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La Pesanteur et la Grâce est une méditation de Simone Weil sur la misère de l'être humain soumis au Bien et au Mal mêlés, c'est-à-dire à la pesanteur qui freine l'élan de l'âme vers le Ciel. La grâce, seule, la libère et lui ouvre les portes de l'Amour divin. Comment parler de ce recueil de pensées disparates en apparence ? Qu'en ai-je retenu et surtout en ai-je bien compris le sens ?
S. W. est une sorte de météore, à l'âme incandescente, qui au cours de sa très brève existence, (elle n'a vécu que 34 ans) a voulu comprendre l'Absolu. Comment accéder à l'Amour divin, à la Pureté vraie, à la Justice authentique, à la Beauté sans mélange ? Pourquoi la Souffrance ? Comment peut-elle nous faire grandir ? N'est-elle pas nécessaire ? Quelle est notre responsabilité dans ce Mal qui ronge le Monde, et qui pourtant semble relever de la Nécessité ? Comment accède-t-on à Dieu ? Par la Croix ? Pourquoi doit-il demeurer un Dieu absent ?
S. W. désoriente souvent dans cette quête de Vérité, de spiritualité absolue. Elle incarne un mysticisme intransigeant, mysticisme qui se tient éloigné du « Dieu lourd », du « Dieu de tribu des Hébreux » pour lui préférer la Croix dont le sacrifice qu'elle symbolise lui apparaît plus universel, plus propre à embrasser l'Humanité tout entière dans cet Amour divin vers lequel la grâce doit la conduire.
La quête de S. W. trouve ses racines dans l'enfance ; en effet, la petite fille manifeste déjà de la compassion à l'égard de toute souffrance, toute injustice et ce, non seulement par ses larmes, mais par des actes de partage. Jeune adulte elle conforme ses convictions ou ses intuitions spirituelles à ses actions et à sa vie pour tout dire. Elle est l'opposée des philosophes de salon, comme nous en connaissons tant.
Ainsi, cette normalienne enseignante pouvait-elle parler de la condition ouvrière pour l'avoir vécue en usines – condition qu'elle a décrite dans ses carnets, et pour avoir milité aux côtés de syndicalistes.
Ainsi se soumettait-elle volontairement aux privations par solidarité avec ceux qui souffraient des restrictions de la guerre.
Ainsi a-t-elle éprouvé le risque physique, en allant aider sur place les républicains espagnols durant la guerre civile, non sans porter un regard critique sur les cruautés des belligérants.
Ainsi, s'est-elle engagée auprès du général De Gaulle à Londres avec la volonté de se retrouver en France sur le terrain même de la Résistance. Mais cette jeune passionnée en a été privée, isolée qu'elle était au sein du groupe londonien.
En tout cas, au-delà de son action durant sa courte vie, elle a laissé des pages d'une incomparable élévation intellectuelle et spirituelle, comme la Pesanteur et la Grâce, entre autre. Il n'est pas toujours aisé d'en saisir les références souvent allusives. Par exemple, si l'on ne connaît pas Platon on ignore ce qu'est le Metaxu, de même, le discours d'Eupalinos renvoie à un texte de Paul Valéry sur cet architecte de Samos, Arnolphe et Agnès nous sont plus familiers, y compris certaines citations de la Bible, etc.
Les pensées de S. W. sont donc parsemées de raccourcis dont le sens paraît si évident à l'auteure qu'elle ne prend pas toujours la peine de développer pour la plus grande perplexité du lecteur non initié.
Les babéliens ont posté de nombreuses citations de la Pesanteur et la Grâce, il n'y a donc pas lieu d'en rajouter. Mais une telle lecture lave l'âme. Pat.
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comme des notes prises en hâte après une transe. des mots hachés en format télégraphique, comme si écrire faisait mal, mal à trouver le mot juste. elle semble n'avoir écrit que pour elle, pour tenter de comprendre son propre délire, plus que pour nous.

Simone est une mystique. la pesanteur, c est ce qui nous attache (au sens bouddhiste), c est la bassesse humaine, le superficiel. la grâce c'est la création, ne pas juger, libérer son énergie. c est “aimer dieu à travers la destruction de Troie et carthages”.

L'auteur fait fréquemment référence à la philosophie indienne et bouddhiste et aux upanishads: l'atman et l'idée d'immerger son âme dans le monde, faire fi des sensations pour atteindre la vision vraie et saisir la réalité,vaincre l'attachement, parvenir au non-agir. Simone Veil regarde aussi vers Platon et réfère fréquemment au mythe de la caverne.
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Une grande mystique, digne de Sainte Thérèse d'Avila, qui trouve son chemin spirituel, de l'engagement révolutionnaire pendant la guerre d'Espagne, au seuil du christianisme. La Pesanteur et la grâce est l'apogée de son oeuvre publiée grâce au paysan-philosophe chrétien Gustave Thibon.
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L'avare, par désir de son trésor, s'en prive. Si l'on peut mettre tout son bien dans une chose cachée dans la terre, pourquoi pas en Dieu ?

Mais quand Dieu est devenu aussi plein de signification que le trésor pour l'avare, se répéter fortement qu'il n'existe pas. Éprouver qu'on l'aime, même s'il n'existe pas.
Simone Weil, La Pesanteur et la grâce.


Une façon de bondir par-delà la foi, de se délester des problèmes de la foi en saisissant soudain que ce sont de "faux problèmes" (au sens où l'entendait Bergson) : choisir l'amour en lieu et place de foi, comme manifestation d'indifférence à la foi, moyen de s'en passer.
Lien : http://vitanova.blogspot.com..
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Je me suis d'abord lancé dans cet ouvrage parce que Weil a un parcours de vie qui fascine. Elle qui a passé volontairement du côté des intellectuels et de la reconnaissance à celui de la précarité et du monde ouvrier dans une quête sincère de vérité a de quoi impressionner n'importe qui. Ensuite parce que la figure de Dieu et, surtout, le fait de croire sans preuve du seul fait que cette capacité nous a été donnée m'intriguent depuis un très jeune âge. J'ai néanmoins abandonné ma lecture des aphorismes de Weil un peu avant la fin du livre parce que le développement d'une pensée religieuse qui prend le christianisme pour référence suprême et absolue m'a plus dérangé que je ne l'aurais cru. Je savais que l'ouvrage serait chrétien, mais pas qu'il serait si obstinément chrétien. Et j'ajouterais que, dans le contexte actuel d'immense hostilité envers la pratique islamique et judaïque, cette vision de la chrétienté comme de la vision la plus vraie et la plus pure de la croyance heurte ma sensibilité laïque et féministe...
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Un ouvrage d'une rare intelligence spirituelle. Un sens de la formule très affûté. Des déclarations sur Dieu qui répondent à des énigmes difficiles. Simone Weil avait un esprit peu ordinaire et savait pénétrer les mystères de la foi comme peu d'âmes religieuses.
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Livre idéal pour aborder l'oeuvre Simone Weil...........
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Une intuition divine, une cosmogonie spirituelle, un texte incontournable.
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