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4,46

sur 636 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Enorme coup de coeur pour ce roman sombre et déchirant qui chevauche brillamment une multitude de genres, passant du thriller à suspense au roman initiatique, du mélo à la Dickens au western à la True Grit avec une maitrise époustouflante.

Duchess Day Radley est une de ses anti-héroïnes inoubliables, de la trempe d'une Turtle ( My absolute darling, Gabriel Tallent ), d'une Betty ( de Tiffany McDaniel ), d'une Frankie Adams ( de Carson McCullers ) ou encore de Mattie Ross ( True grit de Charles Fortis ). Une de celles qui vous marquent d'une empreinte indélébile.

13 ans et autoproclamée « hors-la-loi ». Gardienne féroce entièrement dévouée à son petit frère Robin. Endurcie prématurément, forcée d'endossée le rôle de mère pour compenser les défaillances de sa mère, Star, beauté condamnée à la dérive entre toxicomanie et dépression. Toutes les décisions qu'elle prend, mêmes les plus terribles, n'est prise que pour protéger sa famille. En fait, son histoire a commencé avant sa naissance, lorsque sa mère avait 15 ans et que son petit ami, Vince King, a tué sa petite soeur Sissy. Star ne s'en est jamais remise. Trente après le drame, Vince King est libéré de prison et retourne dans sa petite ville natale californienne. Son retour enclenche une série d'événements qui mettent en péril la vie de Star et de ses enfants.

Si le mystère d'un meurtre structure le roman, son coeur est la tragédie familiale vécue par Duchess. Chris Whitaker élabore une intrigue captivante où les crimes du présent répondent à des secrets enfouis depuis longtemps que l'auteur révèle petit à petit. Il multiplie les personnages secondaires, tous magnifiques ( tout particulièrement le shérif Walk fidèle ami d'enfance de Star et Vincent King ; la vieille sage Dolly et le jeune Thomas Noble dans le décor du Montana ) afin d'additionner les points de vue. Chacun donne sa version d'un même fait, chacun a une pièce du puzzle qui permet de comprendre l'ampleur de toute l'histoire. L'engrenage dans lequel se retrouve prise Duchess se ramifie, se complexifie avec un sens assuré de la narration. Jusqu'à une révélation finale, dévastatrice, qui provoque une montée de palpitant, de larmes, et hante longtemps le lecteur.

Ce final est d'autant plus intense que dans ce drame faulknérien, Chris Whitaker parvient à décrire la violence sans se goberger dans le sordide qui aurait pu surgir de maintes situations. Chez beaucoup d'auteurs, cela aurait donner un trop plein de mélo. Lui préfère suggérer par petites touches, tissant dans la tragédie antique une ambiguité morale oscillant dans mille teintes de gris d'où émerge un flouté culpabilité / innocence très puissant.

Et pourtant, dans toute cette noirceur qui semble inexorable, dans ce parcours accablant jonché de morts injustes, Chris Whitaker laisse percer lumière, vie et rédemption tout en évitant un happy end sirupeux, juste terriblement humain et poignant. Ce roman va m'habiter longtemps, je le referme bouleversée.
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Vous avez aimé Turtle, la jeune adolescente de quatorze ans élevée dans une vieille bicoque insalubre par son père rustre et incestueux dans « My absolute darling » de Gabriel Tallent, ou Betty, la petite guerrière indienne qui grandit au coeur d'une fratrie de huit enfants dans une maison en ruine dans « Betty » de Tiffany McDaniel, voire la petite Kya qui vit seule avec son père alcoolique dans une cabane enfouie dans les marais de la Caroline du Nord dans « Là où chantent les écrevisses » de Delia Owens ? Alors vous allez adorer Duchess, la jeune hors-la-loi de Chris Whitaker !

Duchess est une jeune adolescente de treize ans qui n'est pas née sous une bonne étoile. Une écorchée vive, fille d'un père inconnu et d'une mère légèrement toxicomane et fortement alcoolique, obligée de mettre son enfance dans le placard afin de s'occuper de son petit frère de cinq ans. Mal nourrie, mal habillée et mal élevée, Duchess Day Radley s'est forgée une carapace solide au fil des ans, s'autoproclamant même « hors-la-loi » afin d'officialiser sa rébellion. Lorsque l'homme responsable du malheur de sa mère sort de prison après trente années de réclusion, elle n'est pas la seule à craindre que de nouveaux malheurs vont venir perturber le quotidien déjà pas très folichon de la petite ville côtière de Cape Haven.

