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Citations sur Pour une psychologie de l'éveil : Bouddhisme, psychothéra.. (12)

Dans la pratique du Mahamoudra/Dzogchen, les méditants découvrent la conscience non duelle, au départ dans des visions momentanées, à mesure que la focalisation sur des objets de conscience diminue peu à peu et qu'ils apprennent à demeurer dans la présence ouverte, dans ce que Franklin Merrill-Wolff nommait la « conscience sans objet ». Cette présence non duelle pourrait être décrite en termes de qualités telles que la profondeur, la luminosité ou la qualité d'espace, pourtant, dans son immédiateté, il n'y a pas de réflexion cons­ciente d'elle-même vis-à-vis d'un attribut de cette sorte. Au lieu de cela, on demeure simplement dans la clarté d'une cons­cience amplement ouverte et éveillée, sans la moindre tenta­tive d'altérer ou de fabriquer sa propre expérience.

Il s'agit ici d'une reconnaissance directe, consciente d'elle-­même, de notre propre nature en tant que pur être, sans réflexion sur elle-même. Quand l'attention est tournée vers l'extérieur, la perception est claire et aiguisée, étant donné qu'elle n'est pas revêtue de concepts. Le monde n'est pas vu comme quelque chose de séparé de la conscience et il n'est pas non plus moins vif ni immédiat que la conscience elle-même. La conscience n'est pas non plus perçue comme quelque chose de subjectif, « de ce côté-ci », séparé des apparences. La cons­cience et ce qui apparaît dans la conscience co-émergent mutuellement en un champ unifié de présence.

Dans ce champ unifié de présence, ni les perceptions ni la conscience ne peuvent être objectivées comme quelque chose que l'esprit puisse saisir. Cette qualité insaisissable de l'expé­rience est le sens fondamental du terme bouddhiste vacuité. La tradition du Mahamoudra parle du caractère inséparable de la vacuité et de la conscience, de la vacuité et de la clarté, de vacuité et de la forme, de la vacuité et de l'énergie. Nous pourrions aussi parler du caractère inséparable de la vacuité et e l'être. La présence pure est la réalisation de l'être-en-tant-que-vacuité: être sans être quelque chose. L'être est vide, non pas parce qu'il manque de quoi que ce soit, mais parce qu'il ne peut être compris en terme de point de référence quelconque en dehors de lui-même. L'être est précisément ce qui ne peut jamais être saisi ni contenu dans quelque limite physique ou désignation conceptuelle que ce soit. La vacuité, en ce sens, n'est pas un « attribut» quelconque appartenant à la conscience, à la forme ou à l'être, mais il est parfaite transparence lorsque ceux-ci sont appréhendés en pure présence, au-delà de la division sujet/objet."
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John Welwood répond à Paul Shippee :
J. W. Certaines traditions spirituelles sous-estiment ou discréditent l’expérience individuelle. Elles considèrent ce que vous traversez en tant qu’individu comme un rêve n’ayant pas de signification particulière. L'une des contributions uniques de la culture occidentale moderne, et cela est particulièrement vrai en Amérique, est l’appréciation de l’expérience personnelle, Et c'est ce dont il est question avec l’intimité — la rencontre authentique, personnelle de “Toi et de Moi”. La relation intime devient alors un véhicule pour le sacré, un creuset dans lequel forger “l'âme”.
P.S. : Quelle est la relation entre éros et sexualité ?
J. W. : L’éros est l’ensemble de l’interaction dynamique entre deux êtres qui s’aiment, dont la sexualité n'est rien d'autre qu’une expression. La sexualité est naturellement sacrée, car elle est une expression de la force vitale subtile qui anime l'ensemble du corps et l'ensemble de l’univers. Quand nous faisons l'amour, nos énergies subtiles s’interpénètrent d’une manière plus fine que notre contact grossier au niveau physique. Seuls les êtres humains font l'amour à travers la sexualité, parce qu'ils sont les seuls à s'étendre et à demeurer face à face, avec les parties les plus tendres de leur corps — ventre et cœur — totalement exposées et en contact.
Quand l'esprit moderne réduit la sexualité à une fonction physique grossière ou à un instinct animal subordonné à l'ego rationnel, il s'engage dans une forme de sacrilège. Plus nous essayons d’emprisonner ou de manipuler l’expérience sexuelle, plus nous perdons le contact avec sa capacité à dévoiler le mystère de l’expérience humaine.
p.369/70
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Dans un groupe au sein duquel l'estime de soi dépend de la Cause, le doute est un péché mortel.
Et puisque l'allégeance à la Cause est en premier lieu fondée sur une croyance, tout autant que sur des besoins émotionnels d'appartenance et d'approbation, plutôt que sur une authentique recherche de vérité ou sur une discipline de connaissance de soi, l'idéologie le est souvent utilisée pour justifier moralement un comportement discutable. La Cause a la préséance sur la décence commune et sur le respect de la dignité humaine.
p. 354
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Nous avons perdu le sens sacré originel de l'amour passionné.
