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Critique de ElsaK


Un lieu incertain m'a laissé décontenancée et j'étais un peu méfiante en abordant ce nouveau roman : peut-être l'auteur avait-elle définitivement modifié sa façon de conter ? Fred Vargas est un de mes auteurs préférés, attention, pas de méprise . Et j'avais beaucoup aimé "Un lieu incertain". Il m'avait laissé un goût de changement, de nouveauté : le temps du livre en harmonie avec son héros "pelleteur de nuage", les coups de théâtre m'avaient autant déconcerté que lui ...
Mais je reviens à celui -ci : "L'armée furieuse", qui a renoué pour moi avec mes préférés du même auteur ("Pars vite et reviens tard", "Sous les vents de Neptune"...).
Les quelques adaptations télévisées des romans de Fred Vargas auront donné un petit aperçu de la personnalité de Jean-Baptiste Adamsberg. Mais pour le découvrir vraiment, c'est à travers le roman, et la façon d'écrire de l'auteur qu'il faut le faire. Il est "mouvant", "inconsistant", accordant de l'importance à tout et à rien à la fois, n'aimant rien mieux que se promener au bord de la Sène afin de "repêcher" ses idées. Dans le brouillard de ses pensées, il attrape parfois du bout des doigts un semblant de lumière, et c'est à force de patience qu'il remonte la solution, qu'elle émerge enfin de ses limbes. Peu doué pour les rapports humains, il "flotte". Mais il flotte vers un seul objectif : la justice pure , "ce qui est bien". Je me rends compte que je le décris comme un rêveur intangible doté d'une naïveté un peu touchante , ce qui pourrait apparaître comme un personnage peu intéressant : mes mots sont maladroits. Il est bien plus profond et complexe, et c'est moi qui ne possède pas les mots pour dire à quel point ce personnage est profond, génial, agréable à suivre. Voilà ce que dit son divisionnaire au sujet de ses méthodes : "Vous savez que je [les] n'approuve pas [...], Adamsberg. Informelles, sans visibilité, ni pour votre hiérarchie ni pour vos adjoints, sans les éléments factuels nécessaires au fléchage de l'itinéraire."

Et tous les ingrédients de ce que j'appellerai "un bon Vargas" sont là.
Les intrigues : elles s'entrecroisent, s'emmêlent pour mieux se démêler les unes les autres. D'abord cette petite dame qui vient trouver Adamsberg pour lui demander de l'aide : un démon voleur d'âmes pécheresses menace la tranquillité de sa campagne. Puis ce pigeon aux ailes entravées, victime d'un jeu, sadique : le commissaire ne peut laisser une telle atrocité se reproduire, il lui faut le coupable ! Ensuite, cet homme d'affaire brûlé vif dans sa voiture, et le coupable idéal : "Momo-mèche-courte" !
Une atmosphère et des paysages sombres et mystérieux.
Et les personnages qui gravitent autour d'Adamsberg, et que je retrouve à chaque nouveau roman avec un plaisir croissant : Danglard l'érudit, Veyrenc le poète, la "déesse polyvalente" Retancourt, Zerk ce fils tout neuf pour Adamsberg. Et les nouveaux, si originaux, plein d'étrangetés, de secrets… Un bonheur !
La lecture de ce roman fut un véritable plaisir. Je ne l'ai pas lâché avant les derniers mots.
Les trois enquêtes sont passionnantes, pas tant pour leur solution que pour leur cheminement. Et ce fut un crève-coeur de refermer le roman, comme à chaque fois j'aurai voulu cent pages de plus au moins, encore un peu …
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