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3.57/5 (sur 28 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Chalon-sur-Saône , 1950
Biographie :

Manuela Draeger est un des noms de plume d'Antoine Volodine, romancier français.
Depuis 2002, elle publie régulièrement de petits romans pour adolescents à l’École des loisirs.

Source : Wikipedia
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Rencontre animée par Pierre Benetti Depuis plus de trente ans, Antoine Volodine et ses hétéronymes (Lutz Bassmann, Manuela Draeger ou Eli Kronauer pour ne citer qu'eux), bâtissent le “post-exotisme”, un ensemble de récits littéraires de “rêves et de prisons”, étrangers “aux traditions du monde officiel”. Cet édifice dissident comptera, comme annoncé, quarante-neuf volumes, du nombre de jours d'errance entre la mort et la réincarnation selon les bouddhistes. Vivre dans le feu est le quarante-septième opus de cette entreprise sans précédent et c'est le dernier signé par Antoine Volodine. On y suit Sam, un soldat qui va être enveloppé dans les flammes quelques fractions de seconde plus tard, quelques fractions de seconde que dure ce livre, fait de souvenirs et de rêveries. Un roman dont la beauté est forcément, nécessairement, incandescente. À lire – Antoine Volodine, Vivre dans le feu, Seuil, 2024. Son : Axel Bigot Lumière : Patrick Clitus Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan

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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Volgone Krof se reconnaissait de loin : un béret en laine bleue dans lequel étaient piqués des plumes multicolores, un pardessus gris qui recouvrait une robe de chambre verte, des bottes en caoutchouc jaune, et la tête d'une vieille grand-mère. Elle animait l'atelier "Connaissance du chou", et comme je n'étais pas allé à la dernière séance, je me suis approché d'elle en bafouillant. Il fallait que je trouve une excuse.
- Je n'ai pas été aux choux avant-hier, ai-je commencé. Euh... j'ai été absent sans cause, c'était à cause de... parce que...
- Oui, Bobby, j'ai vu que tu n'étais pas là, a dit Volgone Krof d'un air de reproche. [...]
- On a parlé du bébé chou de Shanghai, a dit encore Volgone Krof.
- Ah oui, le baby chou, ai-je hasardé.
- Le baby bok choy, a corrigé Volgone Krof.
J'avais les joues brûlantes.
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La musique enveloppait les voyageurs qui patientaient sur le quai, la musique se glissait par leurs oreilles jusqu'aux centres secrets de leurs souvenirs et de leurs rêves. Et les images qui se formaient dans leurs têtes étaient si impressionnantes et si belles qu'ils se mettaient à frissonner, ces voyageurs, et préféraient attendre le train suivant plutôt que de monter dans les voitures.
J'ai écrasé une larme qui me coulait près du nez et je me suis engagé sur les marches. La Cantate golde m'accompagnait.
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une odeur de contrôleur du RER qui a fait tomber ses clés par terre et qui se relève, une odeur de paysage peint à l’huile par un peintre nain, une odeur de cahier d’exercices de chimie léché par un vieux chien-loup boiteux, une odeur d’oiseau de paradis dans un ascenseur, une odeur de vieille mémé championne de tir à l’arc, une odeur de grand escogriffe en conversation avec un petit escogriffe, une odeur de balle de ping-pong abandonnée dans du vinaigre, une odeur d’ibis des neiges devant une agence de voyages, une odeur de négociant en scaphandres, une odeur de violoncelliste qui a mal aux dents, une odeur de descente de lit jetée par la fenêtre, une odeur de surmulot stupéfait d’apprendre qu’il est un mammifère, ou encore une odeur de cousin de province sur le départ.
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Des aurores étranges, des pluies parfois tellement acides qu’elles attaquent les yeux et font pleurer, des phénomènes électriques qui ressemblent à des orages, une humidité permanente, des coups de vent porteurs de miasmes, mais, dans l’ensemble, des conditions de survie acceptables pour les rares organismes qui ont franchi le cap de la dévastation.

