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Critique de coffret


Le dictionnaire autobiographique permet d'aborder des thèmes variés en suivant son envie, en restant porté par l'élan que déclenche un mot, une lettre, sans s'encombrer l'esprit d'un fil conducteur à maintenir ou de transitions à travailler. Je dirais que l'exercice révèle, dès la lecture des titres des chapitres, ce qui est cher à l'auteur.


La vie d'une personne publique s'accompagne généralement de tout un tintamarre fait de séduction, de promotion et d'apparat, mais aussi de retenue car ce que perçoit le public dépend de ce que voudront bien montrer journalistes, critiques et paparazzis. L'image qu'on se forge d'une personne publique est toujours un peu travestie par l'intention de celui qui nous la propose.


Dans un livre, la personne publique est un peu plus libre d'écrire ce qu'elle est, je pense, et alors ressort la personne, celle qui d'ordinaire est masquée, floutée ou pas aussi bien retraduite qu'elle le voudrait. Elle peut alors tenter de rectifier une image qu'elle juge trop grossière, trop simpliste, pas assez juste.


Car une fois le livre dans les mains, l'intermédiaire médiatique s'efface et la séduction, si elle a lieu, ne se base plus que sur les mots, sur les cordes qu'ils feront vibrer chez le lecteur, et sur l'imagination de ce dernier.


« Avec ma réputation de bonne vivante, j'ai parfois l'impression que les metteurs en scène me voient comme une grande fille toute simple, une aristo joyeuse et un peu rebelle, qui voit la vie en rose. ». Charlotte de Turckheim résume bien, ici, la représentation que j'avais d'elle en ouvrant le dictionnaire de ma vie.


Je n'ai pas été surprise de découvrir une femme débordante d'énergie et de créativité, curieuse de tout et en profondeur, qui ne s'arrête jamais à un problème mais cherche toujours la solution, car « impossible » ne fait pas partie de son vocabulaire tant que le domaine est de ceux sur lesquels on peut agir.


Bûcheuse et optimiste, mais aussi lucide. Détentrice d'une part de sombre, comme chacun de nous, elle fait le choix, car elle porte cette possibilité en elle, de la recouvrir d'humour, car « transformer un sujet angoissant en matière à faire rire est une étape salvatrice ».


Entrée dans le livre avec l'idée qu'une personne optimiste arrive toujours avec un sac d' « il suffit de », je craignais de trouver un peu trop des clichés qui m'avaient fait tiquer dans le par ailleurs très joyeux et très frais Mince alors !


J'ai fait la connaissance d'une femme riche et simple, profondément généreuse, profondément curieuse. Pas une femme qui change de sujet quand celui en cours ne lui convient pas ou la dérange, mais une femme qui, au contraire, vient s'asseoir à côté de l'autre pour l'accompagner dans sa réflexion, pour être avec lui.


Chaque paragraphe témoigne de son aptitude au merveilleux, et sa générosité est bien visible dans la profusion de mots.


Un peu réticente lorsque l'idée du dictionnaire lui a été soumise, doutant de l'intérêt que le résultat présenterait pour les lecteurs, Charlotte de Turckheim se donne pourtant à fond et avec gourmandise une fois que la décision est prise. Un peu comme un hôte apporterait sur la table une quantité débordante de plats qu'il aurait passé des heures à concocter avec amour pour un unique convive. La générosité qui permet à la personne en face de se détendre et de ne pas se sentir étriquée.


J'ai été touchée par sa façon d'avouer une de ses profondes faiblesses, ce qui lui fait du mal et sur quoi elle ne peut s'étendre. Plus que l'aveu, c'est l'affect qui s'en dégageait qui m'a touchée. Je suis toujours rassurée lorsque l'autre laisse entrapercevoir ses failles intimes, ça me rassure sur son statut d'être humain farci de paradoxes, d'erreurs, et de zones complexes. Je sais alors qu'il est réceptif à l'autre, puisqu'il l'est à lui-même.


Ma préférence a naturellement été vers les chapitres où le « je » est très présent et le public très absent. Beaucoup de chapitres ont abordé des sujets très personnels qui n'étaient pas liés à la vie d'artiste mais à la vie intime, intérieure.


Mon premier coup de coeur a été le chapitre Bricolage, qui m'a révélé . Je ne savais pas ça, ça m'a réjouie. le chapitre qui vient juste après : Drogue, car j'y ai découvert , je n'imaginais pas non plus. Puis tellement Gourmande, Inquiétudes, et beaucoup d'autres. Dans ces chapitres en particulier j'ai vraiment eu le sentiment d'accéder à ces toutes petites choses qui font qu'on est soi et pas quelqu'un d'autre. Les petites singularités qu'on ne choisit pas, car elles nous sont données à la naissance.


Je ressens beaucoup de tendresse pour la femme volubile qui dévoile ici, généreusement, qui elle est lorsqu'elle quitte les projecteurs, une femme qui ne cache pas ses failles même si c'est juste pour dire « je n'assume pas ce sujet ». Il faut du courage pour ces déclarations.


C'est avec joie que j'ai retrouvé le dictionnaire de ma vie pendant plusieurs jours, et je me suis même surprise à y penser alors que je conduisais faire mes courses, j'y voyais une personne amie qui m'attendait chez moi à mon retour. Tous les livres ne me font pas cet effet, loin de là.


Je garde le sentiment d'avoir lu un bijou personnel, une mise à nue simple dans laquelle j'ai aisément reconnu le parler de l'auteur. Parfois même j'entendais sa voix prononcer les phrases que je lisais, je voyais son sourire, sa bonne humeur et son enthousiasme.

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