AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JIEMDE


JIEMDE
29 décembre 2021
« Cette terre n'était pas faite pour que l'on y vive ».

En une phrase, David Vann résume son obsession littéraire, guidée par le mal-être permanent de ses congénères et l'idéalisation d'un ailleurs introuvable. Un thème récurrent, omniprésent dans Impurs, un de derniers Vann qu'il me restait à lire. Et qui une fois refermé, me conforte dans l'idée que chez Vann, c'est l'oeuvre globale -work in progress- qui fait sens.

D'aucuns pointeront (ils se reconnaîtront…) tel ou tel de ses livres, plus faible qu'un autre. Et ils auront raison. Enfin partiellement. D'ailleurs Impurs -traduit par Laura Derajinsky- peut y figurer, souffrant de quelques longueurs et répétitions dans sa deuxième partie. À ceux-là je n'aurais qu'un conseil : lisez l'ensemble et vous constaterez combien les dix livres se répondent et se complètent.

Et de ce point de vue, Impurs apporte sa pierre à l'édifice, confrontant Galen, jeune homme d'une vingtaine d'année à sa gynécée familiale : mère castratrice, grand-mère alzheimer, tante aigrie et cousine aguicheuse et perverse. Dans ce monde sans hommes, sans père et sans repères, Galen tente en vain de créer le sien, par une méditation jamais aboutie. Sa frustration est à son comble, prête à exploser.

Un week-end qui se voulait apaisant va servir de déclencheur à l'expression d'une violence jusque-là rentrée chez tous les protagonistes : provocations verbales et sexuelles, appât du gain, vieilles rancoeurs révélées, frustrations éclatant au grand jour… tout est réuni pour que l'apparente cellule familiale vole en éclats.

Galen découvre alors la triste réalité de tous ces proches qui essayent en vain d'être une famille, de reporter sur l'absence des hommes leurs propres turpitudes, de se lamenter et se retourner là où il faudrait tellement avancer. Une famille qui enferme là où Galen n'aspire qu'à se libérer, lui qui détient la vérité.

Dans Impurs, Vann décrit à nouveau un personnage qui « tente de ralentir le mouvement du monde pour en percevoir la netteté », devenant punisseur pour trouver libération et rédemption dans une deuxième partie furieusement noire. Un personnage décidé à ne « plus jouer un rôle dans la société humaine » pour se « joindre au temps géologique », cherchant dans la nature et la terre une improbable fusion. Puisque définitivement, « cette terre n'était pas faite pour que l'on y vive ».

Une lecture forte et sombre, bloc complémentaire et indispensable de l'étude inachevée de la cellule familiale entreprise par Vann.
Commenter  J’apprécie          280



Ont apprécié cette critique (27)voir plus




{* *}