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Critique de Nastie92


Renée Villancher est française. À la fin de la seconde guerre mondiale, elle rencontre un soldat russe dont elle tombe amoureuse. Elle décide de le suivre en Union Soviétique, mais elle déchante bien vite. La réalité matérielle sur place ne correspond pas du tout à la belle vie promise, et Renée n'a qu'une idée en tête : rentrer en France.
Hélas, ce n'est plus possible : ses papiers français ont été confisqués, Renée est devenue malgré elle citoyenne soviétique. Les autorités soviétiques refusent de la laisser partir, les autorités françaises ne peuvent rien pour elle. Là voilà coincée dans un pays dont elle ne connaît pas la langue, où elle ne connaît personne, où elle est obligée de vivre dans des conditions épouvantables.
L'histoire de Renée aurait pu en rester là si elle n'avait pas rencontré par hasard vers l'an deux mille un journaliste français, Nicolas Jallot, venu tourner un documentaire, "Piégés par Staline". Renée lui raconte sa vie, d'abord oralement, puis par écrit dans des lettres qu'elle va lui envoyer : elle explique le choc lors de son arrivée en Union Soviétique quand elle découvre dans quel dénuement elle va vivre, ses démarches vaines pour obtenir de l'aide auprès de l'ambassade de France, son désespoir, ses tentatives de suicide, enfin sa résignation.
C'est toute cette histoire poignante que nous suivons dans ce livre.
Le style est sommaire, le vocabulaire rudimentaire : Nicolas Jallot explique dans la préface qu'il a volontairement gardé les mots de Renée, sans rien changer. Sachant cela, ce qui aurait pu gêner ma lecture me l'a rendue encore plus émouvante : on se rend compte que Renée, qui n'avait pas beaucoup d'instruction, s'est trouvée complètement démunie face à ce qui lui arrivait, on comprend aussi qu'après toutes ces années sans parler français, elle a petit à petit oublié sa langue maternelle : "cauchemar", pour reprendre un mot dont elle ponctue souvent ses phrases.
Même après l'éclatement de l'Union Soviétique le rêve de Renée de revoir la France s'avère impossible : elle n'a tout simplement pas les moyens de financer le voyage, elle qui peine déjà à vivre au quotidien dans une isba sans eau courante, qui a tout juste de quoi manger, et pas toujours de quoi se chauffer convenablement...
Elle doit à un élan de solidarité de son village jurassien la joie d'avoir pu faire ce fameux voyage auquel elle ne croyait plus. le récit qu'elle en fait est particulièrement émouvant. On suit cette vieille dame retrouvant son école, la maison où elle a grandi, ses anciens amis... on a du mal à imaginer l'intensité de ses émotions.
Une lecture prenante dont on ressort un peu chamboulé, et pour ceux que le sujet intéresse, je vous recommande l'excellent roman de Marie-Odile Ascher "Pain amer".
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