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Citations sur Les silences d'Isis (125)

Isis se souvenait encore d’un Noël triste où, grippée, elle ne pouvait même pas avaler sa salive. Elle tremblait, et la maison n’était pas chauffée… Son mari détestait Noël, il ne voulait jamais qu’elle installât de sapin. Le 24 au soir il prenait toujours des somnifères. Tous les ans, leurs voisins faisaient une grosse fête. Sur leur terrasse, il y avait des bougies allumées, les verres s’entrechoquaient, tout le monde riait. Et Isis les regardait, seule. Ils étaient tellement nombreux et bruyants, qu’on aurait pu croire que c’était un bistrot. Ça sentait le saumon fumé, les oranges. Les bouteilles vides se multipliaient. Leur musique ressemblait à des clous qu’on enfonce dans un mur. La fumée de leurs cigarettes envahissait tout. Leur chien, un berger allemand, grondait au milieu de ses gamelles en fer, et, depuis la terrasse, saluait les invités dès qu’il les voyait arriver. Isis entendait leur sonnerie comme s’ils sonnaient à sa porte…
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Le soir venu, ils allèrent au restaurant. Ce lieu était propice à tant de rêveries : les chaises rondes en velours bleu, les petites tables, les lustres de cristal... Ils prirent des huîtres au citron, avec des petits pains encore chauds, du beurre et du vin blanc de Sancerre. Il y avait là de la magie ! Quand Isis mangeait une huître, elle absorbait tout l'univers marin. Elle ressentait la quintessence de tous ses plaisirs : les baignades, la navigation, le bon air, le sel, le vent, les randonnées, les baisers...
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Isis se souvint d’un soir où Marc avait mis le morceau Clair de lune de Debussy. Ils étaient dans cette chambre, éclairés uniquement par le réverbère de la rue. C’était un réverbère énorme, juste en face de leur fenêtre. Isis croyait que c’était la lune, jusqu’à ce qu’elle remarquât qu’il y en avait deux… La musique était si enivrante, ils étaient assis par terre, dans les bras l’un de l’autre.
À présent, elle était envahie d’un sentiment de joie et elle voulut lui téléphoner, sans aucun prétexte, juste pour lui dire qu’elle l’aimait très fort. Mais à l’autre bout du fil, Marc avait une voix inquiète, comme s’il avait peur qu’elle lui annonçât une mauvaise nouvelle. Elle lui dit seulement :
- Nous sommes invités à l’anniversaire de Tatiana, ce samedi.
Elle était seule avec son bonheur débordant, qu’elle ne pouvait pas épancher.
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- Avec toi, déclara Isis, ma pensée s’épanouit, elle est heureuse, délirante… Elle ne connaît pas de frontières. Avec tous les autres, je me refroidis, je m’endors, j’ai la migraine, ou je suis comme un lion en cage.
Maximilien ouvrit grand les yeux en entendant cela : elle ne se rendait pas compte de ce qu’elle disait ?! Mais il savait que les propos d’Isis ne valaient qu’à l’instant même. C’était une sorte d’impressionnisme des sentiments. Un mur blanc paraît bleu dans une certaine lumière, et à une certaine heure du soir : tout est question de mobilité et de subjectivité…
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" L'écriture me fascine parce qu'elle permet de sortir de la grisaille de notre existence. "

(page 31)
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L’arôme d’un livre, disait Heidi, c’est comme la floraison du printemps. Tant qu’on le lit on le respire. Et même après, il reste en mémoire.
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- Il nous reste pas mal de lieux à visiter, si tu souhaites faire le tour de France par les sentiers côtiers, nota Marc. Attention, ça serpente, la longueur doit être énorme !
Mais d’après Isis, c’était faisable… sur une période de vingt ans.
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Isis ressentait un vide en elle, une insatisfaction, et elle ne savait pas comment y faire face. Sa vie lui semblait une salle d’attente au milieu d’un emballement général.
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[La mère et la fille] s’arrêtèrent pour regarder un cours de danse en plein air. Les couples se mouvaient au ralenti, on aurait dit des vieillards au visage jeune. Cependant, ils prenaient du plaisir à leur activité, sans se préoccuper des badauds moqueurs. Ils étaient dans leur monde à eux, libres et inaccessibles. Odile aurait aimé participer mais elle n’osait pas, bien qu’elle se débrouillât aisément. Toute la différence était là : les uns ne savaient pas mais dansaient volontiers, les autres les observaient dans un mélange de sentiments contradictoires.
L’attention d’Isis se porta sur des jumelles, habillées et chaussées de la même façon, avec la même coiffure et le même sac, sur la même épaule. Elles avaient l’air d’arriver des années 1900… Leur robe à fleurs rouge et orange, sur un fond beige clair, était légère et fluide. Elles avaient les cheveux roux, un long nez et une peau de cire. Elles dansaient, un cavalier avec sa cavalière… Intérieurement, Isis fit un triste parallèle entre ces jumelles et elle-même avec sa mère !
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Ce n’était pas pratique de courir main dans la main ! Dans un état d’exultation, elle lança d’une voix entrecoupée :
- Tu sais, la première fois que j’ai mis ma main dans la tienne, elle m’a parue tellement grande, chaude et rassurante…
Marc lui répondit juste par un baiser, parce qu’elle lui avait déjà dit cela. Pour lui, l’amour était comme une réaction chimique, tout était simple et immuable : on n’avait pas trente-six choix.
- Tu te souviens, la première semaine où on était ensemble ? reprit-elle quelques pas plus loin. On courait rue de Rivoli, comme maintenant… On courait beaucoup. Oui, j’ai le souvenir qu’on survolait les rues comme des chevaux ailés !
Marc répondit par une pression sur sa main et par un regard qui valait des millions.
Au retour, ils marchèrent tranquillement.
- Avant, prononça-t-elle avec mélancolie, tu m’embrassais tout le temps.
- Avant ! Avant quoi ?
Isis laissa une minute s’écouler.
- Quand tu vois les femmes, tu les regardes comment ?
- J’ai autre chose à penser, coupa-t-il.
- Moi, je fais quoi quand je parle à un homme ? Dois-je faire des appréciations dans ma tête ?… ou dois-je plutôt me mettre des œillères comme à un cheval ?
Marc fronça les sourcils. Mais Isis était insatisfaite.
- T’es obsédée !
- Avant, tu disais que c’était bien que je sois obsédée…, répliqua Isis en faisant la lippe. Pourquoi est-ce que je me méfie quand un homme commence à me parler dans la rue ?
- Justement, c’est parce que tu imagines tout de suite des choses qui n’ont pas lieu d’être ! Moi, personne ne m’aborde.
- Et moi, à chaque fois, dès que je suis dehors. De toute façon, je veux être belle pour moi-même, belle ou plutôt raffinée. Je ne cherche pas à être sexy. Je ne cherche pas non plus à me cacher… C’est un peu comme une geisha ; elle doit être une œuvre d’art en mouvement… Alors ?
- Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Je suis en train de penser à un truc et tu me parles, tu me parles, tu me parles…, répondit Marc, agacé.
Elle s’éloigna de quelques pas et se mit à sauter ou tourner sur place, dansant, avant de reprendre sa marche, le regard vide, muselant ses pensées. Elle sanglotait intérieurement : je me promène mieux quand je suis toute seule…
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