[...] il n'est jamais longtemps
en paix le royaume dont le prince est un soldat.
(I, 2)
[...] le sommeil
Est une rouille qui ronge l'âme de l'intérieur,
Et de la même façon, l'inaction forcée engendre
Tous ces noirs malcontents qui, confinés en lieu clos,
Comme les mites dans du drap sans usage, font des
ravages.
(I,1)
D’aucuns veulent croire l’âme des princes issue de causes plus puissantes que celle du menu peuple ; qu’ils se détrompent, elles sont de la même main, les mêmes passions les animent, la même raison.
Je voudrais faire brûler leurs corps dans un four dont on aurait bouché la cheminée afin que leur exécrable fumée ne puisse s’échapper vers le ciel ; ou imprégner de poix et de soufre les draps de leur lit, les envelopper dedans, et y mettre le feu comme on allume une torche ; mieux encore, mitonner un ragoût de leur bâtard et le servir à son dépravé de père pour fournir à ses reins la force de forniquer encore.
Dans notre quête de grandeur, comme des enfants étourdis qui ne pensent qu’à jouer, nous courrons après des bulles soufflées en l’air.
Le bonheur suprême d’un homme est d’avoir ses seuls actes à donner en exemple pour prouver sa vertu.
Les gloires d'ici-bas, comme des vers luisants, jettent des feux de loin, mais à les regarder de plus près, ils n'ont ni chaleur ni clarté.
SCÈNE Ire
Malfi. — Salon de réception dans le palais de la Duchesse.
ANTONIO, DÉLIO
Délio. — Soyez le bienvenu dans votre patrie, cher Antonio. Un long séjour en France vous a transformé en un véritable Français. Comment vous a plu la cour là-bas ?
Antonio. — Je l’admire. Le roi procède sagement en épurant sa propre maison avant de réformer l’État et le peuple.