p.140
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– Et quand on aura achevé sa construction, a ajouté la baudroie, on ne pourra plus dire que la police n’existe plus. Vous voilà prévenue, ma petite dame.
Lili Nebraska a haussé ses jolies épaules. Comme vous, comme moi, elle déteste qu’on l’appelle ma petite dame.
– Qu’est-ce que vous voulez faire d’un shérif ? a-t-elle demandé. Vous en avez tant besoin que ça ?
La baudroie n’a pas répondu. Elle était en train de façonner une bulle, un cube bleu foncé, bleu nuit, brillant, gélatineux, presque aussi gros que sa tête énorme.
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– Tu as déjà pensé à te procurer un radeau ? ai-je demandé.
– Non, pourquoi ?
– Pour le cas où un naufrage se produirait.
– Oh, moi, les naufrages, a dit Lili.
En marchant en direction du port, nous avons parlé de navires. Leur nombre avait décru depuis que les routes maritimes avaient été coupées par les glaces. Il y en avaient encore quelques-uns qui coulaient au large, mais c’était devenu rarissime. Certes, on observait de temps en temps des silhouettes qui ramaient tant bien que mal sur l’estuaire, à cheval sur des billes de bois ou des bouées, et nous aurions bien voulu en savoir plus, nous aurions aimé entendre leur récit, mais elles n’abordaient jamais de notre côté, ces silhouettes. Les courants les poussaient vers le Fouillis, et il est possible aussi que, de loin, la ville leur paraît plus inhospitalière encore que la rive du Fouillis. Peut-être qu’elles ne faisaient pas d’effort pour se diriger vers nous.
Le problème des naufrages n’était plus un problème, selon Lili. Il s’était réglé de lui-même, il appartenait à des histoires d’autrefois, comme la fabrication des dollars, les actualités télévisées ou l’interdiction d’entrer avec des phoques dans le RER.
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Le type balançait la tête lentement de côté et d’autre. C’était sa manière de montrer qu’il réfléchissait. Il avait une trogne de géant mal réveillé, sur le front une casquette rouge enfoncée jusqu’aux yeux, si on peut appeler yeux les deux petites taches grises qui luisaient au-dessus de son nez, humides de sommeil et de vin, rapprochées et comme perdues au milieu de sa face énorme. Il écarquillait ce qu’il pouvait, avec une mimique interrogative d’où les dieux avaient raboté toute trace d’intelligence. Un idiot concentré sur une réponse qui ne venait pas, un grand singe faisant face à l’inconnu, debout devant une femelle habillée en soldat. Sa corpulence impressionnante de lutteur de foire, son poids, une goutte salée qui lui coulait le long d’une joue. Il venait de sortir, la porte derrière lui s’était rabattue sur une touffeur nauséabonde, sur de l’obscurité, sur des odeurs de viande grillée, de peaux crasseuses et d’alcool. Il portait un bermuda aux motifs de fleurs hawaïennes et, sur le tronc, un tricot de corps qui avait été blanc des mois plus tôt. Tout le reste était nu, adipeux ici et musclé là.
Kree répéta sa question.
– Loka, je te dis. Tu sais comment qu’elle est morte ? C’est toi qui l’as tuée ?
Le type continuait à faire aller sa grosse figure, de l’épaule gauche à l’épaule droite et retour. Il donnait l’impression de ne pas comprendre la langue dans laquelle on lui parlait. Toute maigre ou fluette devant lui, en tenue de commando usée mais encore loin d’être en loques, Kree précisa :
– Tu l’as mangée ?
La nuit était épaisse, la rue silencieuse.
– Oui ? Non ? continua Kree.
