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Critique de PGilly


Je ne suis pas encore venu à bout du condensé de la vie de Virginia Woolf mais j'éprouve le besoin de confier maintenant quelques impressions, car le temps courra longtemps encore avant que je ne rattrape la dernière des 574 pages du recueil composé par Leonard Woolf, son mari veuf.
Virginia écrit ce qui lui passe par la tête afin de ne pas laisser son cerveau tourner à vide. Son journal est une respiration, une rupture dans la routine stricte qu'elle s'impose au jour le jour.
Le profond succède à l'anodin; se suivent pêle-mêle,
les doutes, les envies, les troubles, les écrits variés,
le cri d'un oiseau, l'éclosion d'un crocus,
les avis littéraires, ses projets, des réflexions sur la vieillesse et la mort, la guerre, la couture, le répit après une promenade qui "dissipe les brouillards et fait travailler le sang",
la contemplation des étoiles, synonyme de "délivrance et de rénovation".
Il est difficile de suivre cette étoile filant à la vitesse d'une pensée constamment en éveil, tellement active qu'elle épuise son auteure.
Deux, quinze, six jours, les intervalles de récit sont irréguliers et nécessaires, sous peine de devenir devoir dans une vie déjà serrée.
Inutile de dire que l'écriture est vertigineuse, puissante, légère et grave, incandescente souvent telle la lave en fusion dont je reprends le cours quand sa chaleur vient à manquer.
Le dernier extrait de son journal date du 9 mars 1941. Elle écrit que l'essentiel est d'avoir une occupation" avant de préparer le dîner, Haddock et chair à saucisse.
Sa lettre ultime figure dans l'autobiographie de L. Woolf, Ma vie avec Virginia, cette lettre tragique du 28 mars commise avant son suicide, où elle dit devenir folle et ne pas vouloir infliger cette nouvelle turpitude à l'être auquel elle doit "tout le bonheur de sa vie".
La folie créatrice d'une auteure de génie, écrivain envers et contre tout, même dans son journal intime, dizaines de cahiers reliés d'un simple ruban.
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