Chris Whitaker livre tout d'abord un roman initiatique profondément noir aux allures de polar, qui lève progressivement le voile sur les nombreux secrets et les nombreux drames qui ont frappé la petite communauté de Cape Haven en général et la famille de la pauvre Duchess en particulier. Outre cette enquête policière qui tient en haleine jusqu'à ce final surprenant, l'auteur livre surtout une galerie de personnages hauts en couleur auxquels il est quasi impossible de ne pas s'attacher. de Thomas Noble, le jeune noir à la main atrophiée à l'excentrique Dolly, en passant par l'assistante sociale Shelly, Chris Whitaker a l'art de croquer ses personnages avec grand brio. Mais le personnage que personne ne pourra oublier en refermant ce roman est bien évidemment la lumineuse Duchess, dont la répartie fait constamment mouche au fil des pages et qui développe des liens émouvants avec de nombreux protagonistes, notamment avec son irrésistible grand-père. Oui, cette jeune hors-la-loi frappe souvent très fort et ne manquera pas de vous faire chavirer le coeur !

Un immense coup de coeur !
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Un très beau livre indéniablement. Un roman noir initiatique d'où la lumière, singulière, jaillit de sa sombre héroïne, écorchée vive, la bien nommée Duchess Day Radley, 13 ans, une « hors-la-loi » comme elle aime le souligner, Stetson en cuir sur la tête. Comme je n'ai jamais pu oublier Betty dans le roman éponyme de Tiffany McDaniel ou encore Turtle dans My absolute Darling de Gabriel Tallent, Duchess restera en moi à jamais, vibrante et sauvage. Duchess m'a illuminée par sa noirceur même.

Le roman ne tire pas sa singularité du scénario qui est de facture très classique, un polar aux ingrédients habituels et aux ressorts bien amenés, bien gérés, et dont il ne faut surtout rien dévoiler ici. Je n'ai pas été surprise par la façon dont se déroule l'histoire et ce n'est pas l'intrigue en elle-même qui a fait que j'ai dévoré ce livre en deux jours. Non, le génie et le charme irrésistible du récit proviennent de cette façon qu'a Chris Whitaker de camper ses personnages et de les rendre incroyablement attachants. Il provient aussi de l'atmosphère du livre mêlant nombreuses descriptions d'une Amérique sauvage d'une beauté à couper le souffle, des immensités de teintes naturelles, eau et terre (notamment le Wyoming, sublime) parsemées de villes de taille moyenne où tout le monde se connait et dans lesquelles certains voisins s'impliquent dans de malsaines milices de surveillance, villes de banlieue encerclées de zones commerciales sans âme. Nous sommes dans l'Amérique profonde. La beauté des paysages parfois nous choque tant les drames que vivent les personnages dans le livre sont glauques. Cela crée un ensemble particulier, comme si les drames humains, aussi noirs soient-ils, étaient d'insignifiantes choses au regard de la nature, immuable.

« Alors, quand tu me montres tout ça, toute cette beauté, toutes ces choses que tu vois et que tu penses que je vois aussi…Sache que ce n'est rien à côté de ce que j'ai vu avant. Ce violet, dit-elle en agitant la main vers le buisson de myrtilles. Il me fait penser aux hématomes qu'elle avait sur les côtes. le bleu de l'eau, ce sont ses yeux, assez translucides pour comprendre qu'il n'y a plus d'âme derrière. Tu respires cet air et tu le trouves frais, mais je ne peux même pas prendre une seule inspiration sans ressentir un coup, poursuivit-elle en se frappant la poitrine ».

Nous sommes plus précisément, au début du livre, à Cape Haven, petite bourgade californienne où s'est joué un drame il y a trente ans. Une petite fille de 4 ans, Sissy Radley, y fut renversée et tuée par un chauffart, Vincent King, quinze au moment des faits, qui se trouvait être le meilleur ami de l'actuel policier en charge de la ville, le gentil et débonnaire Walk. le livre démarre au moment où Vincent sort de prison ayant purgé sa peine et revient à Cape Haven. Ce drame a eu des conséquences sur toute la famille Radley, provoquant le suicide de la mère, l'isolement du père et la vie dissolue de la grande soeur, Star, l'ancienne petite copine de Vincent, qui enchaine désormais boulots plus ou moins avouables et amants de pacotille, et qui s'occupe comme elle peut, c'est-à-dire mal vu les circonstances, de ses deux enfants : Duchess, qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, et le petit Robin. C'est Duchess qui joue le rôle de mère auprès de Robin et dès le départ le duo nous happe tant les liens entre les deux enfants sont forts, Duchess le défendant, le protégeant corps et âme, telle une lionne. Elle a autant de patience, de pédagogie, d'attentions, de douceur, de grâce avec son frère, qu'elle peut déployer une colère, une haine, une vulgarité, une impulsivité vis-à-vis de la société…Oui elle peut vriller et péter les plombs, elle a de la ressource Duchess, disant tout haut ce qu'elle pense tout bas, passant à l'acte parfois sans réfléchir, pour intimider et se donner de la force tant ils sont tous deux objets de moqueries et de commérages. Même si l'ennemi est un baraqué au visage glacial de tueur en série, Duchess il ne faut pas l'embêter, sa vengeance peut être terrible quel que soit l'adversaire. Une rebelle. Un petit bout de femme qui n'a presque pas eu d'enfance et qui étonne tant sa maturité côtoie des réactions enfantines. Une rebelle têtue qui pourrait énerver, qui se révèle être finalement terriblement attachante.

