Citations sur De l'esprit de cour. La malédiction française (5)
Le courtisan moderne ne diffère guère de celui de Louis XIV, sauf qu'il n'est plus identifié en tant que tel, ce qui le rend encore plus redoutable car il avance masqué.
C'est vrai, l'esprit de cour est en chacun de nous. Il se déploie au contact du pouvoir, aussi petit soit-il et quel que soit son domaine: politique, administratif, entrepreneurial ou sportif. La définition de la puissance suscite depuis toujours la peur et attise l'intérêt, conduisant à un comportement individualiste et à des attitudes qui sont de tous les temps et de tous les pays.
Par son histoire, la France a été sa terre d'élection.
Le cas le plus emblématique reste celui de Bernard Tapie, propulsé sur le devant de la scène pour sa réussite comme entrepreneur et dirigeant de club de football. Par ce tournant, le pouvoir se fait cour en devenant séducteur encers l'opinion.
Sous la restauration et plus encore sous la monarchie de Juillet, on assiste à une disjonction définitive entre la cour et le pouvoir, l'une n'incarnant plus l'autre.
La cour est-elle mauvaise par essence ? Elle n'implique pas nécessairement l'avilissement des hommes. Elle est aussi ce lieu du politique où les conflits jadis abrités par la violence trouvent une solution pacifique par le compromis, un lieu de la synthèse où la culture d'une époque est magnifiée et portée à son incandescence, un lieu de promotion de nouvelles couches sociales accueillies dans le creuset des plus anciennes. Pour moi, l'incarnation de cette cour - malgré tout ce qu'elle a de mythique et de rêve - se trouve dans ces cours médiévales faites de relations d'homme à homme, nourries d'une civilisation courtoise rayonnante, au service d'une pacification des mœurs de la noblesse guerrière.