"La banque Nemo" est la première pièce signée de
Louis Verneuil seul qu'a publié "La Petite Illustration'. C'est une comédie en trois actes et neuf tableaux.
Elle a été représentée pour la première fois, le 21 novembre 1931, au théâtre de la Michodière.
La pièce se passe, de nos jours, en Europe, dans un royaume imaginaire.
Gustave Lebrèche est un camelot, un crieur de journaux.
Il vend à qui veut bien lui acheter "Le Petit Journal", "La Gazette", "La Tribune", "Le Cri du Peuple" et "Le Réveil"...
Il a sous le bras plusieurs paquets de journaux.
Et entrant dans ce petit restaurant modeste, son cache-nez enroulé autour du cou, sa casquette vissée sur la tête, il affiche, malgré la misère apparente que trahit son veston gris clair presque en loques, un air gai, vivant et sympathique.
Il est surpris d'y retrouver Émile Larnois qu'il n'a pas vu depuis bientôt quinze ans, depuis le régiment.
Pendant des mois, ils étaient toujours de corvée ensemble !
Il n'y a rien qui vous attache comme les mauvais souvenirs !
Émile Larnois est caissier principal à la banque Nemo.
Un peu forcé, il faut l'avouer, il accepte de recommander son vieil ami auprès de Mr Bille, le chef du personnel de la banque.
Un poste de garçon de bureau est vacant....
Cette pièce, dont le fond est fait d'amertume, est pourtant finalement bien amusante.
Elle regorge de dialogues enlevés et de coups de théâtre efficaces.
"La banque Nemo" est une comédie très réussie.
L'histoire est celle de Gustave Lebrèche qui, du jour où le hasard l'introduisit dans la banque Nemo comme garçon de bureau, gravit avec une rapidité stupéfiante tous les échelons pour devenir un de ces redoutables hommes d'affaires devant lesquels tremblent même les puissants.
Le film qui en est inspiré, accusé de parler trop ouvertement de l'affaire Stavisky, eût maille à partir avec la censure et son réalisateur dût l'amputer de la scène où un conseil des ministres proposait d'étouffer le scandale.
Aujourd'hui, à la lecture, "La banque Nemo" paraît bien innocente.
Mais le plaisir reste intact.
Cette comédie satirique est vive, piquante, spirituelle et assez drôle.
Elle se redécouvre avec plaisir dans ce 300ème numéro de "
La Petite Illustration" paru en juin 1932.