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Critique de SisteroftheMoon


Lu dans le cadre du challenge Nobel 2013 / 2014.
Lecture 11/15.

Si on devait dessiner dans le temps la courbe de mon ressenti de la première à la dernière page, celle-ci ressemblerait à la pente descendante sinueuse et irrégulière de l'Everest.
Mon plaisir des premiers chapitres, né de cette ambiance des studios radio qui m'attire tant, s'est dilué petit à petit dans un mélange de confusion, de réalisme ennuyant et d'indifférence aux personnages centraux, Mario et Julia en l'occurrence.
Le réalisme, c'est bien cela que je reproche aux biographies. Elles sont trop teintées de vérité, de fatalité. le parcours de chacun des protagonistes, soi-disant romancé, est trop ‘commun' pour emporter le lecteur au-delà de la platitude de la vraie vie. Ce n'est pas que l'histoire de la vie de Don Mario Vargas Llosa m'indiffère, non, c'est que sa vie est relatée d'une manière plus proche de la biographie que du roman. Ceci n'est pas une biographie romancée à mon sens, du moins pas assez ...
Dans un roman où les destinées fictives peuvent prendre tous les chemins imaginables, Pedro Camacho, ce scribe surhumain si particulier, si original, si piquant (une perle de personnage !), n'aurait pas évolué de façon aussi morne. Il aurait fait un parfait anti-héros et son histoire personnelle, rehaussée à la place centrale d'un roman, m'aurait sans doute plus séduite que celle de Mario Vargas Llosa et sa tante Julia. Relation que je trouve d'ailleurs presque anodine, surtout à notre époque … Mais pourquoi le lire alors ? Parce que je suis curieuse de la vie des jeunes écrivains en devenir, attirée par le journalisme et par la culture latine, la chaleur des échanges et l'exotisme délicieux du milieu. L'intrigue m'indifférait car, même en replaçant cette liaison interdite dans son contexte et à son époque, elle me paraissait trop commune. Il a 18 ans, elle en a 33. Ils ont 15 ans d'écart. Et alors ?
Et d'ailleurs, qu'est-ce que cet écrivain en herbe qui rêve d'être publié au journal local et d'emménager dans une mansarde dans le quartier des artistes à Paris peut bien trouver à cette femme que lui-même décrit comme « entretenue » et très éloignée de toute forme de littérature quelle qu'elle soit ? Non, l'auteur ne nous fait pas aimer Julia. Et moi, je suis sensible à ça. Je sais que c'est purement subjectif et qu'un bouquin peut être bon sans personnages attachants. Mais quand l'intrigue centrale concerne un amour interdit et non un monde dystopique ou une tare sociale de taille (où le sujet est moins les personnages que la société elle-même), j'attend des personnages plus intéressants, une relation plus complexe qu'une amourette de lycée ...

Autre petit bémol : Les protagonistes sont très nombreux du fait de l'alternance entre les feuilletons radio de Pedro Camacho et la biographie de l'auteur. Si on rajoute à ce fait que les prénoms sont très souvent composés, que les derniers chapitres-feuilletons mélangent les personnages et leurs sorts et confondent les noms initialement attribués, il peut devenir assez ardu de s'y retrouver. Et puis ces feuilletons connaissent la même régression : ils déclinent sérieusement au 3ème tiers, multipliant les métaphores et analogies comme jamais je ne l'ai vu dans mon histoire de lectrice.

Bref, je sors assez mitigée de cette lecture, mitigée sans être totalement déçue, car l'humour subtil de l'auteur rend les chapitres de sa jeunesse plus digestes. C'est un humour distillé un peu partout dans ses descriptions de Pedro Camacho, Javier, Pascual et Pablito, un humour chargé d'affection mais aussi de nostalgie tendre pour ses camarades et galères de jeunesse.

Mais est-ce que je le recommande ? Non ...
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