AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de dvall


Une adaptation moderne de l'histoire de Médée, puisant ses racines dans la tragédie grecque d'Euripide et l'épopée des Argonautiques d'Apollonios de Rhodes. Médée, prêtresse d'Hécate et magicienne redoutée, permet à Jason et ses Argonautes de dérober la Toison d'or à son père Éétès, roi de Colchide. le roman débute alors qu'ils fuient à bord de l'Argo et que Médée, pour ralentir son père et son armée, assassine son propre frère pris en otage et jette morceau par morceau son corps démembré à la mer. Puissante entrée en matière qui annonce le ton et la rage meurtrière de ce roman.

S'ensuivent comme dans le mythe, une succession de fuites et de morts, à travers les mers et les royaumes. le récit se focalise sur Médée, sur sa fureur et son ambition dévorante, son amour pour Jason combiné à une rare misandrie. Elle veut défaire les rois, être roi elle-même à la manière d'Hatchepsout, femme pharaon qui porta la barbe. Et cette ambition la conduira à dépasser bien des tabous, à commettre les pires horreurs pour tenter de parvenir à ses fins et rester fidèle à ses choix. Si le personnage de Médée est particulièrement fort et bien travaillé, il écrase aussi tous les autres, à commencer par Jason et les Argonautes vus comme des « esclaves-avortons ». Cette focale extrêmement subjective est évidemment un parti-pris de l'auteur, mais elle dénature un peu le mythe.

Le style d'écriture se rapproche énormément du précédent « Goat Mountain », avec ces phrases acérées jetées en pâture sans aucun verbe ni fioriture. Si ce style incisif m'avait séduit initialement, j'ai trouvé ici que l'effet d'accumulation nuisait au récit, confinant par moments à l'exercice de style. Enfin, la construction narrative paraît déséquilibrée, avec une première partie assez lente et presque sans aucun dialogue qui occupe les deux-tiers du roman, suivie d'une seconde partie bien plus dynamique avec des ressorts dramatiques plus nets et davantage d'interactions entre les personnages.

« L'Obscure clarté de l'air » reste un roman très original, dans son traitement narratif comme dans sa langue, et qui, malgré quelques défauts formels et des choix discutables, manipule habilement tous les engrenages de la tragédie grecque.
Commenter  J’apprécie          202



Ont apprécié cette critique (19)voir plus




{* *}