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Critique de Eric75


Eric75
02 décembre 2015
Vous en avez tous entendu parler, c'est le plus beau, le plus malin, le plus débrouillard, le plus marteau, le plus pince-sans-rire, le plus couteau-suisse… c'est le MacGyver martien ! Lui seul est capable de survivre 549 jours sur un caillou rouge situé dans les meilleurs jours à 400 millions de kilomètres de la Terre, où la température baisse la nuit pour atteindre les -133°C, où l'atmosphère ne contient qu'une infime trace d'oxygène (0,1%) perdue dans du dioxyde de carbone quasiment pur (96%), en faisant pousser des plants de pommes de terre, à partir de quelques brouettées de sable rouge stérile, d'excréments lyophilisés et d'une bonne réserve de tubes de colle et de rouleaux adhésifs.

Vous en avez tous déjà entendu parler, forcément, car ici sur Terre, vous avez tous vu sa tronche d'astronaute en combinaison spatiale s'exposer sur les Abribus et les Colonnes Morris, en raison du fait que, cela ne vous a pas échappé non plus, Ridley Scott a décidé d'adapter en 2015 le roman d'Andy Weir en blockbuster 3D, avec Matt Damon dans le rôle de Mark « MacGyver » Watney.

Je ne vais pas revenir sur le scénario, abondamment décrit ici ou là, et fidèlement retranscrit dans la version filmée. le suspense du livre (et du film) fait entrer celui-ci (et celui-là) dans la catégorie des oeuvres de fiction où il est bon de s'interroger et de décider s'il convient d'aller voir « d'abord » le film parce qu'il est sorti en salle, au risque de dénaturer le plaisir de lecture, ou s'il est préférable d'entreprendre « d'abord » la lecture du roman, au risque de louper le film une fois celui-ci retiré de l'affiche ou d'en spoiler le contenu. Pour ma part, j'ai coupé la poire en deux, en allant voir le film en plein milieu de la lecture du livre, ce qui a flingué toute possibilité de pouvoir apprécier l'un ou l'autre dans son intégralité et d'un oeil neuf, mais je m'en fous, je connaissais la fin.

En fait, tout au long de cette aventure martienne, le lecteur frémit avec le héros devant tant de coups du sort et de c'est la faute à pas de chance, mais aide-toi le ciel t'aidera, haut les coeurs, vaille que vaille, Mark Watney pourra toujours se débrouiller pour trouver des ressources insoupçonnées et des solutions de bon aloi et faire face à l'adversité. On est un peu comme chez Robinson Crusoé, le MacGyver du XVIIe siècle prisonnier de son île, mais ce sera ici sans Vendredi, car aucun groupuscule de martiens anthropophages ne viendra perturber la quiétude du lieu.

C'est peut-être ce que certains reprocheront au roman, cette absence de « méchant » se profilant à l'horizon pour soutenir la tension dramatique du récit, même Hergé avait prévu un passager clandestin dans sa fusée lunaire, pour ne pas en rester à la prouesse technologique. Tous les habitants de la planète font cause commune avec le héros martien. Notons qu'un technocrate de la NASA, seul sur Terre pour le coup, prendra une décision rationnelle menaçant de mettre fin prématurément à la mission de sauvetage, mais ouf, ce danger est aussitôt écarté et facilement contourné, ils sont comme ça, à la NASA, tous des rebelles faisant fi des ordres de la hiérarchie.

On l'a bien compris, le suspense n'est ici soutenu que par la succession de catastrophes et de défis technologiques à solutionner, et après tout, pourquoi pas. le moral d'acier, le caractère enjoué et le sens de l'humour inoxydable de Mark Watney dans les situations les plus périlleuses donnent un supplément d'âme à cette « hard science » qui n'est jamais aussi ennuyeuse qu'on pourrait le croire, dès lors qu'elle ne sert qu'à relancer l'action et à donner du rythme au récit, et non pas à l'empeser sous des couches exagérées de descriptions savantes et interminables, comme c'était le cas au XIXe siècle dans certains romans de Jules Verne par exemple. le style « Journal de bord » du récit, écrit à la première personne par un naufragé en situation de survie, permet d'éviter les fioritures inutiles et d'aller droit au but.

Andy Weir réussit là un petit exploit, car le sujet n'est certes pas nouveau (citons simplement le film Robinson Crusoé sur Mars de Byron Haskin, dont le titre est on ne peut plus évocateur), mais son roman est peut-être le premier à s'inscrire dans le prolongement d'une actualité récente de la conquête spatiale et des projets officiels de la NASA (la récupération des éléments de Pathfinder est à ce titre très révélateur) et ceci donne une grande crédibilité au récit. On en redemande.

Alors une suite pour bientôt ? Pourquoi pas un Retour sur Mars ? Hey, Aaaandy ? Dis-moi ouiiiiii ! Ohouwooowooooooo !!!
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