AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Fortuna


Une vieille bâtisse isolée dans le désert californien par un été caniculaire plante le décors.
Galen, un jeune homme de 22 ans, oisif, adepte du courant spirituel New Age, essaye désespérément de maitriser ses pulsions sexuelles grâce à des théories spirituelles plus que fumeuses.
Il est coincé là dans une famille de femmes : sa grand-mère qui perd la tête et qu'on a reléguée dans une maison de retraite mais qui a l'argent, sa tante Helen rongée de jalousie et de convoitise, sa cousine Jennifer sexy mais d'un cynisme absolu et sa mère Susie Q…Sa mère qui veut le garder pour elle, comme elle garde la fortune de sa mère, et le traite à la fois comme un enfant et comme un compagnon de substitution. Jusqu'au jour où elle est obligée d'admettre qu'il est devenu un homme et qu'il risque de lui échapper…Et là tout va basculer.
L'horreur naît des relations humaines, familiales plus précisément, qui charrient les secrets, les rancoeurs et les haines de génération en génération, et empoisonnent tous les rapports humains. L'argent est l'instrument du pouvoir : celle qui le détient s'octroie le droit de vie ou de mort sur les autres, ou du moins droit de construire son avenir ou de rester là à végéter dans cet enfer californien. Les relations mère-fils sont très bien analysées : le roman permet d'aller jusqu'au bout de la logique d'un lien amour-haine assez fréquent malheureusement. Une mère abusive, castratrice, déçue par les hommes, qui reporte sur son fils une domination dévastatrice. le fils est pris entre la soumission à celle qui lui a donné la vie et la révolte que la folie de cette dernière va raviver.
La violence est exacerbée par l'isolement dans lequel vivent les personnages et les conditions climatiques arides, deux caractéristiques que l'on retrouve dans les autres romans de David Vann.
C'est sans issue : les deux acteurs sont prisonniers de leurs rôles, c'est une véritable tragédie, à la résonnance universelle.
Un voyage au coeur de la folie humaine, plus proche de nous que nous voulons bien l'admettre. Noir, puissant et impitoyable.
Jusqu'au bout on retient son souffle, et la fin est là, cruelle, sordide et inévitable.
Un grand roman qui poursuit sa route bien après que la dernière page soit tournée.
Commenter  J’apprécie          403



Ont apprécié cette critique (37)voir plus




{* *}