« Certains matins, elle surprenait le vieil homme qui regardait Robin en train de manger, ou bien avec ses poules, ou à grimper sur la herse, et il avait dans les yeux une expression moitié amour, moitié regret. Ces fois-là, elle devait lutter pour le détester, une lutte qu'elle remportait facilement dans les premiers temps, mais qui lui demandait de plus en plus d'efforts à présent ».

Aucun intérêt d'expliquer ici comment va se passer le retour de Vincent, vous imaginez bien qu'il ne va pas se passer comme l'aurait souhaité Walk. Ce dernier aurait tant aimé que tout soit comme avant, lorsqu'ils avaient quinze ans, ne voulant pas voir en son ami l'homme qu'il est mais seulement le garçon qu'il était. le malheur va de nouveau s'abattre sur Cape Haven, Vincent étant le cancer des Radley.
Attachons nous plutôt aux personnages et à la façon qu'emploie Chris Whitaker car sur ce point, indéniablement, l'auteur est très fort, voire prometteur. Il arrive pour certains personnages, plus secondaires, à nous les présenter en quelques coups de pinceaux, que ce soit le voisin fan de musculation, de voiture et de métal (voir ma citation le concernant), ou encore le voisin boucher de métier, Milton, gros, à l'odeur métallique de sang, comme incrustée en lui, dont les poils épais des avant-bras sont souvent envahis de petits morceaux de graisse ou de petits restes de viande…Ce sont de vraies caricatures qui font sourire ou donnent la nausée, et qui entourent les personnages principaux qui, eux, sont analysés au scalpel avec subtilité. C'est vrai pour Duchess, mais c'est vrai aussi pour Robin, pour leur touchant grand-père Hal (je ne cessais de voir Clint Eastwood dès qu'il apparaissait dans le roman), pour Walk, terriblement attachant, pour l'avocate Martha. Pour le jeune noir Thomas Noble amoureux fou de Duchess. Pour la vieille Dolly qui peut faire sourire par son look excentrique (cheveux roses et mini-jupe, enchainant cigarettes sur cigarettes) alors qu'elle est une belle personne au lourd passé. Et pour Vincent, le coupable, qui nous donne du fil à retordre. Tous, à différents moments, m'ont provoqué des serrements de coeur. Quelques débordements aussi, je dois avouer. Des larmes aux yeux. Des moments suspendus, le regard dans le vide.

Soulignons enfin une écriture sans surenchère, sincère avec quelques trouvailles que j'ai adorées (« Une vieille dame vint à leur rencontre, tout sourire, peau flasque et taches brunes, à croire que la terre réclamait sa chair mais que son cerveau refusait obstinément de céder ».) et, pour terminer, la magnifique couverture que souvent je regardais longuement en refermant le livre, comme pour mieux digérer le flux de pages que je venais de lire, mi-hébétée, mi-admirative. Un oeil, des lèvres, derrière un feuillage, le regard de Duchess, son murmure. Duchess à laquelle je ne cesse de penser depuis que j'ai fini ma lecture.

Au final, je ne suis pas prête d'oublier ce livre. le scénario comporte, il est vrai, quelques petites incohérences qui ne m'ont pas tant gênée, l'intrigue ne me semble pas novatrice, certes, mais l'originalité du livre se place ailleurs, dans l'atmosphère sombre où les lumières viennent des âmes qui y tourbillonnent et des paysages apaisants, refuges protecteurs. le fait de mettre au centre du livre un duo d'enfants, un frère et une soeur sur lesquels les malheurs ne cessent de s'enchaîner, peut paraitre recette facile pour toucher le lecteur. Ce n'est pas faux. Malgré tout, la recette marche magnifiquement. Chris Whithaker réussit à crever votre âme pour laisser fuser les étoiles à l'intérieur.

« Elle vit l'interminable ciel carbone commencer à se fissurer et la pluie diminuer, le bleu gagner peu à peu du terrain et le soleil bénir le sol pour la première fois en un mois »

Un immense merci à Babelio et aux belles éditions Sonatine pour l'envoie de ce livre en Masse critique privilégiée.


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À Cape Haven, l'inspecteur Dubois n'avait pas eu besoin de distribuer son portrait, tout le monde ou presque savait qui était Sissy Radley. Tout le monde ou presque s'était mis à sa recherche. C'est Walk qui découvrira le premier sa petite chaussure... le coupable : Vincent King, le meilleur ami de l'adolescent, qui, au volant de sa voiture, a percuté l'enfant âgée de 7 ans...

Trente ans plus tard, Walk est devenu le shérif de Cape Haven, une petite ville où seules quelques querelles de voisinage ou conduites en état d'ébriété occupent ses journées. Depuis toutes ces années, il n'a de cesse de veiller sur Star, la soeur aînée de Sissy, dont la mort aura entraîné le suicide de sa mère et le renoncement de son père. Quant à Star, elle n'aura connu qu'une vie dissolue, faite de petites boulots, de relations instables et d'efforts, souvent vains, pour élever ses deux enfants seule, Duchess et Robin. La sortie de prison de Vincent King, qui ravit Walk, va bouleverser la petite ville côtière de Cape Haven...


