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Critique de Talec0904


Connaissez-vous Antoine Volodine ? Sans doute.
Drôle de personnage : Volodine est un nom d'emprunt ; jusque-là rien d'extraordinaire. Mais il publie aussi sous le nom de Lutz Bassmann et parfois sous un nom de femme : Manuela Draeger
Il écrit des livres pour enfant sous le nom d'Elli Kronauer et de Manuela Draeger.
Plus récemment il a présenté un recueil : « débrouille-toi avec ton violeur » textes enragés, violents sous une signature collective : Infernus Johannes
Il a créé un mouvement littéraire : le Post-Exotisme qui fait l'objet de colloques, de thèses.
« Son univers est fait de déserts, de steppes, de décombres de cités bétonnées par des siècles d'idéologie, un monde doté de son histoire, de sa géographie, de sa musique et de sa littérature ».
Volodine maîtrise merveilleusement l'art de se saisir de sa proie dès la première phrase de ses livres.
"Le livre traînait dans les déjections et le sang : il fallut, pour l'ouvrir, décoller au racloir la paille qui avait durci et coagulé le long des pages"
"La tortue écarta lentement une dernière brassée de lianes pourries ; le rideau s'accrochait à ses griffes"
"La boîte de conserve roulait sur le carrelage sale du couloir "
Voici l'incipit de « Bardo or not Bardo : "Les poules caquetaient tranquillement derrière le grillage, lorsque le premier coup de feu retentit."
Le Bardo est cet espace noir où, d'après le Bouddhisme Tibétain, le mort erre pendant 49 jours après son décès en allant soit vers sa réincarnation, ce qui pour les bouddhistes est la voie de l'échec, soit vers la claire lumière rompant ainsi le cycle des réincarnations.
Mais avec Volodine, le postulat n'existe que pour être détourné … Et ce, malgré les injonctions des quelques lamas tibétains qui jalonnent son livre. Humour noir et burlesque sont au rendez-vous. Les personnages ! Tous ingérables … Tueurs, mafieux, révolutionnaires, … que des fous et des sourds qui s'ignorent… car personne n'écoute personne.
Ce livre iconoclaste est ainsi très vivifiant. Jubilatoire. Et finalement très poétique. A l'image de ce Juke-box incongru de ce Bar du Bardo crépusculaire où on peut monologuer jusqu'au bout de la nuit tout en buvant un coup ! La seule rédemption du tragique reste le grotesque.

A quand le prochain ?



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