AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


Dans l'oeuvre de l'ami Jules, on trouve parfois des gags, des galéjades, des romans tellement fantaisistes qu'ils s'apparentent à des rêveries éveillées, complètement loufoques, où la caution scientifique, pourtant sérieuse, vient encore accentuer, paradoxalement, le côté irrationnel.
« Hector Servadac », ne nous leurrons pas, est bel et bien une élucubration : en voici le thème :
Le capitaine Hector Servadac et son ordonnance Ben-Zouf font des relevés topographiques en Algérie lorsqu'une comète emporte avec elle toute une portion de la région où ils se trouvent. Réfugiés à bord du bateau de son ennemi le comte russe Timascheff, et de quelques autres passagers dont un savant, Palmyrin Rosette, les voilà emporté dans un tour du … système solaire ! Après quoi ils reviennent à leur point de départ en se demandant s'ils n'ont pas rêvé. (Et nous aussi !)
Etonnant non ?
Ça c'est une sacrée croisière : en deux ans (terrestres), ils s'arrachent à l'attraction terrestre, parcourent tout le système solaire, voient un satellite s'accrocher à leur planète (qu'ils ont appelée Gallia), ont dû réviser leur comptage du temps et donc leur calendrier, ont découvert l'apesanteur et la gravité…
Les données scientifiques (celles connues à l'époque) sont tout à fait vérifiables… dans l'absolu. Parce que pour la vraisemblance et la cohérence… on reviendra.
On ne regardera donc pas ce roman comme « de la Terre à la Lune », comme une projection scientifique pour l'avenir, mais comme une fantaisie plus ou moins déjantée (plutôt plus que moins).
Jules Verne semble lui-même dérailler quelque peu au cours de ce roman : il laisse transparaître un antisémitisme assez contestable (mais toléré à l'époque) dans le portrait outrancier et caricatural d'Isaac Hakhabut, qui est à la fois odieux, usurier et allemand (la totale, quoi) ; les Anglais sont présentés comme de véritables mécaniques ; le Russe, bien qu'ennemi du Français avec qui il doit se battre en duel, est quand même sympathique (« Michel Strogoff » date de l'année précédente) ; le savant, comme il se doit, est ridicule ; et les jeunes latins (espagnols et italienne) sont mignons tout plein…
Un livre à rendre donc, au deuxième degré : une aimable bouffonnerie, sans prétention. le fait que les héros reviennent pile poil à l'endroit d'où ils sont partis, ressemble fort à une pirouette. Ou à un pied de nez au lecteur.
Au fait, en parlant de nez, le nom même d'Hector Servadac n'est pas sans rappeler Cyrano de Bergerac, l'un des premiers explorateurs des « Empires de la Lune » et des « Empires du Soleil » …
Sacré Jules !
Commenter  J’apprécie          124



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}