Pas de père, une mère désoeuvrée, Duchess, du haut de ses 13 ans, n'a d'autre choix, pour faire face aux tristes aléas de la vie, que de se battre. Pour elle mais surtout pour son petit frère, Robin, 5 ans, qu'elle protège et couve. Elle est une hors-la-loi, comme elle aime à le répéter. Duchess, une héroïne que l'on aime dès les premières pages, de par sa générosité, son empathie et sa volonté farouche. Si elle n'a jamais connu sa tante, Sissy, sa mort résonne encore trente ans plus tard, scellant à jamais la vie dissolue de sa propre mère, Star. Aujourd'hui bouleversée par la sortie de prison de Vincent King. Ce n'est qu'au fil des pages que l'on comprend, petit à petit, les liens qui unissent Star et Vincent, mais aussi Walk, le shérif. Ce n'en est que plus bouleversant. Car si Duchess connaît des drames, les personnages, magnifiquement dépeints et étayés, qui l'entourent semblent englués, eux aussi, dans leur propre histoire. Que ce soit Walk, le fidèle et dévoué ami ; Vincent, énigmatique et empreint de remord ; Star, l'écorchée vive ; Martha, qui a fui Cape Haven ; la vieille Dolly ou encore Thomas Noble, l'intrépide. Toute une galerie que l'on affectionne particulièrement. Jalonné de drames et de tragédies, ce roman, bien que noir, laisse percevoir de magnifiques lueurs de bonté, d'amour, de dévouement, de force, de générosité et de profonde humanité. Des plages de Californie aux paysages grandioses du Montana, Chris Whitaker, de par sa plume riche et sensible, nous plonge dans un roman poignant, déchirant et mémorable... de ceux qui vous transpercent et vous emportent une fois la dernière page tournée...
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Duchess est estampillé Romans Policiers et Polars, mais il est beaucoup plus que cela. Un roman noir dans une Amérique où parfois la justice peut se montrer expéditive, non seulement celle des hommes mais aussi l'institution.

Tout a commencé par ce qui aurait du rester un accident, un horrible accident, une enfant renversée par une voiture, mais qui va expédier Vincent, 15 ans, en prison pour adultes. Et la vie de cette petite ville côtière de Californie et du groupe d'amis auquel appartenait Vincent va en être modifiée à jamais. Et cela malgré les efforts de Walk, ami de Vincent, devenu le policier de la ville, pour que tout reste comme avant.

Le livre démarre 30 ans après, au moment où Vincent sort de prison et revient en ville. Star, sa petite amie de l'époque, part à la dérive, entre alcool, drogue et médicaments. Elle a deux enfants, Duchess qui donne son nom au livre et Robin, son petit frère, qu'elle aime d'un amour immense, et pour lequel elle est prête à tout. Suite à un enchainements de circonstances malencontreuses, Duchess, la « hors-la-loi », va commettre le geste de trop, celui qui mettra le feu aux poudres et aboutira au meurtre de sa mère.

Plus que l'enquête assez classique, ce sont les personnages et les paysages qui ont retenu mon attention. D'abord, bien évidemment Duchess, dont l'amour immense pour son frère m'a souvent émue, alors que j'ai trouvé que son refus de la moindre compromission, s'il est nécessaire pour la faire tenir debout, est quelquefois un peu trop poussé à l'extrême. Et beaucoup de critiques lui rendent hommage à juste titre. Ce n'est pas cependant le personnage que je mettrai sur la plus haute marche de mon podium dans ce roman, la deuxième surement.

Non, mon personnage préféré est moins flamboyant, on peut même le juger un peu mou au début, mais il montre cependant la même ténacité que Duchess, sans avoir son intransigeance. Il est quasiment insignifiant au départ, dépourvu d'ambition, attaché au passé. Il ne quittera pas sa ville, en deviendra le policier, traitant des délits mineurs, un peu méprisé et utilisé par les habitants de la ville. Il s'agit bien sur de Walk. Et pourtant, il est celui qui est toujours là pour ceux qu'il aime et se battra jusqu'au bout pour eux, allant jusqu'à franchir une ligne que les policiers ne devraient pas traverser. Et ceci en dépit de ce qui l'atteint lui-même, au plus intime de son être. J'ai été vraiment émue par cet homme, qui se bat pour tous, sur tous les fronts, pour qui la vie a basculé le jour où il découvre un cadavre et mène les enquêteurs au domicile de son ami et à la voiture emboutie. Une trahison selon lui dont il se souviendra toujours.

Et à coté d'eux, une ribambelle de personnages, campés avec soin, tous attachants, de Hal le grand-père à la vieille Dolly qui traine aussi des casseroles, du jeune Thomas à Martha l'avocate en tailleur et converse, ... et tous les autres.

