Citations sur Hector Servadac, voyages et aventures à travers le mond.. (18)
De toute la colonie
gallicane, ce fut la petite
Nina qui sut le mieux
résister. […] Elle parlait
à l’un, à l’autre, et sa
voix fraîche charmait
ces lugubres profondeurs
comme un chant d’oiseau.
[…] Il y avait tant de
vie surabondante dans
ce petit être, qu’elle se
communiquait pour ainsi
dire à tous.
[...] Eh bien, reprit Palmyrin Rosette, pour compléter mes études sur Gallia, il me reste à savoir quels sont sa surface, son volume, sa masse, sa densité, et l'intensité de la pesanteur.
- En ce qui concerne la surface et le volume, répondit le lieutenant Procope, puisque nous connaissons le diamètre de Gallia, rien n'est plus facile.
- Ai-je dit que c'était difficile ? s'écria le professeur. Ces calculs-là, je les faisais en venant au monde !
- Oh ! oh ! fit Ben-Zouf, qui ne cherchait qu'une occasion d'être désagréable au contempteur de Montmartre.
- Elève Servadac, reprit Palmyrin Rosette, après avoir un instant regardé Ben-Zouf, prenez votre plume. Puisque vous connaissez la circonférence d'un grand cercle de Gallia, dites-moi quelle est sa surface ? [...]
Oui, c'était bien l'Europe qui s'étalait visiblement sous leurs yeux ! Ils voyaient ses divers États avec la configuration bizarre que la nature ou les conventions internationales leur ont donnée. L'Angleterre, une lady qui marche vers l'est, dans sa robe aux plis tourmentés et sa tête coiffée d'îlots et d'îles. La Suède et la Norvège, un lion magnifique, développant son échine de montagnes et se précipitant sur l'Europe du sein des contrées hyperboréennes. La Russie, un énorme ours polaire, la tète tournée vers le continent asiatique, la patte gauche appuyée sur la Turquie, la patte droite sur le Caucase. L'Autriche, un gros chat pelotonné sur lui-même et dormant d'un sommeil agité. L'Espagne, déployée comme un pavillon au bout de l'Europe et dont le Portugal semble former le yacht. La Turquie, un coq qui se rebiffe, se cramponnant d'une griffe au littoral asiatique, de l'autre étreignant la Grèce. L'Italie, une botte élégante et fine qui semble jongler avec la Sicile, la Sardaigne et la Corse. La Prusse, une hache formidable profondément enfoncée dans l'empire allemand et dont le tranchant effleure la France. La France enfin, un torse vigoureux, avec Paris au cœur.
- Mais à quoi sert la science, alors ?
- A savoir, la plupart du temps, qu'on ne sait pas encore tout ! répondit le comte Timascheff.
Mais, demanda alors Ben-Zouf, à quoi servent tous ces calculs que ce savant hargneux vient d'exécuter comme des tours de passe-passe ?
- A rien ! répondit le capitaine Servadac, et c'est précisément ce qui en fait le charme !"
En parlant ainsi, Palmyrin Rosette ne cessait de regarder fixement Ben-Zouf. En cela, il imitait Arago, lequel, pendant ses démonstrations, regardait toujours celui de ses auditeurs qui lui paraissait être le moins intelligent ; et lorsque cet auditeur lui semblait avoir compris, il était assuré de la clarté de sa démonstration.
Le vent était bon pour pointer au nord, mais quand il faudrait revenir au sud...
"N'importe, s'écria le capitaine Servadac, ne pensons qu'à arriver ! Ensuite, nous songerons à revenir !"
Quand le soleil vint à se coucher, lorsque ses rayons, frappant obliquement le youyou, projetèrent sur sa gauche l’ombre démesurée de ses voiles, lorsqu’enfin la nuit eut brusquement remplacé le jour, ils se rapprochèrent l’un de l’autre, mus par une involontaire attraction, et leurs mains se pressèrent silencieusement .
L'allure du youyou était d'une douceur extrême.
Quant à la confondre [cette planète] avec la lune, ce n'était pas possible. Le capitaine Servadac dut convenir qu'on n'y voyait ni mers, ni rainures, ni cratères, ni montagnes, ni aucun de ces détails qui se dessinent si nettement sur les cartes sélénographiques. Ce n'était plus cette douce figure de la soeur d'Apollon qui, fraîche et jeune selon les uns, vieille et ridée suivant les autres, contemple tranquillement depuis tant de siècles les mortels sublunaires.