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Critique de MrsNobody


Comme souvent lorsque j'ai beaucoup d'attentes concernant un roman, cela me prend des années pour oser le sortir de ma pile à lire, et We all looked up de Tommy Wallach, que j'avais acheté au moment de sa sortie VO en 2015, en a donc fait les frais. Huit ans plus tard, je me suis heureusement enfin décidée à le sortir de ma PAL, et je ne l'ai pas regretté car j'ai beaucoup aimé cette lecture, qui dans l'ensemble a été à la hauteur de mes attentes.

Comment réagiriez-vous s'il y avait 66.6 % de chance qu'un astéroïde s'écrase sur Terre et anéantisse toute vie à sa surface dans à peine deux mois ? C'est la question à laquelle nos personnages sont contraints de faire face dans ce roman, alors que l'astéroïde Ardor vient d'apparaître dans le ciel, bouleversant le quotidien de l'humanité se faisant.

J'ai trouvé le sujet traité de manière originale : cette possible fin du Monde, cette menace réelle et pourtant incertaine, qui laisse la population dans un état de questionnement, d'inquiétude et d'incertitude permanent.

Car tout repose sur cette incertitude : en effet, si la fin est plus que probable, elle n'est cependant pas absolument certaine, rendant la situation particulièrement difficile à vivre pour les personnages, qui ne savent jamais tout à fait comment se positionner. Les 33,3 % de chance qu'Ardor épargne la Terre leur donnent l'espoir que la vie ne s'arrêtera pas et les empêchent de se résigner totalement, les incitant plutôt à poursuivre leur vie plus ou moins normalement, en continuant notamment à aller au travail ou au lycée. Mais en même temps, la forte probabilité que la fin du Monde se produise effectivement deux mois plus tard les poussent à vouloir profiter de la vie tant qu'ils le peuvent encore, à réaliser leurs rêves inaccomplis, à affronter leurs peurs pour ne pas avoir de regrets… Ils sont partagés entre l'envie de vivre pleinement dans l'éventualité où le pire se produirait réellement, et l'injonction à vivre comme si de rien était, comme s'ils allaient survivre, pour ne pas que le chaos s'empare du Monde. Durant tout le récit, on a donc ce suspense de savoir si Ardor va véritablement s'écraser sur Terre ou pas, et on partage l'attente et les inquiétudes des personnages.

Le tout sous fond de climat social et politique tendu, avec une gestion de la situation assez "classique" de la part du gouvernement : mise en place d'un couvre-feu, présence policière dans les rues et même dans les établissements scolaires pour assurer le maintient de l'ordre, arrestations multiples… Actions qui ne sont pas au goût de tout le monde et qui entraînent des protestations au sein du peuple.

Tout d'abord, j'ai adoré la plume de Tommy Wallach ! J'ai particulièrement aimé certaines de ses métaphores / comparaisons, toujours très inventives et imagées, et dans le même temps particulièrement pertinentes.

Ensuite, j'ai vraiment beaucoup aimé les quatre personnages principaux, qui sont tous attachants à leur manière. J'ai eu un faible pour Andy et pour le duo qu'il forme avec Anita au début, mais Peter et Eliza sont également intéressants et touchants et au final je les ai tous aimé. Ils sont tous vraiment travaillés, ont chacun une personnalité marquée, un passé, des rêves, des aspirations, des difficultés… ce qui les rend d'autant plus réalistes.

Et ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est de les voir se révéler à eux-mêmes. Si au départ ils peuvent sembler rentrer dans des cases (l'intello, le sportif, le glandeur, la paria…), on se rend rapidement compte que le contexte apocalyptique leur permet d'éviter d'être caricaturaux et les rend d'autant plus intéressants. En effet, ceux qui auraient pu sembler lisses ou sages, comme Anita et Peter, se révèlent plus rebelles qu'il n'y paraît, tandis que les "outsiders" comme Andy et Eliza se révèlent moins insouciants qu'on n'aurait pu le croire. J'ai également aimé voir ces quatre personnages très différents et qu'on ne verrait pas forcément s'apprécier devenir amis, offrant au lecteur des amitiés improbables mais fonctionnant étonnamment bien.

Et enfin, j'ai également trouvé intéressant de choisir de mettre en scène des adolescents de 18 ans comme personnages principaux, alors qu'ils sont à l'aube de démarrer leur vie d'adulte et ont quelque part plus à perdre que d'autres.

D'un point de vue plus général maintenant, j'ai beaucoup aimé la première moitié du roman, la manière dont les choses, le contexte sont mis en place, mais j'ai trouvé que ça retombait un peu ensuite, et la deuxième moitié du roman m'a un peu moins emballée même si elle ne m'a pas déplu non plus. J'aurais aimé que le roman se concentre un peu moins sur le sort des quatre protagonistes, ou plutôt qu'ils nous en dise un peu plus sur le contexte général de ce qui se passait sur la planète (éléments d'informations dont j'ai trouvé que nous avions de moins en moins à mesure qu'on progresse dans l'histoire), car on finit par ne plus ressentir autant ce climat d'angoisse et d'incertitude qui devrait pourtant au contraire s'intensifier à mesure que l'échéance se rapproche.

J'ai également était légèrement déçue par la fin. Même si je comprends le choix de l'auteur et trouve qu'il fait sens, et particulièrement pour une histoire comme celle-ci, je m'attendais à autre chose.

Mais dans l'ensemble, cela reste une très bonne lecture, une histoire intéressante et originale, qui nous pousse inévitablement à nous demander comment nous réagirions personnellement si un scénario similaire venait à se produire. Les personnages sont travaillés, profonds et attachants, et évitent les stéréotypes des rôles auxquels ils sont assignés. Un livre bien écrit, une plume inventive et fluide que j'ai personnellement adoré. En somme, malgré une deuxième partie légèrement en demie-teinte, c'est une lecture que je recommande si vous aimez les histoires de fin du Monde !
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