Plus tard, quand Twitter annonça que le nombre de signes accepté dans un tweet passait de 140 à 280, Trump expliqua à Porter que la modification faisait sens à son point de vue. Il pourrait développer ses pensées et leur donner un minimum de profondeur.
"C'est bien, dit-il, mais c'est quand même dommage, parce que j'étais le Ernest Hemingway du 140 signes. "
La réalité, c'est qu'en 2017, le destin des États-Unis était suspendu aux mots et aux actes d'un leader imprévisible à l'humeur instable et prisonnier de ses émotions.
La plupart des médias ne croyaient pas à l'existence de ces "électeurs cachés de Trump". Mais la base de données de Pribus et Walsh offrait au Comité national républicain et à la campagne un aperçu très complet du profil de chaque électeur potentiel : la marque de bière qu'ils consommaient, la marque et la couleur de leur voiture, l'âge de leurs enfants et l'école qu'ils fréquentaient, la marque de cigarettes qu'ils fumaient, s'ils avaient contracté un crédit immobilier, etc. Renouvelaient-ils leur permis de chasse tous les ans? Que lisaient-ils, un magazine sur les armes à feu ou une publication plutôt marquée à gauche comme The New Republick?
Porter ne se contentait pas de coordonner l'agenda exécutif et de gérer les documents destinés au président.
Comme il l'expliqua à un collègue, "un tiers de mon boulot consistait à essayer de contrer certaines de ses idées les plus dangereuses et à lui donner des raisons de croire qu'elles n'étaient peut-être pas si bonnes que ça".
Les élites de ce pays se satisfont parfaitement de gérer le déclin.
La réalité, c’est qu’en 2017, le destin des États-Unis était suspendu aux mots et aux actes d’un leader imprévisible à l’humeur instable et prisonnier de ses émotions.
En 2016, les deux tiers (68 %) des résidents permanents légaux étaient entrés aux États-Unis dans le cadre du regroupement familial, autrement dit de la migration en chaîne. La question était au coeur de la position anti-immigration de Trump et Bannon : ils voulaient mettre fin à l'immigration illégal et limiter l'immigration légale.
En vertu d'une loi de 2012 intitulée DACA - Deferred Action for Childhood Arrivals (suspension des mesures concernant les enfants arrivés illégalement) -, le président Obama avait accordé à 800 000 Dreamers une garantie de non-expulsion et leur avait octroyé des permis de travail dans l'espoir de les faire sortir de l'économie parallèle et de promouvoir leur identité américaine.
Bannon ajouta que Trump avait un autre avantage : il n’avait pas un discours de politicien. C’était la même caractéristique qui avait joué en faveur de Barack Obama lors des primaires de 2008 contre Hillary Clinton, qui s’exprimait comme la politicienne professionnelle qu’elle était. Ses propos semblaient inauthentiques. Même quand elle disait la vérité, elle avait l’air de mentir.
Son raisonnement intime, la majorité des Américains l’auraient six ans plus tard. Trump ne se présentera jamais. Il ne déposera jamais sa candidature. Il ne l’annoncera pas. Pas question pour lui de faire une déclaration de patrimoine. Non, il ne fera rien de tout ça. Il ne peut pas gagner.