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Critique de Sachenka


La tante Julia et le scribouillard, ce roman autobiographique de l'auteur péruvien Mario Vargas Llosa, dévoile un épisode de sa jeunesse. Dix-huit, à l'université (études de droit), sans le sou, il travaille dans une station radio en tant que rédacteur de brefs bulletins de nouvelles. Il aimerait bien devenir écrivain, écrire des nouvelles, vivre à Paris. Ah, les rêves de la jeunesse! Puis, un jour, débarque la belle et fougueuse tante Julia Urquidi (en fait, c'est la soeur de l'épouse de son oncle). Elle arrive de Bolivie et est une divorcée de dix ans son ainée. Au début, rien ne semble en ressortir, elle se moque de lui et, lui, orgueilleux, s'en pique. Toutefois, la famille s'attend à ce que le jeune homme montre la ville à sa tante, la sorte un peu. À force de se fréquenter, une certaine attraction (ou une attraction certaine) s'installe. Et cela ne plaira pas à tous. J'ai tout de suite accroché à cette intrigue. En plus d'en découvrir davantage sur les débuts difficiles d'un futur écrivain, prix Nobel en plus, on découvre le Lima du milieu des années 1950, un pays, une époque. Un univers, en somme : une génération de jeunes hommes rêvant d'un sort meilleur, travaillant à la dactylo, battant le pavé, rencontrant des vedettes, les enviant, se retrouvant dans les cafés, s'amusant, sortant avec les filles, allant au cinéma ou danser, avec en écho les actualités d'une période révolue.

Le hic, c'est que cette histoire que j'ai vraiment trouvé intéressante (même si elle était prévisible) était entrecoupée d'autres histoires mettant de l'avant des personnages complètement nouveaux, vivant des aventures n'ayant rien à voir avec celle de Vargas Llosa. Au début, j'ai cru qu'il s'agissait des brefs bulletins de nouvelles que le jeune employé de la station de radio transformait en nouvelles, qu'il écrivait dans ses temps libres et essayait de publier. Mais non. Elles sont le fruit de Pedro Camacho, un feuilletoniste nouvellement arrivé à la station de radio. C'est lui, le fameux scribouillard du titre, valsant ici et là comme s'il était une grande vedette. Il l'était probablement. de la même façon qu'il accapare la dactylo et l'espace de travail du jeune homme, il vole la moitié de son roman : ses histoires indépendantes entrecoupaient l'intrigue principale. Elles ne faisaient qu'en ralentir le rythme, constituait une entrave à une histoire d'amour dont je voulais connaitre la suite et qui en retardaient le moment. C'est doublement dommage parce qu'elles très bien écrites, intéressantes. Leur ton était très différent du reste du roman, parfois dramatique, parfois comique. Et leurs personnages, de milieux variés, tout autres que celui bourgeois de l'intellectuel Vargas Llosa. de vraies petites pépites qui prenaient vie sous mes yeux. Ces nouvelles auraient très bien pu trouver leur place dans un recueil de nouvelles distincts. Pour tout dire, parus séparément, ces deux oeuvres auraient gagné dans mon appréciation.

Ceci étant dit, dans l'ensemble, j'ai bien apprécié ce bouquin. La tante Julia et le scribouillard sont deux individus, deux personnalités qui ont profondément influencé Mario Vargas Llosa de manières différentes à une époque importante : celle qui marque le passage à l'âge adulte. Je me plais à croire qu'ils ont contribué à faire de cet homme le grand auteur qu'il est devenu. Ce livre est un hommage, en quelque sorte.
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