Un roman noir, où il n'y aura pas de Happy End, mais où quelques touches de lumière et des descriptions magnifiques de la nature du Montana et du Wyoming viennent apporter des respirations bienvenues.

Une nouvelle critique après beaucoup d'autres d'un roman qui dormait depuis trop longtemps dans ma PAL, dans laquelle j'ai essayé d'apporter un point de vue un peu complémentaire. J'ai aimé Duchess, j'ai aimé encore plus Walk.

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Intense. J'aurais envie de prendre Duchess dans mes bras. Cette jeune ado est une véritable hors la loi dans la plus pure des traditions. Forte, vulnérable et avec plein d'amour à donner, elle doit se débrouiller dans une famille dysfonctionnelle et le mot est faible. Duchess est une enfant exceptionnelle. Une maman avant l'heure aussi. Il le faut bien pour contrer les carences de sa mère et s'occuper de son petit frère, Robin. Duchess et Robin auront à vivre avec les plaies, les blessures et les secrets de la mère, ses dépendances et ses travers aussi. Père inconnu, la famille vit des petits boulots de Star, la mère, et manque cruellement de tout. Cette famille vit dans le souvenir de leur tante, la soeur de Star, tuée par le petit copain de Star, Vincent. Ce Vincent qui a purgé 30 ans de réclusion et qui sort justement de prison. C'est toute la petite ville qui en fut et en est encore bouleversée.
Et la narration nous fait retrouver les événements par petites touches. Informations vives d'émotion à chaque chapitre. Un excellent suspense et des rebondissements surprenants.
Rien n'est tout blanc ou tout noir, sauf à l'adolescence. Mais tout ce que touche et fait Duchess ne se transformera pas en or. Au contraire. Les gestes posés auront des conséquences . Il faut être attentif à cette lecture car rien n'est dit qui ne soit anodin. On s'aperçoit peu à peu des liens même si l'information nous est distillée au compte-goutte.
J'ai grandement apprécié cette galerie de personnages qui m'ont marquée, qui sont complexes et que j'ai aimé découvrir. C'est un polar et c'est bien autre chose aussi.
Jeune auteur , premier roman et j'ose asseoir à la même table Chris Whitaker avec Daniel Woodrell, David Joy, Michael Farris Smith, Lize Spit pour savoir construire des personnages aussi ambigus, affirmés et solides.
Duchess est un roman bien construit avec assez d'émotions et de réalisme pour apprécier la fin étonnante, triste aussi, peu banale et presque réjouissante dans le drame.
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UNE PÉPITE, de celle qui vous laisse exsangue et totalement ébahie.
Duchess Day Radley est la digne héritière des inoubliables Betty et Turtle de My absolute darling.
13 ans et hors-la-loi, maman de substitution pour Robin son petit frère de 6 ans, Duchess est une adolescente blessée, pleine de colère et de passion, terriblement attachante, délaissée par une mère défaillante, mais aidée au quotidien par Walk, ami de la famille et policier bienveillant. En manque d'argent et de repères, la vie n'est pas facile pour la fratrie mais frère et soeur peuvent toujours compter l'un sur l'autre. Quand le passé frappe à leur porte sous les traits de Vincent King, ils n'ont pas d'autre choix que de le laisse entrer , aux risques de voir leur avenir bouleversé…

J'ai adoré ce roman noir (et pourtant si lumineux), portrait d'une Amérique en mal d'espoir, reflet d'un déterminisme social sanglant, récit initiatique magnifique, surprenant thriller psychologique. C'est un roman incroyable, passionnant, écrit remarquablement, aux personnages fouillés et cabossés.
Une vraie tragédie grecque. J'ai d'ailleurs fini le livre en apnée
Lisez-le !
Et que dire de cette couverture 😍
Une merveille ! (Comme le roman…)
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À la fois roman noir, thriller psychologique, polar et récit initiatique, "Duchess" de Chris Whitaker est un roman stupéfiant et hors du commun. La couverture, pour commencer, est superbe. Et quant au contenu, ... pfiou je ne trouve pas mes mots tellement j'ai adoré.

Commençons par les personnages. On découvre l'histoire en suivant principalement deux protagonistes :

1) Duchess Day Radley, ado de 13 ans, emplie de haine, le regard plein de défi. Elle ne pleure pas, jamais, elle refoule ses larmes. Parce que c'est une hors-la-loi, et que les hors-la-loi sont des durs à cuire. Elle rend coup pour coup. Tu fais trois têtes de plus qu'elle, t'es trois fois plus barraqué et tu lui cherches des noises ? C'est à tes risques et périls mon gars, car d'une manière ou d'une autre, tu t'en mordras les doigts...

2) Walk, seul inspecteur de Cape Haven, ami d'enfance de Star et de Vincent. Il se lève tous les matins la tremblotte aux mains. Il n'a jamais mené d'enquête réelle en presque 30 ans de carrière, sa principale occupation étant de régler les querelles de voisinnage. Il aspire à une vie tranquille, et n'aime pas du tout le changement.

