AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 5Arabella


Un des premiers romans de Sigrid Undset, datant de 1914, il précède juste Kristin Lavransdatter, le plus célèbre et sans doute le plus abouti des livres de l'auteur.

Deux personnages principaux sont au centre du récit : Torkild et Rose. Ils se connaissent depuis l'enfance, leurs mères étaient amies. Mais les deux femmes avaient des personnalités bien différentes : Mme Christiansen, la mère de Torkild, était une femme fragile et instable, se réfugiant dans l'alcool et la morphine, incapable de tenir un intérieur après que son mari l'ait quittée. Mme Wegner, toujours posée et élégante, même après la gêne financière consécutive à la mort de son mari, a toujours été à même d'offrir à sa fille un cadre agréable, grâce à son travail et ses efforts. Torkild prenait donc bien plus de plaisir à aller chez elle qu'à vivre chez lui.

Imperceptiblement, la fascination pour la mère s'est transformé en amour pour Rose. Mais Rose, même si elle apprécie Torkild, ne l'aime pas vraiment, elle pense le connaître trop, il est sans surprise, sans mystère et enchantement. Il finiront pourtant par se marier, sans que cela résolve forcément leurs liens complexes et passionnels.

Sigrid Undset réussit les portraits de ses deux principaux personnages, qui sont fouillés et convaincants, tout en dressant tout une galerie de personnages secondaires qui complètent en quelque sorte le tableau, avec des positions et choix de vie différents, et souvent marqués. C'est peut-être d'ailleurs là qu'il y a quelque chose d'artificiel : j'ai eu un peu le sentiment qu'ils n'étaient là que pour faire ressortir les deux personnages principaux, par les contrastes qu'ils proposent avec leurs choix de vie, et que sortis de là, ils n'étaient pas si consistants, même si certains passages sont réussis et forts.

Par ailleurs, Sigrid Undset dresse le portrait d'une société, avec ses contradictions et ses rigidités. C'est particulièrement frappant pour les femmes, même si ce n'est pas forcément explicite : Rose s'ennuie dans son intérieur, elle a des capacités, un besoin d'action, mais une femme ne peut prétendre à un véritable travail gratifiant, elle peut juste occuper quelques tâches subalternes et mal payées, il ne lui reste donc qu'à cuisiner, et s'occuper des fleurs. le portrait de l'amie de Rose qui voudrait écrire, est drôle et pathétique à la fois ; c'est pourtant écrit par une femme écrivain qui va connaître la plus éclatante des réussite dans les lettres, avec le Nobel en 1928.

J'ai trouvé la première moitié du roman vraiment très prenante, avec la description de l'enfance, des liens familiaux, de la construction des deux jeunes gens, de l'amour que Torkild porte à Rose. Mais à partir d'un moment, j'ai trouvé que cela s'enlise un peu, je n'ai pas été convaincue par les difficultés qui s'installent dans leur couple, cela m'a paru un peu artificiel, et le dénouement un brin trop sentimental. Mais c'est incontestable un bon livre, merveilleusement écrit et très agréable à lire.
Commenter  J’apprécie          182



Ont apprécié cette critique (16)voir plus




{* *}