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Critique de lafilledepassage


On retrouve le jeune Jacques Vingtras, alter ego littéraire de Jules Vallès, le bac en poche, dans les rues de Paris où il tente de faire sa place, et surtout de ne pas mourir de faim tout en restant fidèle à ses convictions et à ses valeurs.

Ce départ pour Paris, c'est d'abord une fuite loin de parents toxiques, mal-aimants et maltraitants. (rencontrés dans le premier tome de cette trilogie). Mais c'est aussi l'occasion de retrouver d'autres jeunes hommes, prêts à en découdre pour défendre la république et la démocratie, en ces temps perturbés de décembre 1851.

Mais avant toute chose, il faut manger et se loger, c'est-à-dire survivre dans ce Paris sombre pour les fils d'anonymes qui n'ont pas les relations pour leur ouvrir les portes. Alors Jacques Vingtras sera tour à tour rédacteur d'annonces publicitaires (payé en « nature ») ou de définitions de dictionnaire (où il n'hésitera pas à inventer des citations douteuses, prétendument datées du Moyen âge), torcheur de fesses de mioches pleurnichards et reniflards (lui, fils unique de dix-neuf ans et sans connaissance aucune dans le domaine). Autant d'expérience décrites avec beaucoup d'humour …

Mais le pompon, ce sera quand ce grand gaillard maladroit à la grande barbe bien noire devient journaliste pour le journal des demoiselles, ce qui le met assez dans l'embarras : « Quel sujet vais-je prendre ? Mes études ne peuvent m'aider ! Il n'y a pas de demoiselle dans les livres de l'Antiquité. Les vierges portent des offrandes et chantent dans les choeurs, ou bien sont assassinées et déshonorées pour la liberté de leurs pays. J'ai cherché mon sujet pendant bien longtemps.»

Ce livre a fait énormément débat, entre autres par sa dédicace :

« À ceux qui nourris de grec et de latin sont morts de faim je dédie ce livre. »

Jules Vallés pose ici la question de l'objectif de l'éducation, question qui fait débat encore aujourd'hui en Belgique (et probablement en France aussi) : faut-il adopter un enseignement fonctionnaliste, et apprendre aux jeunes à utiliser tel ou tel outil ou logiciel, telle ou telle méthode, de manière à ce qu'ils soient directement employables et, par là, rentables par le patron ? Faut-il faire de nos jeunes des exécutants, qu'on remplacera – par la nouvelle génération - à la nouvelle version du logiciel qu'ils connaissent ou lorsqu'une nouvelle technologie se développera et se propagera dans tout le tissu économique ?

Ou faut-il, par l'éducation, apprendre à nos jeunes à apprendre, à réfléchir, à s'adapter au monde et à son évolution ? Faut-il en faire les innovateurs de demain? Faut-il en faire des citoyens responsables et acteurs de leur vie ? Faut-il les éduquer à l'esprit critique - au risque qu'ils remettent en cause le système - et à la difficile liberté?
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