Nous avons aussi perdu le sens sacré originel du chemin spirituel, qui implique de s'abandonner à un principe transcendant qui est plus grand que nous-mêmes et guide nos vies. Quand vous rencontrez un maître qui réellement vous va droit au cœur, quand vous tombez amoureux d'un maître et d'un enseignement, cela vous sort de vous-même, cela vous arrache à votre petit monde confortable de schémas habituels. Bien que vous puissiez être attiré par ce maître et cet enseignement, vous ne pouvez les posséder de quelque manière conventionnelle que ce soit. La rencontre d'un maître authentique suscite donc à la fois toute votre saisie conditionnelle et votre passion inconditionnelle. Cela vous permet de travailler sur la passion qui fait partie intégrante de votre chemin.
Comme vous apprenez à distinguer entre saisie et dévotion, vous commencez à comprendre la nature plus profonde de la passion — en tant que porte vers l'expérience d'abandon. Le chemin spirituel est une histoire d'amour qui brise le cœur, parce que l'enseignement ultime, qui n'est rien d'autre que la vie elle-même, traite de l'abandon et non de l'acquisition. Dans le chemin spirituel, il est question de “perdre ça”. Du point de vue de l'ego, cela semble choquant ou menaçant. Cependant pour notre être qui se sent encombré par le poids de nos compulsions égocentriques, c'est un soulagement. C'est ce qui rend la passion tellement intrigante : perdre ça — nous défaire des schémas de personnalité anciens qui nous enferment est à la fois totalement effrayant et excitant.
p. 345/46
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Si la passion est notre énergie vitale rayonnant naturellement vers l'extérieur, la fixation étroite sur l'objet de la passion est alors comparable au filtrage de l'énergie du soleil à travers une loupe grossissant. La situation devient trop brûlante et va bientôt partir en fumée.
Il est donc important de réaliser que lorsque notre passion se fixe sur une autre personne, nous projetons notre propre rayonnement, que l'autre nous reflète et nous aide à expérimenter. D'ordinaire, nous ne voyons pas comment ce rayonnement provient de nous. Il se peut aussi bien sûr que nous reconnaissions la beauté rayonnante de celui que nous aimons. Mais quand nous commençons à idolâtrer ou à devenir dépendants de ceux que nous aimons, c'est parce que nous leur attribuons beaucoup trop de ce qui, en fait, est notre essence. Résultat, ils semblent être plus grands que la vie elle-même, alors que nous nous sentons misérables. Et plus nous sommes obsédés et dépendants, plus nous nous sentons pauvres. De cette manière, la passion devient destructrice quand nous manquons de reconnaître sa vraie nature et sa véritable origine.
Cette déchéance est également courante dans les communautés spirituelles corrompues …
p. 341
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Chaque être humain reconnaît intuitivement en son for intérieur la valeur de l'amour inconditionnel. Dans l'amour, nous expérimentons la joie la plus. grande quand nous pouvons nous ouvrir à l'autre sans réserve. en cessant de juger et en appréciant pleinement l'autre simplement pour ce qu'il ou elle est Et nous nous sentons le plus aimés quand les autres nous reconnaissent et nous répondent de la même manière. L'amour inconditionnel a un pouvoir immense, il éveille en nous une présence plus vaste qui nous permet de sentir l'immensité et la profondeur de ce qu'est un être humain. C'est la présence du cœur.
Nous expérimentons souvent des éclairs d'amour inconditionnel de façon plus vive dans les débuts et les fins — à la naissance, à la mort ou dans les premiers instants où nous tombons amoureux — quand la pure telléité* de l'autre personne transparaît et nous touche directement. Les parties dures et figées qui sont en nous commencent à fondre et à s'adoucir, à mesure que l'émergence spontanée de l'amour nous réchauffe comme le soleil au printemps. Pourtant assez rapidement, en particulier dans les relations intimes, nous sommes confrontés à nos peurs, nos retenues ou nos prudences intérieures vis-à-vis du fait de laisser notre amour s'écouler trop librement. Allons-nous être balayés ? Pouvons-nous nous autoriser à être aussi ouverts ? Allons-nous être blessés ? Pouvons-nous faire confiance à cette personne ? Serons-nous en mesure de voir nos besoins satisfaits par cette relation ? Pouvons-nous vivre avec les choses qui nous irritent chez l'autre ? Ces réserves nous amènent à poser des conditions à notre ouverture ne peux être aussi ouvert et aussi vulnérable avec toi que si .... mes besoins sont satisfaits ; que si tu m'aimes autant que je t'aime ; que si tu ne me fais pas de mal ... »
Ce tiraillement entre aimer de façon inconditionnelle et aimer sous conditions rehausse la tension entre deux différents côtés de notre nature — l'ouverture inconditionnelle du cœur et les manques et les besoins conditionnels qui font partie de notre personnalité. Pourtant, cette tension même entre amour conditionnel et inconditionnel, lorsqu'elle est clairement perçue et que nous travaillons dessus, peut en réalité nous aider à apprendre à aimer plus profondément. La friction entre ces deux aspects de notre nature peut allumer un feu purificateur qui éveille le cœur au défi réel, au risque exorbitant et au cadeau immense de l'amour humain.
