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Critique de chartel


Cette somme regroupant les contes les plus célèbres de Voltaire (Zadig, Micromégas, Candide, La Princesse de Babylone) offre une bonne entrée à celui qui souhaite découvrir l'oeuvre du grand philosophe. D'ailleurs, à tort ou à raison, Voltaire est essentiellement connu aujourd'hui pour ces fameux contes philosophiques, où sa langue acérée et son sens de l'ironie s'y déploient à merveille. Pourtant, de son vivant, ces petits contes furent écrits (j'espère que je ne dis pas trop de bêtises, les spécialistes de Voltaire rectifieront) pour satisfaire les besoins d'une aristocratie désirant se cultiver tout en se divertissant. Ils n'étaient donc pas considérés comme des écrits majeurs par leur auteur. Néanmoins, son esprit éclairé et son inextinguible volonté de combattre toutes formes de fanatisme donnent à ces récits merveilleux et aventureux une profondeur critique réjouissante et stimulante. L'ouverture de l'Europe sur le monde (premiers pas de ce que l'on nommera la mondialisation), l'accumulation des connaissances et des découvertes offrent à Voltaire l'occasion de mettre à distance et en question les réalités sociales, juridiques, religieuses ou économiques de son époque et de son pays. Ces contes présentent des tableaux souvent sombres et pitoyables d'hommes mus par un seul et impétueux ressort : le désir sexuel. Comme le conçoit Jean-Luc Godard à travers son cinéma, Voltaire met en lumière la prostitution généralisée qui régit nos sociétés, les femmes offrent leur corps soit pour subsister, soit pour améliorer cette subsistance. La grande majorité des individus acceptent de vendre, si ce n'est leur corps sexué, leur liberté, leur temps, leur santé, leurs rêves, pour quelque argent.
Cependant, Voltaire ne tombe pas dans un profond pessimisme, il reste persuadé que la raison saura un jour triompher des fanatiques, dogmatiques et autres infâmes religieux. Deux siècles et demie plus tard, des progrès notables ont été réalisés, mais il reste beaucoup à faire, les sectaires ont encore de beaux restes.
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