AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de liredelivre


Réseau(x) n'est absolument pas un livre comme vous avez l'habitude d'en lire ou d'en voir en jeunesse. Travaillé, complexe, riche, intense. Fascinant et unique. Même si les [cent] premières pages peuvent passer pour difficiles et décourageantes, je vous invite à ne pas vous laisser avoir.
Prenez Réseau(x) pour ce qu'il est vraiment : un puzzle. Chaque chapitre, chaque partie, est comme une pièce, un morceau de quelque chose de plus grand, quelque chose qu'on ne voit pas tout de suite et qui ne se réalise complètement que vers la fin du roman. Des liens, des connexions, que l'on n'est pas toujours en mesure d'établir sans avoir toutes les cartes, toutes les pièces. Au final, nous sommes devant une illustration parfaite du titre : Réseau(x) est un réseau. [Non, je ne pète pas les plombs ;)]

Sur le net, un nouveau type de réseau social a vu le jour : le DKB, ou DreamKatcherBook. On y partage ses rêves, sur sa partie diurne, et ses cauchemars, sur sa partie nocturne, appelée aussi MyDarkPlaces. L'accès est réservé à certains, les Nightfellows , sélectionnés par l'auteur de la page. Mais qu'en serait-il si vos rêves n'étaient pas simplement des rêves ? Ou si l'on venait à faire des vos rêves des réalités ? Sixie, ou SixieDreamy, partage ses rêves et ses cauchemars sur le DKB et sur le MDP, et inconsciemment, elle devient l'une des pièces d'un puzzle, du réseau. Quelque chose de grand se prépare, un secret s'apprête à [tout] exploser...