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(*ou les choses telle qu'elle sont)
p. 326/27
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Dans les traditions spirituelles, la réflexion contrôlée sert aussi de tremplin sur le chemin vers une plus grande présence. Dans l’enseignement de Gurdjieff, par exemple, une observation de soi concentrée est ce qui permet aux gens de sortir de “la mécanicité” et de pouvoir accéder à une présence plus aiguë qu’il nomme “le rappel de soi”*. Bien que la psychothérapie et la pratique spirituelle puissent toutes deux incorporer réflexion et présence, la base de départ de la psychothérapie est la
réflexion alors que celle de la spiritualité est la présence.
Je voudrais conclure par quelques considérations, destinées aux étudiants occidentaux des domaines plus avancés de la conscience contemplative. Comme l’histoire le prouve, stabiliser la présence pure de rigpa dans la réalisation continue de
l'auto-libération semble être assez rare, même parmi les pratiquants assidus du Dzogchen/Mahamoudra. Cette tradition s'est épanouie au Tibet, dans une culture beaucoup plus simple et posée que la nôtre,qu’offrait également un “mandala social” ,
ou un contexte de cohésion culturelle,qui soutenait des milliers de monastères et d’ermitages dans lesquels la pratique de la méditation et la réalisation pouvaient être florissantes. Pourtant, même là, des années de pratique préliminaire et de retraite solitaire étaient recommandées d’ordinaire comme travail de base pour une complète réalisation non duelle, que l’on décrivait parfois comme le toit en or qui couronne
l’ensemble de l’entreprise spirituelle.
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*Bien que : « L’observation de soi, ça ne sert à rien si c’est encore l’ego qui la fait ! » page 52, « Dans l’intime d’un chemin » “Disciple et compagne” — Véronique (Loiseleur) Desjardins - Les Éditions du Relié © 2019 Paris
p.177
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Quand le centre d'intérêt de la conscience se déplace d'un sentiment en tant qu'objet de plaisir ou de douleur, que l'on aime ou que l'on n'aime pas, que l'on accepte ou rejette — à notre état de présence à lui, cela nous permet de découvrir des ressources et une sagesse nouvelles cachées en lui, pendant que nous évoluons du domaine de la personnalité à l'espace plus vaste de l'être. De la présence à la colère émerge souvent une force ; de la présence au chagrin, une compassion ; de la présence à la peur, un courage et un sens de la réalité ; de la présence à la vacuité, une qualité d'espace grandissante et une paix. Force, compassion, courage, espace et paix sont des qualités différenciées de l'être — différents modes à travers lesquels la présence se manifeste. De cette manière, être pleinement présent à soi “triomphe de la guerre intérieure”, du moins pour un temps, entre soi et autre, entre “moi” et “mon expérience”.
p. 167
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En tant que conscience s’illuminant elle-même et illuminant simultanément tout le champ d'expérience, la présence pure est un engagement intime, plus qu'un détachement par retrait. Contrastant avec la réflexion, elle n’implique pas le moindre “faire”, comme l'indique le grand maître dzogchen Longchenpa lorsqu'il dit : «  Au lieu de chercher l'esprit avec l'esprit, soyez ! »
p. 160
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À chaque fois que nous nous autorisons à expérimente quelque sentiment difficile ou à chaque fois qu'une vieille identité commence à se défaire, l'espace plus vaste de notre être, que ce sentiment ou cette identité avait obscurci, commence à se révéler. C'est un moment éprouvant, car il peut souvent être vécu comme si l'on tombait à travers l’espace. Si, à ce stade nous résistons à l’espace, la chute devient terrifiante et nous pouvons tenter de faire avorter l’expérience, de nous “ressaisir” en nous contractant et en nous crispant. Cela nous empêche de nous libérer de la vieille fixation qui commençait à se dissoudre.
Toutefois, si nous pouvons apprendre à nous détendre dans l’expansivité qui se déploie, nous pouvons alors commencer à découvrir l’espace comme un support : le fond de notre être notre être nous soutient vraiment. Nous risquons en même temps de nous sentir extrêmement légers, comme si nous flottions sur un lit de nuages. Une fois que nous avons fait cette découverte, la perte de nos vieilles identités devient beaucoup moins effrayante.
Ainsi, quand nous refusons l’espace, celui-ci semble menaçant et nous ressentons alors le danger de nous perdre en lui — dans le trou noir du non-être.
p. 124
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