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Citations sur Le plus clair de la lune (12)

Une oreillette bluetooth à l’oreille, Titi avait les mains sur le volant. Telles des lucioles, les lumières filaient de part et d’autre de la voiture. Titi savait que, sous le calme de l’avenue, le sous-sol était plein de cris, de rames de métro qui se croisaient, de pas innombrables. En revanche, sur l’avenue, le flot des voitures roulait sans bruit. Dans le calme comme dans l’action, la ville était véhémente et pleine de force. Maintenant Titi l’avait rejointe, elle en faisait partie. La voiture traversait un nouveau quartier, tout comme Titi était une nouvelle venue. Sans mesquines idées préconçues, elle aimait les quartiers neufs. A cause de leur nouveauté, il n’y avait pas de saleté, ils étaient lisses et brillants. A l’entrée d’un échangeur, un embouteillage les arrêta, mais Titi ne s’énerva pas. Dans les files de voiture autour d’eux se trouvaient des hommes ou des femmes à l’air attentif derrière le pare-brise, et parmi eux le visage de Titi. Les voitures bougèrent, se croisèrent lentement, certaines entrant, d’autres sortant, dans un grand embrouillamini, tel un courant qui aurait franchi un tourbillon, et brusquement tout redevint fluide. Quand on roulait sur l’échangeur surélevé, le spectacle était différent, les voitures passaient à mi-hauteur des immeubles et la lumière venant des fenêtres vous sautait presque au visage. Décrivant de grandes courbes, certaines voitures prenaient une sortie, d’autres rejoignaient le flot. A tâter ce pouls, disons qu’elles s’introduisaient dans le système sans pouvoir y échapper. Quand la Mercedes redescendit, les bruits de la ville l’assaillirent avec l’ampleur d’une symphonie, suscitant une émotion à fleur de peau. A présent, lumières et couleurs avaient une beauté banale, ou plutôt non, elles s’épanouissaient à l’ancienne, comprimées, superposées, en rangs serrés, couche archéologique de la ville : ils étaient dans les vieux quartiers. Les files de voiture traversèrent ce coeur de la ville, s’y frayèrent un chemin pour en sortir dans un jaillissement de lumières et de couleurs. Puis ils arrivèrent à destination.
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Cette ville, il faut la regarder la nuit. Les lumières forment une couverture végétale. Elles recouvrent comme l’herbe les surfaces desséchées et s’épanouissent en fleurs scintillantes. Elles se réunissent et c’est un fleuve, elles s’étalent et c’est de la mousse, elles jaillissent et deviennent lucioles. On peut imaginer combien cet ensemble est luxurieux. Les hommes de la nuit sont des oiseaux nocturnes, une autre espèce d’humains. Comme ils ont grandi dans ce milieu artificiel, ils ont une autre horloge biologique, ils tournent le dos à la nature. Mais peu importe ! Ils demeurent eux aussi dans la nature, une nature de seconde main produite par la première. Savez-vous comment on fabrique des diamants artificiels ? En copiant l’environnement naturel des vrais diamants : température, humidité et minéraux… Cela ne donne-t-il pas de beaux diamants ? Grâce aux noctambules, la nuit est vivante.

Ce terme de vie nocturne semble décadent à l’oreille, comme une vie en négatif, mais elle est en réalité l’ombre de la ville.
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Lors de leur premier rendez-vous, ils mangèrent des ailerons de requin, la deuxième fois de la langouste, la troisième du tourteau, puis des steaks, ensuite des côtes de porc, et enfin des émincés de porc au goût de poisson et une marmite de fondue variée. Assis l’un en face de l’autre, leur bol à la main, ils enfournaient le riz dans une atmosphère d’intimité. Ce n’était qu’un couple banal en train de manger, s’appuyant l’un sur l’autre pour vivre parmi la foule. Toutefois, un danger les menaçait, celui de tomber dans la prison de la vie quotidienne.
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ce fut au tour de Tseugong de parler et Titi l'écouta. Elle prit une pose moderne, tête levée, rejetant la fumée de cigarette, bouffée après bouffée, en direction de la lampe au-dessus d'elle. La fumée s'épanouissait en fleur, ses pétales transparents s'amoncelaient puis se dispersaient, se déployaient, allaient et venaient, frôlant parfois le visage de Tseugong, le rendant flou comme la lune reflétée dans un miroir, comme des fleurs se mirant dans l'eau.
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La mousse blanche débordait des chopes de bière, comme la neige à Noël. Tseugong ne buvait pas de bière, mais du tonic, pour éviter à son corps de se déformer. Les gros ventres et les poches sous les yeux, la peau terne et blanche comme la chaux, tout cela venait de la bière.
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[...] Elle était partie pour le Japon, avait découvert les fleurs de cerisiers, écouté les japonais en parler. Elle s’était dit qu'elles étaient comme ses amours avec Jian Chiseng qui s’étaient épanouies d'un seul coup et fanées de même. Elle songea a cette beauté de la langue chinoise qui ne dit pas que les fleurs se fanent mais qu'elles font leur adieux. Quel verbe extraordinaire, vraiment, que celui-la : elles prenaient congés du ciel et de la terre, elles se disaient adieux les unes aux autres. Néanmoins, a ses yeux, les fleurs de cerisiers étaient trop chétives, trop féminines de forme comme de couleur, alors qu'avec Jian Chiseng, sa liaison avait eu la violence d'une explosion volcanique. Elle fut cependant émue par la floraison des cerisiers.
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" Si abondantes que soient les eaux, je n'en prends qu'une louche pour assouvir ma soif." ( citation du Rêve du Pavillon rouge, devenu expression courante )
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Dans ses souvenirs, Hambourg était une ville sombre. Même les jours de beau temps, quand des voiles blanches miroitaient sur le lac, il avait l’impression d’un cauchemar éblouissant. C’était cependant la gare sombre qui lui paraissait plus proche de la réalité, parce qu’il pouvait la comprendre. Il s’était aperçu que toutes les gares du monde sortaient du même moule : foule mélangée, saleté et bousculade, puanteur, infractions en tous genres, auxquelles il fallait ajouter un air morose. Dans les gares se retrouvaient ceux qui n’avaient nulle part au monde où aller.
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A l’étranger, entendre votre propre langue vous fait chaud au cœur !
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Naturellement, c’était un peu obscène. Voilà pourquoi il ne fallait pas recommencer, une fois n’était pas coutume. Lui-même agirait autrement.
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