Et puis, il y a un petit ami violent, un ex qui vient de sortir de prison, des voisins querelleurs, une avocate qui a tiré un trait sur le passé, un grand-père absent, etc. Tous les personnages sont subtilement bien travaillés, intéressants, intrigants, charismatiques, complexes. Duchess est un personnage haut en couleur, terrible, implacable, rebelle mais ultra attachante.

Tous sont mêlés, de près ou de loin, au drame qui vient de se produire. Un meurtre a été commis, le passé refait surface alors que le coupable semble tout désigné. S'en suit une enquête en-dehors des sentiers battus pendant que Duchess fera tout pour protéger son petit frère.

C'est dans un style tout tranquille, l'air de rien, que l'auteur développe les caractéristiques de son histoire, à savoir ses protagonistes, son contexte, son ambiance ; ambiance par ailleurs qui paraît toute douce au premier abord mais qu'on perçoit de plus en plus oppressante au fil de la lecture. Chris Whitaker nous emmène d'abord en Californie, puis dans le Montana, en passant par l'Oregon et le Wyoming, et nous mène en fait par le bout du nez sans qu'on s'en rende compte. le mystère plane du début à la fin. On sent bien qu'il y a un truc pas net depuis le début, sur lequel on n'arrive pas à mettre la main. Et quand les révélations finales voient le jour, c'est estomaqué que l'on est.

"Duchess", si je ne me trompe pas, est le premier livre de Chris Whitaker publié en France. Je découvre donc sa plume avec ce roman, très agréable, limpide, avenante, perspicace, d'un rythme plutôt calme en apparence mais qui se révèle de plus en plus hardi.

Je me suis énormément attachée à Duchess, de plus en plus touchante au fil de l'histoire. Walk est également un personnage qui ne laisse pas indifférent. le suspense est remarquablement bien entretenu et l'intrigue bien menée. J'ai accroché dès les premières pages et ai été tenue en haleine du début à la fin. Les vérités du dénouement sont détonnantes. Et j'ai trouvé la toute fin très émouvante (je n'ai pas versé ma petite larme mais il s'en est fallu de peu !).

Une superbe pépite, à la fois sombre et éclatante.

Lu dans le cadre de la masse critique privilégiée, je remercie grandement Babelio et les éditions Sonatine pour ce merveilleux moment de lecture.
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Il y a ces moments très rares, précieux, où vous savez que vous n'avez pas tenu qu'un livre entre vos mains. Mais un coeur et des âmes qui pulsent. Avec votre palpitant qui littéralement explose.

Duchess en fait partie.

Une petite poignée de livres m'a fait un tel effet ces dernières années, à ranger auprès d'un Betty de Tiffany McDaniel par exemple, même s'ils sont différents.

L'écrivain a forgé l'alliage idéal, avec une atmosphère dense, des personnages très marqués mais crédibles, une écriture qui éclaire une foultitude d'émotions, sans surenchère. Et une vraie, puissante histoire.

Un récit qui va prendre le temps de s'installer durant 520 pages. Pour donner tout son sens chapitre après chapitre, il va se révéler d'une incroyable profondeur et fort de sacrés coups de tonnerre. Pour un final à la hauteur.

Chris Whitaker est anglais. Qui raconte les États-Unis. On pense immédiatement à R.J. Ellory, et, de page en page, il s'avère que cette filiation fait sens. Non pas qu'il copie l'un des grands maîtres du roman noir, mais ils ont une sensibilité commune. Et certains de ses personnages ne dépareraient pas dans une oeuvre d'Ellory. Croyez-moi, c'est l'un des plus beaux compliments que je puisse faire.

L'excellent éditeur Sonatine a fait le choix de mettre en avant le personnage de Duchess en l'utilisant comme titre du livre. Ça a une certaine logique, même si elle est loin d'être la seule à marquer les esprits. L'édition originale s'intitulait We begin at the end, on commence à la fin, titre plus mystérieux.

Duchess n'est pas un prénom facile à porter sur de frêles épaules d'adolescente. Encore moins qu'on vit dans la misère à treize ans. Une pauvreté sociale mais également émotionnelle, sans père et avec une mère incapable de s'occuper de ses gamins, livrés à eux-mêmes.

Cette soeur et son jeune frère de cinq ans forment l'un des duos les plus mémorables de ces dernières années.

Duchess n'est pas seulement la grande soeur de Robin. Elle fait aussi office de mère de substitution et le surprotège. Mais une jeune adolescente n'est pas armée pour faire face au monde des adultes et tenir un rôle qui ne devrait pas être le sien.

Du coup, elle se construit à la hache, et développe un caractère trempé qui exacerbe ses pulsions adolescentes. Duchess est du genre sauvage, insolente, irrévérencieuse même, excessive. Rebelle sans aucun doute.

L'amour absolu qu'elle porte à son frère va donner naissance à des passages d'une beauté absolue tout comme à des scènes totalement déchirantes.

