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Critique de Denis_76


Je comprends qu'on ait honte de dire qu'on a été violé(e) : on a peur qu'on se moque de nous, qu'on nous repousse.
C'est un livre d'horreurs, et pas d'horreurs de fiction.
Mais Georges Vigarello l'a extrêmement bien documenté, avec beaucoup de références et beaucoup de cas présentés.

Il décompose l'ouvrage en trois parties.
Sous l'Ancien Régime, le viol était presque normal, et la jeune fille, la femme "appartenait" soit au père, soit au mari, et donc, dans les tribunaux, on parlait de "rapt", de vol d'une chose possédée. Peu de viols étaient signalés, peu étaient jugés, et d'une façon très laxiste : le vol d'objets était plus important.

Sous la Révolution, la liberté est apparue, la laïcité aussi.
D'un code moral, on est passé à un code social ;
du péché, on est passé au danger social.
La personne violée et tuée est prise en compte, car l'horreur du sang, les crimes de sang sont montés en épingle par La Gazette des Tribunaux, et les canards. La violence physique commence à impressionner l'opinion, et les lois sont plus sévères, mais l'application de la justice, c'est :
doucement le matin ;
pas trop vite l'après-midi.
En 1810, on distingue attentat à la pudeur, et viol : la justice bouge, affine et distingue des seuils de violence. La sodomie fait maintenant partie des affaires judiciaires, et non plus des attentats contre-nature voués à l'enfer par les curés.
A la fin du XIXè siècle, Cesare Lombroso, avec ses mesures de crânes, pense que la cause du viol est l'hérédité ;
Lacassagne pense que l'influence du milieu est plus importante : le vagabond sauvage, le "monstre" des campagnes, les ouvriers, en promiscuité dans les bidonvilles poussés trop vite, à cause du développement industriel.
On commence à découvrir des serial-killers comme Jack l'Eventreur ou Vacher ( 28 victimes ), qui est condamné à mort.
En 1929, M. Dide utilise le terme de pédophilie.

Dans l'époque moderne, le procès d'Aix ( 1974-1978 ) où deux touristes Belges sont violées et assassinées dans le sud de la France, fait bouger les choses : le féminisme dit "non, c'est non !" et le consentement implicite de l'Ancien Régime disparaît complètement.
De plus la dimension psychique de la victime, avec les progrès de la psychologie, est prise en compte ; on découvre la destruction mentale de la victime.
En 1996, l'affaire Dutroux mobilise Bruxelles, et pratiquement le monde entier y est sensibilisé. A l'époque de publication du livre de Vigarello ( 1997 ), il y avait deux petites victimes mortes ; mais en 2004, on en découvre d'autres.
L'enfant, dit Vigarello, remplace Dieu dans la symbolisation des parents, il est sacré. Et les violeurs d'enfants, on s'aperçoit que cela peut être "monsieur tout le monde", le voisin ! Ils encourent 15 ans de prison, mais 10% à 20% récidivent. Les instances judiciaires réfléchissent encore à une neutralisation complète et à vie des pédophiles.

J'ai lu ce livre pour trois raisons : Georges Vigarello, que j'ai eu comme enseignant est mon prof préféré ; c'est un passionné, un éclectique, un philosophe, une personne qui s'interroge sur l'hygiène, l'histoire et le sport.
Et deuxièmement, il y aura un viol dans "LOUISE", à cette époque pas si lointaine, celle des mousquetaires, où la femme, excepté chez les nobles, était une possession, ne servait qu'à faire des enfants et entretenir la maison.

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