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Critique de Lamifranz


Encore un livre de jeunesse, ou considéré tel. Car Mon bel oranger s'adresse en fait aussi bien aux adultes qu'aux enfants, en faisant appel à leur sensibilité, et sans doute à cette innocence perdue que nous avons tous en nous, et que, inconsciemment mais constamment nous cherchons à retrouver. Pour ma part, le livre que j'ai dans ma bibliothèque n'est pas l'édition du Livre de poche-jeunesse, mais bel et bien l'édition originale à la couverture orange, chez Stock.
C'est l'histoire de Zézé, un petit garçon brésilien, âgé de cinq ou six ans, qui vit à Bangu, un quartier pauvre de Rio. Dans une famille nombreuse et sans grandes ressources (père chômeur, mère travaillant seule dans une fabrique pour un salaire de misère, une ribambelle d'enfants qui, à l'exception de Gloria la soeur aînée et de Luis le petit frère, le prennent pour souffre-douleur), Zézé, petit garçon, très mûr pour son âge, intelligent et surtout très imaginatif, s'invente un monde imaginaire où Minguinho, un petit pied d'oranges douces, à qui il donne vie, l'écoute et lui parle. Un véritable ami lui vient, Portugâ, un adulte qui songe même à l'adopter, mais il meurt malheureusement dans un accident. La perte de ce nouvel ami, ainsi que celle de Minguinho que des travaux de voirie ont détruit, ne sont pas pour rien dans la grave maladie qui touche Zézé. A son chevet, son père, conscient peut-être de ses manquements, essaie de se rapprocher de son enfant.
On ne peut sortir que bouleversé de cette histoire : à la fois par le pathétique des situations (qui ne semblent guère avoir changé aujourd'hui) que par celui des personnages, en particulier Zézé, qui cristallise en lui tous les contrastes : brillant, intelligent, malin même, il a toute l'innocence de son âge, et ce manque d'affection et d'amour qu'il ressent il va le chercher chez Minguinho, projection de lui-même et focalisation de tous ces sentiments qu'il appelle avidement.
La littérature sud-américaine est souvent riche de ces contrastes : la misère la plus noire côtoie la grandeur la plus noble, et le réalisme le plus cru s'habille souvent de merveilleux et parfois de fantastique, et c'est toujours, derrière, une histoire d'amour : amour vécu ou amour rêvé, amour accompli ou amour trahi, absence d'amour ou trop plein d'amour.
Mon bel oranger fait partie de ces livres qu'il faut avoir lus, parce qu'ils rappellent en nous, non seulement l'enfant que nous avons été, mais encore l'enfant que nous aurions pu être, dans un autre temps ou dans un autre pays.
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