbiose très particulière : un champignon, qui serait un peu comme une truffe, rebelle à la culture intensive, à haute valeur gastronomique et culturelle, qui aide certes les pins et les humains à gagner leur vie mais notre héros-champignon semble un peu seul face aux enjeux. On ne sait pas trop si l'humain va être sauvé ou si le champignon basculera dans le camp de la marchandisation… Alors, on termine la lecture avec plus de questions qu'avant d'avoir ouvert le livre, mais n'est-ce pas l'une des caractéristiques d'un très bon livre ?
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