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Critique de Myiuki


Je me suis lancée dans cette lecture parce que je voulais découvrir la plume de cette auteure qui m'intriguait beaucoup. J'avais participé à un concours pour gagner son ouvrage « L'île des beaux lendemains », j'ai perdu donc je me suis rabattue sur cette nouvelle (enfin, ces deux nouvelles !). La couverture m'avait donné envie de m'y plonger avec enthousiasme, sobre mais accrocheuse. J'ai lu ces deux nouvelles d'une traite et voici ce que j'en ai pensé …

« La fille du déménageur »

Une histoire bouleversante, celle d'un père qui cherche à redonner l'envie de vivre à sa fille … Sur le papier, cette nouvelle aurait tout eu pour m'émouvoir. Détresse, impuissance, volonté et puis … magie, surtout pour la fin (^^). Pourtant, j'y suis restée comme hermétique la plupart du temps. Je ne sais pas ce qui s'est passé. J'ai compris les émotions de ce père, perdu, j'ai entendu ses pleurs, j'ai vu les rouages de son cerveau, rouillés, s'activer pour tenter d'agir comme un père, un bon père, néanmoins, je n'ai pas pu me laisser emporter dans l'engrenage des sentiments. J'ai eu l'impression de suivre ce père maladroit qui réapprend à connaître sa fille … de loin. Malgré le fait qu'on nous raconte son histoire, on reste sur la touche j'ai trouvé. Une sensation de manque a vite fait surface pour moi. Manque d'attachement, de proximité avec ce personnage qui pourtant, atypique, avait tous les atouts pour me plaire. Quelque chose quelque part a déraillé. Je ne me suis pas sentie entraîné par le style, par le rythme, impression d'indolence, de langueur qui ne m'a pas permis de m'impliquer dans l'histoire. Je suis un peu déçue je dois dire car je m'attendais à quelque chose de superbe, de très émouvant et, même si je ne peux pas nier que l'émotion est là, elle n'a pas été aussi profonde que je le pensais, plus un effleurement. Il faut dire que notre déménageur n'est pas un grand causeur non plus, c'est peut-être ça qui a joué, le fait que tout soit si renfermé en lui-même et qu'on ne nous donne pas la clé de tous les tiroirs. Maintenant, ce qui est appréciable, c'est de voir le chemin parcouru par ce personnage, de voir comment il met en place tout un stratagème pour tenter de rendre le sourire à sa fille. En fait, c'est lui qu'on voit grandir au travers de ces pages et c'est une jolie leçon de vie. Ce que je retiens de cette nouvelle, c'est l'amour qu'il met en avant, cette impulsion qui sort un homme ordinaire de sa léthargie pour lui donner le courage de tout bouleverser, de vivre, simplement. Mais c'est aussi son optimisme, contagieux, qui vous donne le sourire. C'est avec un avis en demi-teinte que je ressors de ma lecture, j'ai apprécié l'idée, l'émotion qu'elle veut dégager, mais j'ai trouvé que la mise en forme n'étais pas assez adaptée à l'intensité du message. Il m'a clairement manqué la petite étincelle …

« le dernier tour »

Sublime ! Alors là, oui, je suis convaincue ! Quel contraste entre les deux nouvelles ! Celle-ci m'a prise aux tripes dès le départ. Ce vieux forain qui attend, tard le soir, sous la pluie, quoi, on ne sait pas … du moins au début. Quelle tristesse et en même temps, c'est tellement beau ! Je ne peux pas trop en dire sans révéler le noeud du mystère mais c'est écrit avec justesse, émotion et profondeur. En très peu de pages, l'auteur nous emporte dans les rêves d'un vieil homme, dans ses souvenirs, nous dessinant, là aussi, l'image du père. J'en ai eu les larmes aux yeux. de cette solitude et en même temps, ici également, de cet optimisme acharné, cette envie de donner du bonheur aux autres, notamment aux enfants avec son manège. On est touché, dès les premières lignes par ce personnage, usé, fané, mais qui trouve la force, chaque jour, d'ouvrir son manège et de donner un peu de joie aux enfants du quartier. On sent toute la tendresse qui sous-tend ce texte, en même temps que la dureté de celui-ci. C'est un destin brisé que nous présente cette nouvelle. Une vie à laquelle on a coupé ses ailes. C'est tragique et en même temps on n'a pas de réel sentiment de perte, de manque, c'est ça que j'ai trouvé très bien fait de la part de l'auteur, elle a comblé « les vides » de son personnage, de sorte qu'on a un sentiment de mélancolie diffus mais qu'on sait ne pas être nocif, c'est plus comme un secret murmuré au creux d'une oreille. Nostalgie. Oui, cette nouvelle, je l'ai trouvé très bien écrite, je me suis laissé embarquer dans le récit, bercée par sa douceur, par ses personnages. C'est un petit bijou, savamment dosé qui nous plonge au coeur de l'émotion pure, intense, des sentiments qui ne s'effacent pas, jamais, qui perdurent par-delà la vie et la mort. C'est un moment magique que j'ai pensé entre ses pages que je relirai avec grand plaisir d'ailleurs ! Il faut dire aussi que j'ai beaucoup aimé les dialogues de cette nouvelle, on ne sait pas vraiment où ils nous mènent, qui sont les protagonistes l'un par rapport à l'autre, on se doute mais … Cette sorte de flou contrôlé nous fait nous poser des questions, nous interroger. Ce que j'ai apprécié ici c'est cette sensation de pouvoir me projeter auprès de ses personnages, presque comme si, à l'instar de la serveuse du restaurant, j'avais vu la scène se dérouler derrière la vitre. Une proximité qui s'ancre dès les premiers mots et qui ne vous lâche plus afin la fin. Cette histoire, on la lit, mais surtout, on la vit !

La relation père/enfant qui est au coeur de ces récits, l'amour inconditionnel, intemporel, est une base magnifique ! C'est un lien puissant, très bien mis en avant dans ces deux nouvelles et qui les colore d'émotions et de tendresse. Deux textes qui se dégustent avec le sourire …
Lien : http://coeurdelibraire.over-..
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