Shoah française, les responsables impunis

C'est une France enfin lucide qui brutalise ses intellectuels parce qu'ils ont commis le péché absolu contre l'esprit en pactisant avec l'ennemi tout en devenant complices des massacres des innocents, enfants, femmes et hommes juifs, au nom d'un racisme qui n'est que le dévoiement insupportable de la pensée humaine.

[...] Maurice Lagrange est l'un de ceux à avoir le plus œuvré à la rédaction de la législation antisémite en France. En 1945, sa carrière ne subit aucune altération. [...] Il travaille avec Jean Monnet à la préparation de la rédaction du traité instituant la CECA ( Communauté européenne du charbon et de l'acier) en 1951. Il devient ensuite, en 1952, avocat général de la Cour de justice des Communautés européennes.

Vouloir refuser la complexité des situations serait faire œuvre d'analyse superficielle.

C'est donc le 3 octobre 1940 qu'est adoptée la première loi raciale de l'histoire de France.

[...] le projet de Vichy est double : exclure tous les juifs de la vie économique et politique et chasser les juifs étrangers de France.

Sur les deux zones, libre et occupée, entre 46 500 et 49 500 procédures d'aryanisation, c'est-à-dire de spoliation, sont engagées à l'encontre des entreprises industrielles et commerciales juives. [...] un millier de fonctionnaires juifs sont révoqués en métropole, 2 000 professionnels libéraux exclus [...] environ 80 000 comptes bancaires et 6 000 coffres-forts appartenant à des juifs se trouvent bloqués, 100 000 objets d'arts et des millions de livres juifs sont pillés, 38 000 appartements juifs vidés et revendus.

L'Allemagne ne fut pas à l'origine de la législation antijuive de Vichy. Cette législation fut, si 'lon peut dire, spontanée, autochtone.

Ce sont environ 800 juifs, ceux-là mêmes que le Reich spolie et dont il pille les beaux logements, qui se trouvent employés à trier meubles, objets d'arts, vêtements, souvent les leurs, pour expédition vers le Reich.

En réalité, la préfecture a ordonné des rafles de juifs dès juillet 1942, Maurice Papon manifestant un zèle particulier en faisant arrêter des enfants et des juifs étrangers aux nationalités protégées.

Les enfants, demeurés seuls, sont gardés par des gendarmes mobiles armés. Lors de la séparation d'avec leurs parents, des scènes ignobles se déroulent : les enfants sont frappés à coups de crosse.
Des 13 152 juifs raflés les 16 et 17 juillet 1942, seule une centaine de survivants - aucun enfant - reviendront des camps en 1945.