Aujourd'hui, la matinée est d'une beauté exceptionnelle. C'est l'hiver. Le rude hiver canadien. J'aime bien cet hiver. Un tel hiver, précisément. Rude. Plus il fait froid, mieux je me sens. Ce sommeil hivernal de la nature, cette nuit recouverte d'un édredon assorti à mon humeur. Cette sensation voluptueuse. Les gens se cachent chez eux. Les enfants ne hurlent pas dehors, les couples ne trainent pas sous mes fenêtres. Tout est blanc, presque violet. La neige emmitoufle amoureusement les arbres nus et solitaires. La neige est généreuse. Soi-disant froide, alors qu'elle procure tant de chaleur. Si pure, innocente.
Il existe un monument au soldat inconnu, mais point de monument aux parents inconnus. Intéressant de savoir pourquoi.
Comme c'est difficile de vivre. Comme c'est difficile de mourir. Je ne sais pas vraiment pourquoi je dois mourir, mais je ne sais pas non plus pourquoi je dois vivre.
p. 58