C’est drôle comment, dans la bouche d’un NDN, "je t’aime" sonne plutôt comme "je souffre avec toi".
Il y a en moi des tonnes de trous pas pénétrables qui demandent qu’à être combler.
Mes cheveux sont la charnière entre mes identités, mes esprits, ma peau brune et ma peau queer, ma beauté et ma honte, la cicatrice de toutes mes blessures.
Bon sang, j'ai joué les hétéros sur la réserve pour pouvoir être NDN, et ici je joue les blancs pour pouvoir être queer.
« Ne rien ressentir », quelle drôle d’expression. Avant elle me faisait rire moi aussi, et désormais je sais qu’on se saoule précisément parce qu’on ressent trop.
Des fois je n’aime pas la façon que la vie a de continuer. Et des fois je pense qu’elle ne le devrait pas.
Ma voix, mon corps, ma vie - chaque morceau de moi est une offrande, un bâton de médecine qui brûle et purifie.
On était persuadé qu’on faisait ce qu’il fallait, que se saouler et se geler la face c’était le chemin tout tracé vers l’âge adulte.
Il y a de ces moments où, pour se retrouver, il faut se faire peur soi-même.