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Critique de horline


Sous la plume d'Eduardo Fernando Varela, la Patagonie est plus inquiétante qu'attirante. On y découvre des steppes poussiéreuses traversées par des routes interminables empruntées par des routiers qui, sous l'effet de la distance, dérivent sur les rives du temps qui n'a plus la densité habituelle.
L'immensité des paysages ainsi que le climat changeant condamnent à vivre comme des naufragés sur une île déserte, et Parker le routier clandestin assume cette vie comme une perpétuelle errance, de la même manière que les rares habitants de ce territoire hostile, «prisonniers de la géographie».

Ce pourrait être un texte complètement amorphe si l'auteur argentin ne reprenait pas les codes de la littérature sud-américaine avec tout son mysticisme qu'il n'hésite pas à tourner en dérision, sa réalité intermittente proche du fantastique onirique, et les conversations paresseuses souvent absurdes.
Dans ce paysage maudit où chacun a adopté une vision fatidique de l'existence, c'est bien à un voyage que nous convie Eduardo Fernando Varela, mais il n'a nullement le charme naïf qu'on prête à l'évasion. On navigue dans un monde romanesque à l'intense étrangeté où le dérèglement des repères spatiaux et temporels installe un sentiment chaotique, déstabilisant. Et surtout envoûtant pour qui n'éprouve pas de résistance face à ce type de littérature.

Malgré la narration flottante à certains moments, je suis impressionnée par ce premier roman qui célèbre une histoire d'amour comme une nouvelle terre ou un mirage dans ce territoire où on fait naufrage. L'auteur sonde de manière inattendue le sentiment amoureux avec tous ses ressorts naturels, en le faisant muer par des forces qui rapprochent, d'autres qui creusent les distances. Mais quelles chances donner à cette histoire qui flotte comme un rêve dans une Patagonie souveraine qui ballote ses habitants comme des herbes folles ?
Lecture savoureuse.
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