Il y a très longtemps, le calife de Bagdad, qui aimait écouter des histoires, organisa un grand concours de conteurs. Mille et un participants s'inscrire à cette compétition. Ils avaient trois ans pour préparer leur histoire et la raconter, le jour de l'épreuve, sur la grande place de Bagdad. Il était prévu que le pire d'entre eux serait exécuté et que le meilleur de tous serait couvert de richesses et que son conte serait publié et diffusé par-delà les frontières.
Peu après la clôture des inscriptions, un enfant alla solliciter cinq d'entre eux : Nazim Ibn Khawam, Waahid, Tarek Ibn'Ibrahim El-Khaiami et Anouar Jali Hosayn Ibn'Abdillah. le cinquième, Ahmed, était à l'origine de cette rencontre. C'était le fils du calife et il avait reçu l'autorisation de son père d'organiser un voyage.
Tous étaient séduits par la proposition mais Nazim demande avant tout qu'ils rencontrent un devin pour savoir « sous quels auspices » leur voyage est placé. C'est chez Fahima, la meilleure devineresse de Bagdad, qu'ils se sont rendus. La lecture de leurs marcs de café a été plus qu'éloquente. Fahima leur a tout raconté, des périples qu'ils rencontreront, des liens qui se tisseront entre eux… jusqu'au nom du vainqueur de la compétition. Malgré tout, et après avoir tenté de peser le pour et le contre d'un tel voyage, les cinq conteurs décidèrent d'entamer l'aventure.
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Nous sommes interpellés, dès la première page, par un narrateur inconnu dont nous ne savons qu'une seule et unique chose : qu'il est l'un des cinq conteurs et que ce récit est influencé par la manière dont il a vécu les choses. Il réapparaitra ponctuellement dans le scénario, nous alertant sur l'importance d'un passage ou le fait que le récit touche bientôt à sa fin. En une page, il situe le contexte et le but de son intervention : nous raconter son histoire.
Puis, sans crier gare, le lecteur tourne la page et se retrouve aux premières loges. Fabien Velhmann consacre les premières pages à la présentation des cinq personnages principaux et divulgue leurs traits principaux de caractère et quelques éléments qui permettent de situer leur parcours. Très vite, on est pris par la lecture, le fait que le narrateur nous considère comme l'auditeur privilégié de cette histoire a un effet important sur l'attention qu'on lui accorde.
Un des éléments principaux du scénario est le ton enjoué dont il fait preuve. le rythme est alerte et contient beaucoup d'humour ; les répliques des uns et des autres ne tergiversent pas, la franchise et l'ironie sont de mise tout au long du récit. le pire des cinq personnage est Ahmed, l'enfant qui a rassemblé le groupe. Il dit tout haut ce que le lecteur pense tout bas, des vérités d'enfant souvent blessantes pour les autres personnages. Ils vivent tous ses interventions plus ou moins bien car il les perce à jour, il met le doigt sur leurs défauts, leurs mensonges… ce qui a tendance à attiser les susceptibilités.
Côté graphique,
Frantz Duchazeau illustre ce récit avec beaucoup de liberté et d'entrain. L'organisation des planches est suffisamment variée pour renforcer l'aspect ludique et dépaysant déjà créé par le contenu des propos du narrateur. Ses choix de couleurs et son trait m'ont souvent fait penser au travail de
Joann Sfar (Klezmer, le chat du rabbin…).
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