AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de SophieChalandre


Cette ritournelle de quatre personnes, Don Rigoberto, son fils, le chérubin Fonchito aux humeurs concupiscentes et équivoques, sa seconde épouse Lucrecia, une beauté quarantenaire aguicheuse qu'il aime passionnément et la bonne, s'enchâsse dans un défilé de tableaux comme autant de correspondances en miroir des protagonistes peints ou écrits.
Dans une prose réjouissante, Vargas Llosa soumet l'érotisme triangulaire du père, de la belle-mère et de son jeune beau-fils aux jeux et enjeux de la culture et du pouvoir. Car ici, ce n'est pas le désir qui est impur mais ses éventuels objectifs et ses manipulations : il est autant innocence de nature que pervers dans son application. Eros, ange annonciateur éruptif, reste un démiurge du plaisir comme perfection individuelle et félicité, un concentré omniprésent du désir, antique, artistique, religieux, créatif : il est fondateur. L'impulsion artistique s'imbrique dans le désir de communion charnelle et la sensualité est latente dans les plus hautes créations de l'esprit.
C'est enfin un éloge de la liberté et de l'individu lancé à la face des sociétés bien-pensantes, autoritaires ou massifiées dans des démocraties grégaires, une réponse jubilatoire au dogme moral et politique si étriqué d'un Odria, d'un Franco ou d'un Pinochet : libertad si, libertinage no. Vargas Llosa invoque le droit individualiste salutaire du désir en même temps que celui du droit à l'expression. Rappelons que son adversaire politique s'est servi de cet ouvrage pour décrédibiliser Vargas Llosa durant la campagne électorale péruvienne pour les présidentielles de 1990.
On retrouve dans ce roman enthousiasmant les thèmes chers à l'auteur : la force libératoire de la création, la perversion du pouvoir, la quête d'idéal et le dépassement de soi.
Commenter  J’apprécie          351



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}