Il était trois heures du matin et il faisait chaud. Bien qu’étoilé, le ciel n’éclairait rien. L’endroit où se tenaient Kree et le colosse avait été grossièrement recouvert de planches à la mauvaise saison, à un moment de l’année où la boue rendait trop pénibles la marche sur la chaussée, l’accès aux maisons. Sur le devant de la masure, les planches maintenant superflues craquaient dès qu’on faisait un pas. Elles accentuaient le caractère théâtral de la scène : deux personnages immobiles, un dialogue laborieux, un décor en bois, une lumière avare avec des effets d’ombre.
Le colosse était lourdement planté devant la porte, et, s’il préparait une réplique, il avait du mal à la faire sortir de sa bouche. Le hochement ralenti de sa tête se transmettait à tout son corps massif, à ses jambes massives, et, de temps en temps, alors que pourtant il ne changeait pas d’appui d’un pied sur l’autre, les planches craquaient.
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Les rumeurs vont d’un continent dévasté à l’autre. D’après certaines d’entre elles, des oiseaux à taille humaine prennent peu à peu la relève de l’humanité. Ils apparaissent à la surface des fosses communes. Leurs œufs accueillent en eux les cadavres de victimes prédestinées et leur offrent la renaissance.
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Comme les icebergs, certains endroits du Fouillis scintillaient.
– Je me demande pourquoi ça étincelle partout comme ça, fit remarquer sur ma droite le corbeau transparent.
– C’est le soleil, ai-je expliqué.
On a levé les yeux. Le ciel était d’un gris-bleu assez pâle, avec ici et là de légers nuages qui étaient en train de grossir, mais le soleil ne s’y trouvait pas.
Le corbeau transparent a hoché la tête. Il ne disait rien. Il devait attendre que je réfléchisse à haute voix.
C’est ce que j’ai fait. J’ai réfléchi à haute voix.
– Ça scintille, mais le soleil n’est nulle part, ai-je dit.
J’ai essayé de réfléchir un peu plus. Je n’avais aucune explication valable à fournir.
– C’est comme dans un rêve, ai-je fini par lâcher.
– Oui, à peu de chose près, a admis le corbeau transparent.
Je me suis tourné vers lui. Nous avions la même taille, il occupait pas mal d’espace, mais il était vraiment très transparent et je ne distinguais pratiquement rien de sa silhouette. Peut-être, à la rigueur, une vague tache translucide qui devait correspondre à son bec. Mais c’était tout.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, vous, des corbeaux transparents, mais moi, j’ai l’impression qu’on les reconnaît surtout à leur odeur. Ils sentent le torchon de cuisine. Celui-là, en tout cas, sentait quelque chose de ce genre. Un torchon ayant servi à essuyer une casserole pas très bien lavée.
– C’est difficile à expliquer, ai-je repris. Mais il n’y a pas de quoi lancer une enquête.
– Bah, a-t-il croassé. Je suppose que la police a d’autres chats à fouetter en ce moment. On m’as dit que tu étais débordé, Bobby. Tu es bien Bobby Potemkine ?
– Oui, ai-je confirmé. Et c’est vrai que je m’occupe de trop d’affaires en même temps.
– Des affaires bizarres ? a demandé le corbeau transparent.
– Oui, ai-je dit. La disparition des mis bémols, par exemple. L’enquête ne progresse pas. Ou l’affaire des coccinelles à bonnet jaune. Ou encore celle des mammouths gigognes. Ça n’avance pas. Nous n’obtenons aucun résultat.
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J’aime beaucoup Lili Nebraska. C’est une gentille. Elle m’aide à retrouver mon calme, son amitié me met en confiance. Nous plaisantons. Nous évoquons plusieurs mystères non élucidés, tels que la disparition de la lune, ou les fourmilières à visage humain, ou les grises-bêtes, ou encore l’arrestation de la grande Mimille. J’aimerais que notre dialogue se poursuive jusqu’au matin, mais, au bout d’un moment, elle raccroche. C’est tout de même elle qui remplace la police, elle ne peut pas consacrer sa nuit à gazouiller en ma compagnie, comme si elle n’avait que ça à faire.
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