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Critique de manU17


« Pour moi, les livres sont un foyer. Les livres ne font pas un foyer - ils le sont, dans le sens où de même que vous les ouvrez comme vous ouvrez une porte, vous entrez dedans. À l'intérieur, vous découvrez un temps et un espace différents. »

Pour la publication de ce 500ème billet, je tenais à vous présenter un livre vraiment beaucoup aimé, un coup de coeur. Bien souvent, en effet, je ne parle pas de mes coups de coeur. Toujours cette impression de ne pas savoir comment rendre justice à un livre que j'ai adoré, de ne pas arriver à vraiment transmettre mon ressenti puis le temps passe et je finis par ne faire aucun billet.

Dans les années 60, dans le milieu ouvrier anglais, vit Jeannette, une petite fille adoptée par Mr et Mrs Winterson.

Mr est peu présent, préférant fuir une femme qu'il peine à comprendre. Mrs Winterson, ainsi que l'appelle Jeannette, est donc toute puissante, une femme impitoyable, dure et complètement dominée par deux carcans, son obsession pour la religion et sa haine des livres.

C'est pourtant par les livres que la petite Jeannette trouvera son salut, on ne dira jamais assez l'importance des bibliothèques municipales, mais il faudra souvent ruser et parfois en payer durement le prix. L'enfant en passera des nuits, sur le seuil de la porte, sans pouvoir entrer dans la maison. Maison dont elle n'eut jamais la clé.

« Plus je lisais, plus je me sentais lié à travers le temps à d'autres vies et éprouvais une empathie plus profonde. Je me sentais moins isolée. Je ne flottais pas sur mon petit radeau perdu dans le présent ; il existait des ponts qui menaient à la terre ferme. Oui, le passé est un autre pays, mais un pays que l'on peut visiter et dont on peut rapporter ce dont on a besoin. »

À l'adolescence, les rapports vont encore se complexifier entre elles quand Mrs Winterson va se rendre compte que Jeannette est attirée par les filles. Colère, menaces de châtiments divins mais rien n'y fera. Quand Jeannette tentera de lui expliquer qu'il en va de son bonheur, la marâtre aura cette sentence terrible et définitive : « Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? »

Contre toute attente, point de pathos ici mais au contraire un récit fluide, plein d'humour et d'autodérision, le temps aidant au détachement et à la résilience.

Devenue auteure reconnue et militante féministe, Jeannette Winterson signe un roman autobiographique poignant et terriblement humain.

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? À lire absolument.

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