Cette étonnante anti-héroïne est un personnage rare, bouleversant au possible. Mais elle n'est pas la seule, certains adultes qui vont croiser son chemin sont d'une profondeur exceptionnelle, tout en nuances de gris, parfois insaisissables mais au final inoubliables.

Si je devais trouver un petit bémol, ce serait certaines réparties du petit frère de cinq ans qui semblent parfois un peu trop poussées pour son jeune âge. Mais ça relève presque de l'anecdote tant le reste touche au sublime.

L'intrigue va prendre de plus en plus de consistance, tout en mettant toujours en avant ces remarquables personnages. Une vraie enquête se met en place, même si on est bien dans le genre du roman noir.

Tout tient par la grâce d'une écriture parfaite, lumineuse et sombre à la fois, toujours au service de l'histoire et de ses protagonistes. Qui illustre formidablement leurs combats de tous les jours, les ténèbres qui les happent, les moments douloureux qui s'enchaînent. Avec cette énergie du désespoir qui pousse à se battre malgré tout.

Cette histoire est émouvante au possible, déchirante, tellement belle dans sa noirceur. C'est si rare de lire (vivre) des émotions aussi superbement exprimées, qui vous transportent autant qu'elles vous blessent. A en verser quelques, larmes, j'en suis la preuve.

Duchess est une merveille de roman noir. Comment lire un autre roman après celui-là ? Chris Whitaker se révèle comme un écrivain au talent fou, toujours au plus près des émotions. Avec ce roman, il entre dans la cour des grands.
Lien : https://gruznamur.com/2022/0..
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Quel roman ! Quelle histoire ! Quelle maestria !
Trois exclamations qui n'ont littérairement parlant pas grand intérêt si ce n'est celui de la sincérité.
Difficile d'ailleurs "d'exceller" dans le billet, la chronique, la critique, lorsqu'on passe après celles et ceux dont le talent pour l'exercice est reconnu sur Babelio... et à raison...
Aussi n'attendez pas de mon humble retour qu'il dise plus et mieux que ce qui a déjà été si brillamment rapporté, décortiqué, analysé, démontré...

Pas de comparaison donc entre l'héroïne, la "hors-la-loi" Duchess Day Radley, et d'autres grandes figures romanesques "panthéonisées" si ce n'est pour confirmer que Duchess fait, via ce roman, son entrée parmi ces figures légendaires.
Pas de tentative non plus de résumer cette histoire touchante, haletante qui se joue des genres avec une habileté confondante.
Bien évidemment le talent de l'auteur est tel qu'il est impossible de ne pas avoir hâte de savoir ce que va nous apprendre la prochaine page, et si ce n'est pas elle, la suivante, sur ce qui ou qui se cache derrière l'une ou l'autre énigme, l'un ou l'autre mystère.
Mais au-delà de ces énigmes et de ces mystères, ce qui m'a bouleversé, c'est le "profondément humain" de cette oeuvre.
Et plus ou du moins tout autant que lesdites énigmes et lesdits mystères, ce sont celles et ceux qui en sont à l'origine, qui les font vivre, qui les vivent et souvent en meurent, qui sont allés murmurer au coeur des terminaisons nerveuses de mon être sensible, ne lui autorisant que de rares et très courtes pauses durant 520 pages remarquablement tenues, dans l'intensité et l'émotion sans complaisance, sans pathos.
Il est difficile de dire ce qui fait un chef-d'oeuvre littéraire.
On peut se risquer à penser que la langue, l'histoire, les personnages et les idées en sont quelques-unes des clés majeures.
Dans - Duchess -, ces clés ouvrent les portes ou cochent les cases qui font d'un grand livre un chef-d'oeuvre.

La langue, j'en dirai deux mots à la fin de mon intervention.

L'histoire, j'ai dit que je ne chercherai pas à "paraphraser" ceux qui m'ont excellemment précédé. À la limite puis-je me risquer à écrire que le lecteur y trouvera du social, du sentimental ( au plus beau sens de ce terme ), du romanesque, du polar, du thriller, du "mythologique westernien", du psychologique, du souffle, du descriptif romantico écologique, du critique... là, vous devriez commencer à trouver que j'en fais trop... et vous auriez raison, car chacun trouvera dans ce magnifique bouquin quelque chose à ajouter ou à retirer à ce que je viens d'énoncer... Une fois encore, cette oeuvre enjambe les genres. Mais ce qui m'apparaît évident, c'est sa constance, son essence et sa raison d'être, en un mot la Violence.
La violence sous toutes ses formes... j'essaierai d'y revenir.

