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Critique de 5Arabella


Victor, parvenu à 38 ans a quitté son rémunérateur travail dans la presse et la publicité, il est revenu dans la maison de son enfance, et fait en quelque sorte le bilan de sa vie, en particulier en revenant sur son histoire familiale et en premier lieu sur l'existence et la malchance persistante de son père, qui ont évidemment marqué sa propre destinée. C'est en fait trois générations de cette famille de Finlandais svédophones qu'il nous conte par petites touches, en ne suivant pas toujours forcement l'ordre chronologiques, en donnant la place centrale aux hommes de la famille: Bruno, son grand-père homme d'affaires, son frère Leo, professeur aux méthodes d'enseignement iconoclastes, Werner son père, pêcheur, lanceur de marteau, écrivain et tant de choses encore, et enfin le narrateur lui-même.

Au-delà de cette histoire familiale, c'est aussi l'histoire sur un presqu'un siècle de la Finlande, et de ces fameux Finlandais svédophones, dont Victor, comme l'auteur lui-même est un représentant.

Même si le livre est parcouru par moments d'une douce folie et de cocasserie, les sentiments qui se dégagent le plus à mon sens de ce récit, sont la mélancolie, une douce tristesse, le regret des choses rêvées et inaccomplies, une profonde poésie des petites choses du quotidien, un sentiment d'échec et d'insatisfaction des personnages, sans que l'on puisse vraiment saisir ce qui le provoque, ce qui a dérapé, à quel moment et pourquoi. Il y a aussi le regret d'un monde qui disparaît sans espoir de retour, avec son charme et sa beauté, sa simplicité aussi, et l'agitation, la laideur, et la banalité du monde qui le remplace.

Werner, qui est le personnage au centre du récit, beaucoup plus qu'un malchanceux chronique, est pour moi un dilettante, quelqu'un qui fait les choses parce qu'il aime les faire, au moment et de la façon qui lui conviennent le mieux, sans forcement avoir en tête la performance, l'efficacité, le rendement optimum. Et c'est pour cela qu'il est condamné, qu'il appartient au passé, qu'il n'a plus sa place dans un monde qui devient celui de professionnels dont l'objectif est l'efficience maximum, le geste le plus juste et le plus économe et non pas le plus beau ou celui qui apporte le plus de plaisir.

Et puis avant d'être malchanceux, tous ces Skrake, me paraissent avant tout inaptes au bonheur, ils ratent toujours le bon moment où les choses pourraient basculer, comme Victor qui ne retient pas Jinx, et ne construit pas avec elle une véritable relation, autour de cet enfant qui est peut être son fils. Mais les Skrake ne s'aiment pas assez eux mêmes pour pouvoir manifester suffisamment d'amour aux gens auxquels ils tiennent, et finissent seuls.

L'auteur sait nous les rendre attachants, nous émeut et nous intéresse à leur histoire, et j'ai été ravie de découvrir ce beau roman. Une petite réserve toutefois, je pense que le livre aurait gagné à être un peu resserré, à faire quelques dizaines de pages de moins, là par moments il y a quelques répétitions et redites, par exemples on nous annonce tellement le fameux grand jet de Werner, que lorsqu'il arrive j'ai été presque déçue. Mais c'est une réserve mineure, et si vous avez envie l'envie ou l'occasion de partir à la rencontre des Skrake, n'hésitez pas, je crois que vous ne regretterez pas ce voyage en Finlande qui parle suédois.
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