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Critique de JIEMDE


Jim Vann ne peut plus. Il est au bout de sa désespérance.

Il a essayé pourtant : « Ce que Jim voudrait, c'est trouver une utilité à son désespoir. Pourquoi son état merdique actuel ne pourrait-il pas s'avérer idéal pour autre chose ? ». À l'image du flétan envoyé sur la lune, poisson-astronaute idéal – « Qui aurait pensé qu'un flétan ferait le meilleur des astronautes ? » - le père de David Vann tente désespérément de se sauver, de rebondir, de s'envoler magnifiquement dans la vie.

Mais ça ne fonctionne pas. Et Jim ne peux plus faire semblant, plus se taire, plus se complaire, plus continuer à souffrir, plus enchaîner les journées les unes après les autres sans y trouver aucun sens… Jim ne peut plus vivre.

Alors Jim quitte son repaire doré mais solitaire en Alaska pour un dernier voyage d'adieu aux siens et au monde, un Rugger .44 Magnum et ses munitions toujours à portée de mains.

Les siens, ce sont David et Cheryl, ses enfants qu'il a eus avec Lorraine ; c'est Doug, son frère cadet qui tente de le chaperonner ; ce sont ses parents, apparament si résignés, qui intériorisent chacun de leur sentiment. Et c'est Lorraine, son rocher, son refuge, son amour semble t-il… le temps de quelques jours, ils vont tous tenter de le garder « dans la vie », chacun à sa manière ; tous avec amour.

Dans Un poisson sur la lune, David Vann – toujours remarquablement traduit par Laura Derajinski, ce qui vaut à cette dernière une pleine page de touchants remerciements à la fin du livre – revient sur son passé et, en sachant habilement s'en affranchir quand il le faut, écrit probablement son livre le plus dur, le plus écorché mais aussi le plus profond.

Il fait monter en puissance ce désespoir, plongeant le lecteur dans une lecture stressée, angoissée et dérangeante jusqu'à la toute dernière page. Et parallèlement, il livre - sans juger - de profondes réflexions sur le sens de la vie, l'amitié, la filiation, l'inéluctabilité des grandes décisions, les limites de l'assistance à autrui. Avec plusieurs passages touchant au sublime, comme le dialogue matinal de Jim et de son père, inoubliable, ou cette incroyable fable métaphorique du flétan astronaute.

Un grand livre, qui ne plaira cependant pas à tout le monde et pourra même être insupportable pour certains…
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