Les personnages... là est selon moi la grande réussite de ce livre.
Si Duchess est au centre du récit, tous les personnages qui le composent ont une force, une présence, une dimension qui font qu'une fois le bouquin refermé, vous vous souvenez de chacun d'entre eux, ce qui, dans le cas d'un lecteur de mon genre, un lecteur au déficit mnésique chronique, est rarissime.
Je garde même le souvenir de tous les animaux... y compris celui par exemple de la truite péchée par Robin ( le petit frère de Duchess ) lors de son excursion avec son "papi" et sa soeur, truite qu'il demande à remettre à l'eau.
Donc du boucher à l'ex-joueur de foot claudiquant, en passant par la dame qui laisse son affreux toutou en garde au shérif pendant qu'elle va faire son shopping, au client du club de strip-tease qui "pelote" Star ( la mère de Duchess et de Robin ), de la guichetière qui vend un billet de train à Duchess, du chauffeur de poids lourd qui la prend en stop, du vieux barman qui lui offre un coca en sachant qu'elle n'a pas d'argent pour le payer, à tous les gamins, toutes les familles d'accueil, les randonneurs, tous ceux qui ne font que "passer" dans ce roman, comme Sheen, le psy ou Madeline, la fille de Darke, qu'on ne voit pas mais dont on sent tout le poids de la présence... tous marquent.
Lorsque j'ai dit que ce livre était bouleversant d'humanité, je pense avoir voulu utiliser le mot humanité d'une manière polysémique.
Car dans tous les personnages de Chris Whitaker chacun peut trouver une part de lui-même.
Celui dont je me sens proche est Walk, le flic "au coeur d'or" dont on pense que les tremblements de ses mains sont imputables à l'abus d'alcool alors qu'ils sont en réalité les effets d'une maladie qui porte le nom d'un certain monsieur Parkinson.
J'ai également un faible pour Shelly, l'assistante sociale infatigable "réparatrice" des malheurs sisyphiens de ce monde.
Et que dire de Thomas Noble, ce petit black affecté d'une Symbrachydactylie ( malformation non héréditaire d'une de ses mains ), amoureux fou de la "hors-la loi" qui va jusqu'à risquer sa vie pour Duchess...
Je terminerai par Cuddy, le ( ange ) gardien du pénitencier et de Dolly, "l'alter ego" septuagénaire de Duchess.
Cela étant, c'est grâce au quatuor Star, Vincent, Martha, Walk, épicentre de ce roman, que tous les personnages qu'il introduit peuvent naturellement exister, mais c'est grâce au talent de l'auteur qu'ils réussissent à atteindre une si incroyable dimension romanesque.

Les pensées, les réflexions, les interrogations, les constats, les critiques contenus dans une oeuvre littéraire comptent pour beaucoup dans l'impact qu'elle va avoir sur la matière grise du lecteur.
- Duchess - ne déroge pas à la règle.
L'hérédité, le déterminisme, le libre arbitre, la morale, les moeurs, le social, les institutions, le racisme, l'histoire, la force, la peur, le courage, la lâcheté, l'enfance, l'éducation, la liberté, la maladie, la mort, la foi ou pas etc etc, tous ces thèmes collent aux personnages et à l'histoire, sans prétention, mais ils sont là et s'imposent "d'eux-mêmes".
Et c'est parce que chacun de ces thèmes véhicule intrinsèquement de la violence que ce roman m'est apparu comme un roman sur la Violence, violence à laquelle quelques-uns des personnages essaient de trouver "l'antidote"... somme toute, ce que nous faisons tous ou presque tout au long de nos vies auxquelles la violence fait office d'inséparable dame de compagnie...

La langue de l'auteur est, traduite en français, "réaliste"... c'est le premier mot qui me vient. Elle ne cherche pas les effets stylistiques mais l'efficacité lucide, la non-dénaturation du réel... une forme d'authenticité ; ce qui n'exclut pas de très jolis passages, essentiellement sur la nature, les paysages ou "l'affect"...
Pour terminer, je vais oser un reproche et me citer.
Extrait de mon billet sur - Écoute la ville tomber - de Kae Tempest.
" le maniaque, l'obsessionnel malheureux que je suis qui, lorsque par exemple un auteur emploie le mot " arcanes " ou la locution prépositive " à l'aune de ", retrouve ce mot ou cette locution deux ou trois fois dans un livre de même un millier de pages s'ulcère de ce qu'il ressent comme étant une répétition à la limite du tic, imaginez un instant ce que j'ai pu éprouver en lisant quatorze fois en 425 pages " balayer du regard "... une crise d'exacerbation phobique !!!"
Eh bien... Chris Whitaker m'a fait revivre la même chose.
13 fois " balayer du regard "... assorti ( le roman ) de quelques répétitions comme " rouler des yeux ".
Je n'en veux pas aux auteurs. Pour avoir fait moi-même un peu de traduction ( italien-français )... j'aurais tendance à penser que celle ou celui en charge de la traduction a son mot à dire afin d'éviter ces pièges répétitifs qui altèrent l'esthétique de l'oeuvre dont on leur a confié la traduction.

Peut-être et vraisemblablement ne souffrez-vous pas de cette stupide manie et c'est tant mieux !
Cela étant, - Duchess - reste un livre formidable, une expérience de lecture magnifique !
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