La position

La frustration sexuelle est une véritable mégalopole, une ville-monde dont les fenêtres restent éclairées d'une lumière vive jusque tard dans la nuit.

En vérité, le cri qu'articule l'enfance à l'instant ou elle s'achève est un bruit horrible pour ceux qui se donne la peine de tendre l'oreille.
Les rares gratifiés de ce don surnaturel savent que ce cri est semblable à celui d'un verre qui se brise, d'un corps qui bascule et heurte le trottoir, le trottoir dur et brûlant de l'existence que l'enfant confond avec la matière accueillante d'une mère ou d'un père capable d'amortir sa chute.

C’était pour lui une véritable souffrance d’envisager qu’il avait rencontré une femme qui lui ressemblait en tous points -et cette femme était hors d’atteinte. Jamais il ne pourrait lui avouer ce qu’il éprouvait à son égard : elle lui coupait le souffle, elle le captivait, elle était une pure merveille. Il voulait la savourer. Enfuir sa tête entre ses seins lourds, descendre vers son entrejambe, la goûter, l’embrasser et y rester aussi longtemps qu’elle le souhaiterait, dans cette fournaise, pendant que l’univers tout autour d’eux s’illuminait et s’embrasait, ravagé par les flammes.

La perfection n'existe pas en ce monde. Choisir la vie de couple, c'est souvent se condamner à souhaiter la solitude; choisir le célibat, c'est souvent endurer le besoin dévorant d'avoir un autre corps près de soi.

Ils étaient là. Eux. Les parents. Allongés sur les draps froissés du lit, ce grand lit blanc déjà représenté sur la couverture, lui au-dessus, elle en-dessous, souriants et détendus, leurs corps soudés l’un à l’autre.

– Putain de merde, lâcha Holly.

Le sujet, c'étaient les femmes, leurs femmes, et le paradoxe suivant : l'un se traînait une femme qui ne l'aimait pas assez, l'autre une femme qui l'aimait quand elle ne dormait pas, autrement dit par intermittences, et que lui-même avait bien du mal à porter dans son cœur. Le débat tournerait donc autour de l'incommunicabilité entre les êtres.

… les références et les plaisanteries de leurs générations étaient archaïques : passé un certain âge il était impossible de suivre le rythme, on finissait pas déclarer forfait, on laissait la modernité aux modernes et on se contentait de ressasser ce qui éveillait encore en soi des résonances.

Les enfants conçoivent leurs géniteurs sous la forme d’un oiseau géant – une aile pour papa, une aile pour maman -

Il peut être déstabilisant le premier baiser, pour ceux qui affrontent à jeun la pureté de leur désir.

Roz était une source d’émerveillement intarissable, un être surnaturel, une créature fabuleuse qui l’aimait, qui l’autorisait à célébrer sans relâche sa beauté et la féminité dont elle incarnait l’essence.