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Critique de Thrinecis


A travers une galerie de personnages essentiellement féminins, Edith Wharton dresse le portrait d'une fin de siècle qui voit s'opposer la jeune Amérique gagnée par une modernité qui s'accélère (installation du téléphone, émancipation des femmes, liberté des moeurs) à la vieille Angleterre, pétrie de traditions immuables mais encore engluée dans ses rituels démodés. Cette fresque sociale traduit la parfaite connaissance de la romancière des différents milieux dans lesquels elle nous immerge, qu'il s'agisse de l'aristocratie anglaise avec ses codes ou de l'élite américaine de Saratoga Springs, non loin de New-York.

L'histoire débute aux Etats-Unis à la fin du 19ème siècle avec cinq jeunes filles en quête d'un mari. Elles peinent à trouver le mari idéal, celui dont la réputation est sans tache et dont la fortune servira les intérêts du père. Les mères délaissées ou trompées par leur mari, veillent au grain, souvent dépassées par l'impertinence et les cachotteries de leurs filles. Pour se faciliter la tâche, elles recourent à une gouvernante, censée inculquer de l'instruction et un peu de plomb dans la tête à ces jeunes écervelées et surtout surveiller leurs bonnes manières. Sur une suggestion de cette gouvernante, qui se révèle être un des personnages les plus intéressants, les familles partent à la conquête de l'Angleterre : la chasse aux maris est ouverte ! Et rapidement, chaque jeune fille va trouver le sien avec plus ou moins de bonheur. En effet, les jeunes hommes tombent sous le charme de ces américaines qui fument et s'amusent sans penser à mal, tandis que leurs mères sont choquées par ces comportement qu'elles jugent contraire aux bonnes moeurs de cette fin de siècle.

A partir de là, le roman s'attache principalement à suivre l'évolution de la plus jeune des américaines, la petite Annabel, aussi sensible que désintéressée. Si son personnage est très intéressant, il fait fortement évoluer l'intrigue vers la romance, ce que j'ai un peu regretté.

La gouvernante est le personnage le plus fascinant : dans l'ombre, telle une marionnettiste toujours animée des meilleures intentions et prête à sacrifier son bonheur personnel, Laura Testavaglia tire les ficelles et intrigue gentiment pour orienter "ses" jeunes filles vers le mari idéal. Son personnage m'a semblé insuffisamment exploité.

J'ai surtout apprécié les différents thèmes abordés, de l'émancipation féminine à la confrontation entre cette liberté de ton chère aux américains et le discours corseté des anglais. Mais outre mes regrets sur l'orientation fortement romantique du dernier tiers et sur le personnage de Laura Testavaglia, j'ai aussi quelques réserves sur la construction du roman qui m'a semblé manquer de fluidité, ce qui m'a gênée en plusieurs occasions lors de ma lecture. Donc, à rebours de nombre d'avis très positifs que j'ai pu lire sur Babelio, je n'ai pas été totalement conquise par les boucanières. Oui, le roman m'a plu mais sans plus.

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