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Critique de thomassandorf


Une vie consacrée à la peinture, non pas comme un talent cultivé au point de pouvoir vivre de ses oeuvres, mais plutôt comme une vocation profonde, une quête de soi et du monde. Tel est le récit de Fabienne Verdier.

Fabienne Verdier a tout juste vingt ans. Elève extrêmement brillante, curieuse de tout, exigeante, atypique, fascinée par la nature, qu'est-ce qui va la pousser à quitter la France pour un pays totalitaire qui vient de balayer toute son histoire culturelle ? Malgré les réticences et les incompréhension autour d'elle, en pleine Guerre froide, elle saute le pas. Est-ce l'emballement lié à un coup de tête ? Une folie passagère ?

Le sens réside dans le commencement. Abandonnant son Asnières natale, elle avait rejoint à seize ans son père dans la campagne, au sud de la France. L'homme lui enseigne les rudiments de la peinture ; méthode à la dure mais qui la conduit aux Beaux-Arts. Douée mais insatisfaite par l'apprentissage traditionnel, elle est séduite par la calligraphie, puis de fil en aiguille, par les arts et le raffinement asiatiques.

« Une force tellurique me poussait à m'envoler, sans savoir où j'allais ni comment m'y prendre. »
Au début des années 80, la Révolution Culturelle et le régime de fer imposé par le Parti rendent le pays peu engageant. Qu'importe ! Rien de l'arrête. Direction Pékin, puis Chongqing dans la province du Sichuan.

Commence une formation qui s'étalera sur dix années. Avec Fabienne Verdier, rien n'est écrit ni linéaire. Elle pensait y demeurer une année ! Elle n'en partira qu'au moment des troubles de Tiananmen en 1989.

Tous ses faits et gestes sont sous observation. Impossible d'apprendre le dialecte local. Elle est isolée, vit à part des autres étudiants. On comprend vite que ses enseignants ne seront pas ceux de l'université. Petit à petit, hors de l'institut, elle tisse un réseau de relations avec les maîtres que la Révolution culturelle avait marginalisés.

Au-delà de l'apprentissage de techniques picturales, ces années ont été celles qui construisent une personne, qui dotent un artiste d'une structure mentale et humaine. L'ascèse, le silence, l'observation du monde, tout cela lui a été donné par maître Huang et bien d'autres sages croisés ici ou là.

Le chemin n'a pas été semé de roses. Atteinte dans son intégrité physique, malade, persécutée par le régime, testée durement par ses maîtres, il fallait sans doute qu'elle traverse ces déserts pour toucher du doigt sa vocation.

Peindre, oui. Mais peindre le principe de vie, son mouvement dans l'immobilité, la force vitale d'une pierre ou d'un végétal, l'absolue beauté de l'insignifiant.


Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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