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Critique de BazaR


Un petit bijou très synthétique et néanmoins très riche.

Dans ce miniconte, Voltaire veut avant tout parler d'une expédition : celle de Maupertuis, vers les pôles afin d'effectuer des mesures de méridien qui prouveraient de manière éclatante la formidable puissance de la théorie de la gravitation d'Isaac Newton. En effet, la théorie prévoit que le globe terrestre n'est pas parfaitement sphérique mais aplati sur les pôles. L'aventure sera un succès et la théorie aussi.
Je savais l'intérêt De Voltaire pour les sciences mais le niveau de connaissances qu'il distille ici m'a laissé pantois. A l'époque c'est un grand fan de Maupertuis (il finira par se brouiller avec lui à Berlin, jaloux de l'intérêt que lui portera Frédéric II de Prusse).

L'auteur enveloppe son sujet dans un écrin de récit à la Jonathan Swift, mais avec une perspective inversée – c'est l'Étranger qui vient porter son regard sur l'Humain, à la mode de Montesquieu dans Les Lettres Persanes.
Micromégas est donc un habitant d'une planète de l'étoile Sirius qui voyage beaucoup. En chemin il atteint Saturne où les habitants sont « très petits » à son échelle. Micromégas et un Saturnien partent ensemble vers la minuscule Terre où tout est de dimension minuscule. le Saturnien (appelé « le nain ») marche dans la Méditerranée de l'eau jusqu'à mi-jambe alors que l'Être de Sirius mouille à peine son talon. Il leur faut un « microscope » pour repérer les baleines. En cherchant ils finissent par tomber sur le navire de… Maupertuis.

On entre alors dans une phase quelque peu philosophique où Voltaire égratigne à peu près tout le monde, gouvernants, guerriers, religieux et même savants. Il y a un petit côté chansonnier. Mais il est moins gentil avec les premiers qu'avec les derniers. Les deux étrangers font office de caisse de résonance par la surprise que les comportements humains provoquent chez eux.
Il en ressort qu'il est préférable de faire office de relativisme dans notre appréhension d'un monde qui offre une diversité telle qu'un point point de vue tranché ne pourra jamais le saisir dans son ensemble

Je trouve la fin un peu trop rapide, voire abrupte. Voltaire n'a pas pris le temps de mettre par écrit le départ de Micromégas ni du nain, ni ne leur a permis d'exprimer leur opinion sur les gens minuscules à la vie éphémère de cette boulette de terre et d'eau. Dommage.
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