La Revanche

- L'Église doit s'exprimer sur cet attentat. Le fait que quelqu'un s'autorise de la parole de Dieu pour tuer fait d'elle un acteur de l'affaire.
- Quand l'Église a-t-elle jamais endossé la responsabilité de quoi que ce soit? grogna Linda. On tue depuis toujours des millions de gens au nom de Dieu, d'Allah et de je ne sais qui d'autre.

Diviser pour mieux régner acquiesça Niemi. Quand on amène les gens à s’entredéchirer à propos de leurs avantages et de leurs valeurs, les groupes extrémistes radicaux ont plus de facilité à s’imposer, car ils semblent défendre leurs opinions avec force et courage. Plus la crise économique est profonde, plus ils engrangent de soutien. Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, les groupuscules national-socialistes dirigés par Pekka Siitoin ne suscitaient que des moqueries, mais à partir des années 2000, l’extrême droite est devenue fréquentable. L’adhésion aux partis populistes de droite a augmenté partout en Europe.

"Le crucifix va être envoyé à Oulu pour être restauré, expliqua-t-il.
-Il est ancien?
-Même pas. Il est en plastique, mais le soleil a décoloré le visage de Jésus et il a besoin d'être remaquillé pour avoir l'air aussi souffrant qu'à son départ d'une usine de Taïwan."

Le temps l'avait rattrapé et dépassé. Il était coincé dans un espace exigu où il lui était impossible de bouger. Il ne voyait devant lui qu'une voie étroite au bout de laquelle l'attendait la vieillesse. Sa vie ne ferait que rétrécir, jusqu'à ce qu'il s'aperçoive qu'il tournait en rond en un petit cercle qui ne menait nulle part.

En amples touches, il applique du fond de teint sur son visage, le poudre et souligne ses yeux de khôl. Il porte une robe rouge moulante. Son large dos est nu, ses omoplates osseuses pointent sous ses bretelles spaghettis.
Il vérifie une dernière fois sa tenue dans le miroir. Sa robe lui descend aux chevilles, mais sa longue fente dévoile un long pan de peau claire. Il sourit à son reflet, s'envoie un baiser volant et ferme derrière lui la porte de son appartement. Il sent les regards réprobateurs, derrière les oeilletons des voisins, mais n'en a cure. Pour aujourd'hui.
Il marche le dos droit, d'un pas léger. Les talons de ses escarpins claquent sur les marches.
Dehors, l'air est pur et tiède. Le vent lui caresse les cheveux, les rejette en arrière et dans ses yeux. Un taxi descend la rue. Son sac à main sur l'épaule, il traverse le parking. La porte du taxi s'ouvre et un homme en chemise blanche et en costume trois-pièces gris en sort, sourit, l'embrasse sur la joue et l'aide à s'installer sur la banquette arrière. Le taxi se glisse dans le flot de la circulation et, au bout de la rue, tourne vers les publicités lumineuses du centre-ville.

Le temps l'avait rattrapé et dépassé. Il était coincé dans un espace exigu où il lui était impossible de bouger. Il ne voyait devant lui qu'une voie étroite au bout de laquelle l'attendait la vieillesse. Sa vie ne ferait que rétrécir, jusqu'à ce qu'il s'aperçoive qu'il tournait en rond en un petit cercle qui ne le menait nulle part. (P. 167)

Les démocraties défendant les valeurs sociales et solidaires traditionnelles étaient de plus en plus jugées trop faibles parce qu'elles n'avaient pas réussi à contrer la récession. Des termes tels que droits- de- l'hommiste et écolo- gaucho étaient devenus des injures au même titre que raciste ou fasciste. ( p 93 )

Si deux personnes s’aiment, pourquoi la société devrait-elle les séparer…

Il avait l’impression que le temps s’était mis à galoper au moment de la naissance de Sara, et filait maintenant si vite qu’il envoyait tout valser sur son passage. Dans moins de dix ans, il en aurait cinquante. Sa jeunesse était loin derrière lui. Quand il tentait de se projeter dans l’avenir, il n’y trouvait rien d’intéressant, et soudain il se rendit compte qu’il avait cessé de rêver. L’idée le frappa. Avant, il avait toujours eu des projets : apprendre un métier, trouver un emploi fixe, fonder une famille, construire une maison, obtenir de l’avancement. Et là, plus rien.

Les clients évacués de la discothèque avaient été rassemblés de l’autre côté de la rue, où des urgentistes et trois patrouilles de police soignaient leurs blessures et notaient leurs coordonnées. La nuit avait fraîchi et beaucoup étaient trop légèrement vêtus. On avait trouvé quelque part un tas de couvertures que l’on distribuait à ceux qui en avaient le plus besoin. Oksman repéra dans le groupe au moins deux hommes habillés en femme. Il nota aussi que les policiers leur lançaient des regards torves.