Voilà les deux poésies possibles, ça ne va pas plus loin que cela ! Les divertir ou leur faire pitié ; faire jouer de misérables poupées, ou l'être soi-même et faire trafic de cette singerie ! Ouvrir son cœur pour le mettre en étalage sur un comptoir ! S'il y a des blessures, tant mieux ! il a plus de prix ; tant soit peu mutilé, on l'achète plus cher !
(...) quand le pâle Travail est dédaigné ; quand l'Espérance a perdu son ancre ; la Foi, son calice ; la Charité, ses pauvres enfants ; quand la Loi est athée et corrompue comme une courtisane ; lorsque la Terre crie et demande justice au Poète de ceux qui la fouillent sans cesse pour avoir son or, (...).
Le Quaker : En toi, la rêverie continuelle a tué l'action.
Chatterton : Eh! qu'importe, si une heure de cette rêverie produit plus d'oeuvres que vingt jours de l'action des autres! Qui peut juge entre eux et moi ? N'y a-t-il pour l'homme que le travail du corps? et le labeur de la tête n'est-il pas digne de quelque pitié?
(...)
Le Quaker : (...) Une âme contemplative est à charge à tous les désoeuvrés remuants qui couvrent la terre : l'imagination et le recueillement sont deux maladies dont personne n'a pitié !
Voilà l'homme riche, le spéculateur heureux ; voilà l'égoïste par excellence, le juste selon la loi.
Il est atteint d'une maladie toute morale et presque incurable, et quelquefois contagieuse ; maladie terrible qui se saisit surtout des âmes jeunes, ardentes et toutes neuves à la vie, éprises de l'amour du juste et du beau, et venant dans le monde pour y rencontrer, à chaque pas, toutes les iniquités et toutes les laideurs d'une société mal construite. Ce mal, c'est la haine de la vie et l'amour de la mort : c'est l'obstiné Suicide.
ô Publicité ! vile Publicité ! toi qui n'es qu'un pilori où le profane passant peut nous souffleter.
Souvent la terreur nous apprend à mentir.
La Société deviendra comme ton cœur, elle aura pour dieu un lingot d'or et pour Souverain Pontife un usurier juif.
Le mal, c'est la haine de la vie et l'amour de la mort.
(...) rendre à un malheureux le cadeau qu'il a fait, c'est l'humilier et lui faire mesurer toute sa misère.