Étrangement, Sixie n'est pas le personnage qui m'aura le plus marquée dans cette aventure. Non pas que je n'ai pas accroché avec elle, mais si elle est présentée avec insistance sur la quatrième de couverture, je ne l'ai pas trouvée aussi présente dans le roman. Il y avait une sorte de flou autour de son rôle, de son vécu. Des questions sont restées sans réponses, tout n'a pas été fouillé à son sujet... Je pense que c'est un personnage qui sera davantage mis en avant par la suite [qu'il me tarde !] et j'ai hâte d'en apprendre plus à son sujet.
Pourtant, parmi les protagonistes, elle est celle qui se rapproche le plus du public. Une ado ordinaire, de Bruxelles, qui fait des cauchemars et partage sa vie sur des réseaux sociaux. Non, attendez, ordinaire ? Bon, peut-être pas tant que ça, en fait... et peut-être que ses rêves ne sont pas si anodins ;) Mais j'ai seulement trouvé cela dommage que son rôle se cantonne à être celui d'un pion et qu'on ne creuse pas davantage sur elle. C'est comme si elle était l'élément central, mais parce qu'on a voulu qu'elle le soit. Plus ma lecture avançait plus je l'ai vue comme une sorte de marionnette, dont chacun semble vouloir [et pouvoir] faire ce qu'il veut. Mais, alors que tout grimpe en puissance, on voit pointer une autre Sixie, qui décide de prendre les choses en main. Parce que le jeu s'arrête ou parce qu'elle ne veut plus être menée ? Je n'ai pas encore réussi à le déterminer...
Et contrairement à ce que l'on peut penser, Sixie n'est pas la seule à donner de la voix dans le roman. Si j'ai mis un peu de temps à m'y faire, je n'en ai pas moins apprécié ce détail, et son effet. Vincent Villeminot a opté pour la multiplicité des points de vue. Tantôt Sixie, tantôt Théo, tantôt Jérémy, ou encore Cèsar. Cela nous donne l'impression d'être partout, et de mieux voir, avec un peu de recul, la trame du roman se dessiner. Et c'est ce qui aurait pu me faire reculer. Mais non ! J'ai aimé qu'on passe d'un rêve à l'autre, que les mots changent, que les tournures se complexifient ou que la narration prennent une autre forme. J'ai eu l'impression d'être partout, de pouvoir tout suivre, même si j'ai finalement été incapable de voir venir certains événements. C'est cet élément qui confère de la tension au roman, de la diversité et une originalité qui n'a pas été pour me déplaire. Ok, c'était peu commun, pour autant, est-ce que quelqu'un a dit qu'il y avait une seule et unique manière d'écrire un roman ? C'est en comprenant que tout n'était pas là par hasard, qu'on ne passait pas d'un personnage à un autre juste pour le fun que j'ai commencé à être vraiment prise dans la lecture. On dit toujours qu'une faute d'inattention peut être fatale...
D'ailleurs, au début, c'est un peu ça qui m'a manqué, de l'attention. Je perdais souvent le fil des différentes abréviations, des différents rôles, jusqu'à que j'arrive à me les rentrer dans la tête. Et à faire copain-copain avec les personnages. Une fois que tout est présenté, que tout est [presque] dit, c'était comme s'il n'y avait plus rien pour me retenir, ou me dissuader. Réseau(x) devient alors plus que captivant et la lecture de plus en plus aisée, pour ne pas dire addictive. L'atmosphère assez sombre du roman nous prend vite aux tripes. Sans que je m'en rende vraiment compte, j'étais dedans, pleinement, et j'appréciais les personnages, même ceux que je pensais ne jamais prendre en empathie.Mais au fur et à mesure que les pièces du puzzle s'installent, on comprend de mieux en mieux les personnages, leurs motivations, leur complexité. Pourquoi tout est construit ainsi et n'aurait pu être être construit autrement.
A cet effet, Cèsar/Nada est celui qui m'a le plus saisie ! Et c'est aussi celui que je retiens le plus dans ce roman. Je l'ai traité de tous les noms, détesté au possible, puis réalisé qu'il n'était pas comme les autres, qu'il n'était peut-être pas si fou que ça et son humanité m'a désarmée. de complètement parano et schizophrène, il est devenu intelligent et ambitieux. Un esprit rebelle et prêt à tout, avec des valeurs que j'avais totalement sous-estimées. Maintenant que j'ai fini Réseau(x), il est un des personnages qui me manquent... Je me suis attachée à lui sans le voir, presque sur le tard, et cela m'a rendue la fin du roman encore plus vive et frustrante.
Pour le reste, le roman a quelque chose de follement dérangeant. Que ce soit les questions sur lesquelles l'auteur nous interroge ou la vision qu'il place dans son livre sur l'avenir et sur l'usage des réseaux sociaux. A dessein ou non, Vincent Villeminot pose une réelle réflexion sur les dérives, que je ne qualifierai pas pour ne pas mettre de puce à l'oreille. Mais pour situer un peu : l'histoire prend place dans une Europe où les étudiants sont en colère, protestant contre la hausse des frais de scolarité, aujourd'hui impossible à payer, et affrontent régulièrement les forces de l'ordre. Une interrogation se lève alors, des deux côtés : jusqu'où peut-on aller pour se faire entendre ? Quand l'énervement et le pouvoir se rencontrent... Que seriez-vous prêt à faire ?
Le tout est rondement manié par une écriture experte et fine, ni trop choc, ni trop jeunesse. Les doutes, la suspicion, l'incompréhension, j'ai ressenti plus que je ne me suis attendue à ressentir, vécu plus que je ne l'aurais cru. Il y a du rythme, des secrets, de l'intensité, des hésitations, des pièges. J'ai trouvé le tout fort, brut et incroyablement puissant, un roman impressionnant, qui plaira facilement au public adolescent, mais pas que ! Même si la fin m'a laissée dans une frustration immense, il tient et réalise toutes ses promesses, même les plus subtiles.

Réseau(x) est pour moi un thriller intelligent, hypnotique et unique ! Et Vincent Villeminot un auteur à essayer d'urgence ! Pour moi qui ne connaissais l'auteur que de nom, je crois que je vais un peu plus m'intéresser à son autre série, parue également chez Nathan, Instinct.

J'ai tout dit, sauf ça : Read It For Real !

~~~~~~
Un immense merci aux éditions Nathan et à Babelio pour cette lecture ! Je serais sûrement passée à côté de quelque chose sans eux.
Lien : http://liredelivres.blogspot..
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}